Nombreux furent alors les politiciens et journalistes français à accuser Jean-Frédéric Poisson d’antisémitisme caractérisé : comme s’il avait prétendu que tout Israël se confondait en un immense « lobby » lové autour de Madame Clinton. Incroyable, certes, et furieusement stupide. Sa phrase en effet était limpide, nette, parfaitement compréhensible même à de vieux ‘’schnocks’’ tels que moi : il était parfaitement clair qu’il n’y avait en son propos aucun relent de cet antisémitisme qui tordait la bouche de Copé et glaçait le sourire d’Alain Juppé.
Que le fait soit d’un ridicule achevé c’est évident, mais on pourrait l’admettre si l‘on en concluait vite fait que ces politiciens et ces journalistes étaient peu intelligents, peut-être à la limite de l’imbécillité, mais ce serait conclure trop vite, sauf pour la moitié d’entre eux qui ont démontré pour toujours le rétrécissement de leur cerveau. Mais les autres, les pus en vue, ont réfléchi très vite que mentir leur serait profitable.
Comment déduire qu’il leur fallait mentir pour un profit certain ? Pour les politiciens tels les six qui entouraient Jean-Frédéric Poisson lors du débat sur la 2, ne faisait aucun doute que ce nouveau venu allait troubler les résultats des Primaires et donc également de l’élection à venir du nouveau Président de la République : ils ont compris très vite que ce politicien-là était d’un niveau difficile à égaler, donc ils ont saisi la première occasion de le contrer. Le problème est qu’ils ont embouché trop tôt le clairon et pris un mot pour un autre, relent de ridicule… Il convient de leur conseiller de se montrer plus circonspects à l’avenir.
Certes, la grande majorité des Français n’aura en rien vu la manœuvre et donc admis, plus ou moins, qu’en effet Jean-Frédéric Poisson aura eu un mot fatidique et peut-être antisémite. Je ferai là-dessus une courte réflexion : il est bien plus accepté que l’on dise du mal par exemple de nos compatriotes, des vins de Bordeaux, même des infirmes, aussi des militants du FN, aussi de Nicolas Sarkosy, de la France également, et peut-être surtout, mais sembler pénétrer d’un millimètre au sein d’un mot qui pourrait être si peu que ce soit hostile aux juifs fait aussitôt se lever une foule scandalisée : on a constaté ce fait quand certains ont osé dire du mal de la politique menée par Israël : aussitôt l’accusation d’antisémitisme surgissait sur les écrans radars de nos médias.
Je reviens au mot dont a usé Jean-Frédéric Poisson : il a en effet évoqué certains couloirs « sionistes » tournicotant autour de Madame Clinton ! Or Madame Clinton est, en France, on ne sait pourquoi vénérée comme si elle était déjà la Présidente. On ne parle plus d’élection possible, seulement d’élection certaine : il suffit d’entendre les émissions de nos médias pour être servi. Donc en somme Madame Clinton est la coqueluche de nos politiciens les plus sérieux comme de nos journalistes les mieux informés. Monsieur J.-F. Poisson aime la vérité mais ne voit pas qu’il lui faudrait caresser la croupe de tous ces personnages qui l’ont désormais à l’œil, d’autant qu’ils espèrent obtenir ainsi sa liquidation médiatique.
Espérons que les Français ne se laisseront pas intimider par ces loups aux dents longues. Il suffisait de voir Copé danser sur un fil, Juppé sourire moins jaune, pour comprendre qu’un inconnu a le droit de faire un tour discret sur l’esplanade puis de s’esquiver, mais assurément pas de prendre une place déjà réservée.
Eh bien, de telles attitudes me paraissent à la fois malodorantes – le mot est à la mode – et stupides : en effet, des simples d’esprit comme moi admettent peu que l’on mente, même sur un mot, pris si volontairement pour un autre. Ceux qui se sont ainsi mis en avant sont ou bien des idiots ou, plus sûrement, des hypocrites. Ils savaient qu’ils mentaient, ils ont fait semblant d’être honnêtes.
Et véridiques. Un comble.