Les petits convertis - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Les petits convertis

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Le dévoreur de papier, que je persiste à être, a parfois d’heureuses surprises. En feuilletant l’autre jour le supplément de luxe du quotidien Le Monde, où je trouve assez rarement mon bien, un titre attire mon attention : « Les petits convertis ». Intrigué, je lis l’introduction de l’article : « La messe n’était pas au programme des dimanche en famille. Ils ont pourtant décidé de prendre le chemin de l’église. À 6, 8 ou 10 ans, dans un pays en voie de déchristianisation accélérée, les enfants de parents athées ont embrassé la foi catholique. Un choix personnel qui laisse souvent leur entourage perplexe entre embarras et respect attendri. » Vanessa Schneider, la journaliste qui signe cette petite enquête, fait appel directement au témoignage des enfants, ce qui donne lieu à des confessions assez rafraîchissantes.

Ce qui est singulier, c’est que la grâce tombe sur des garçons ou des filles qui, a priori, auraient dû être complètement prémunis de toute influence religieuse. D’où l’ironie de certaines situations. Tel papa, complètement incroyant, bien que baptisé, explique : « J’étais un peu désolé car on avait fait un baptême républicain à sa naissance et ce n’était pas un hasard. Est-ce que c’est une réaction par rapport à une transmission qui a complètement échoué ? » Pourtant, les parents ont bien essayé de résister un peu, ils espéraient que leur fille passerait rapidement à autre chose. Eh bien non, la petite Salomé a persisté, elle s’est débrouillée seule pour franchir les étapes préparatoires à son baptême. Pour un autre papa c’est « un véritable tsunami », énormément touché lorsque sa petite fille choisit comme nom de baptême celui de sa maman trop tôt disparue. Elle a rendu à ce nom de Laetitia son sens étymologique de joie, alors qu’il était devenu synonyme de tristesse.

Oui vraiment, un beau papier, qui montre que les enfants sont capables d’une vie intérieure étonnante, en faisant preuve d’une autonomie qui stupéfie leur entourage. Mais pourquoi Vanessa Schneider choisit-elle de conclure sur une note franchement désagréable, en privilégiant une déclaration de petite fille qui rassure sans doute des lecteurs par trop décontenancés : « Ce que dit l’Église, je suis tellement contre. Je suis pour le préservatif, l’avortement et le mariage homo. Si Jésus était là, aujourd’hui, je suis sûr qu’il serait pour le mariage pour tous. » Tiens donc, pour le coup nous retrouvons le discours bien conformiste dans le style du journal. Peut-être était-ce le prix à payer, pour faire passer ce message si singulier. On n’est pas à l’abri de l’imprévu. Dieu peut revenir, là où on l’attendait le moins.

Chronique lue sur radio Notre-Dame le 5 juin 2013.