L’accélération étonnante des événements, qui s’explique par l’extraordinaire diligence de nos services de police, a donc conduit à la pleine révélation de la cause des crimes de Toulouse et de Montauban. Toutes les spéculations se sont donc effacées devant la réalité d’un assassin repéré et encerclé par le RAID, et dont on sait aujourd’hui à peu près tout et notamment qu’il appartenait, d’une façon ou d’une autre, à la mouvance d’Al-Qaïda. Le spectre de l’organisation terroriste s’est donc imposé, avec sa charge idéologique et son implacable détermination à faire le maximum de dégâts physiques et moraux. Bien sûr, il s’agit d’abord d’un cas singulier dont on peine à évaluer la dérive pathologique. Un personnage qui prétend « mettre la France à genou » relève d’une paranoïa particulièrement grave.
Je laisserai aux experts le soin de caractériser le profil de notre assassin. Mais je me permettrai de revenir un instant sur le lien étrange entre une conduite criminelle et une idéologie qui se prétend inspirée d’une vision religieuse du monde. C’est vrai qu’il est problématique d’évaluer les liens intimes de l’intéressé avec une religion, en l’espèce l’islam. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que l’instrumentalisation des sentiments religieux ne fait aucun doute. Voilà longtemps qu’à propos d’Al-Qaïda, on a remarqué que la mentalité des terroristes relève carrément d’un phénomène de possession, celui que Dostoïevski avait parfaitement compris en étudiant l’univers sombre des nihilistes de son temps. Nos amis musulmans, aussi horrifiés que nous par les actes insupportables du tueur, sont encore plus mortifiés en raison de l’amalgame opéré entre le crime et une pseudo-motivation religieuse. De ce point de vue, nous ne pouvons qu’être pleinement solidaires avec eux.
Il n’est donc pas question non plus de se laisser hypnotiser par le choc des civilisations qui n’est, en aucun cas, une fatalité. Dans notre cadre national il nous faut cultiver la fraternité au nom de nos liens de solidarité. Deux des soldats tués étaient musulmans ! A l’échelle des relations internationales, il s’agit d’enrayer toute logique funeste d’emballement terroriste. Ce n’est pas gagné d’avance, mais c’est impératif !