Comment se fait-il qu’un juge de la Cour Suprême garde sur la table de travail de son bureau deux dessins d’une petite fille morte depuis 6 ans ? Ou que le responsable d’un think tank influent ait prié cette petite fille pour que son père guérisse d’un cancer du cerveau ? Ou qu’un penseur renommé de Washington avoue une dévotion particulière à son égard ?
Margaret Leo était douloureusement estropiée par le spina bifida, paralysée en dessous de la taille. Une partie de sa matière cérébrale saillait par l’ouverture de sa colonne vertébrale. Un shunt douloureux assurait l’évacuation du liquide céphalo-rachidien. Sans lui, sa tête aurait gonflé, provoquant sa mort. Des tiges de titane avaient été insérées pour maintenir sa colonne vertébrale, qui s’est quand même courbée. Au fil du temps, une des tiges a pointé hors de son cou.
Elle vomissait régulièrement et n’avait aucun contrôle sur sa vessie ni sur ses intestins. Sa bouche douloureusement sensible ne lui permettait de manger que des aliments mous.
Mais elle avait quelque chose qui attirait les puissants vers elle, l’impuissante. Elle attirait même des personnes totalement étrangères.
Son meilleur don était une sympathie joyeuse. Dans un ascenseur, elle assaisonnait les inconnus de questions, avec un regard attentif et un grand sourire. Comment vous appelez-vous, où allez-vous , quelle est votre date d’anniversaire ? Ils sentaient qu’elle voulait réellement le savoir. C’était une fille sans artifice. Cela peut attirer même un juge de la Cour Suprême.
Ce qu’ils ne pouvaient pas savoir, parce qu’elle ne l’évoquait jamais, même devant sa famille, c’est l’intensité de ses souffrances. Essayer de penser à une tige de titane plantée dans votre colonne vertébrale et sur le point de percer la peau de votre cou. Ou à un shunt dans votre boîte crânienne.
Personne ne l’a décrite comme « une athlète spirituelle ». Sa foi était profondément une foi d’enfant. Toute sa vie elle a prié à haute voix la simple prière que sa mère lui avait enseignée enfant : « Jésus, merci de venir à moi dans l’eucharistie. »
Elle aimait les prêtres. A l’âge de trois ans, elle poursuivait l’évêque dans la nef après la messe en criant : père, père père ! Elle réclamait d’aller à la sacristie après la messe pour parler aux prêtres. Elle connaissait chaque jour le saint du jour. Pendant deux années pleine de joie, elle a préparé sa confirmation, qu’elle a reçue quelques mois avant son décès.
Le matin du 5 juillet 2007, son père a remarqué qu’elle respirait difficilement. Elle dit que tout allait bien mais son père appela tout de même une ambulance. Elle est morte sur le chemin de l’hôpital, d’une défaillance du shunt qu’elle avait dans la tête.
Une foule nombreuse assista à la messe de funérailles de cette adolescente de 14 ans et des histoires la concernant commencèrent à circuler. Des adultes furent profondément remués. Certains gardent sur eux sa carte de prière depuis ce jour.
Ensuite des choses commencèrent à arriver. Que certains appellent miracles.
D’abord, des médailles du Sacré-Coeur sont apparues dans les endroits les plus improbables – dans une bonbonnière d’un hôtel de San Francisco, en vacances, sous un lave-vaisselle, sur un coussin d’un siège d’avion.
Ensuite, six semaines après sa mort, une ambulance a amené aux urgences un octogénaire, William Shaunessy (ce ‘est pas son vrai nom). Une radiographie décela une énorme grosseur sur son cerveau. Il était dans le coma et les médecins redoutaient une tumeur cancéreuse. Son épouse se préparait à son décès.
Quelques mois plus tôt Shaunessy regardait son petit-fils jouer au baseball. Leonard Leo, vice président exécutif de la société fédéraliste et l’un des plus infuents parmi les conservateurs de la capitale, était là aussi.
Shaunessy a longuement parlé avec Leonard, Sally et Margaret, leur fille en fauteuil roulant. Le vieil homme fut frappé par sa gentillesse, son extrême attention et ce qu’il a plus tard décrit comme sa « sainteté ». Evoquant son décès, il a dit : « Elle ne peut être qu’au Ciel ».
Alors que Shaunessy était à l’article de la mort, sa famille a demandé l’intercession de Margaret Leo. C’était le jour de son anniversaire. En quelques jours, l’énorme tumeur du cerveau s’est résorbée en une petite tache de sang séché. Les médecins n’avaient pas d’explication.
Le troisième miracle concerne son jeune frère, Francis, qui fut conçu peu après la mort de Margaret. Par un terrible coup du sort, avant même sa naissance, le bébé fut diagnostiqué comme souffrant de la même maladie que Margaret, le spina bifida. Un mal qui ne frappe jamais deux fois la même famille, ou vraiment très rarement.
Sally Leo demanda l’intercession de Margaret uniquement pour ceci, que ce garçon n’ait pas besoin d’un shunt, cette horrible chose qui avait tant tourmenté et peut-être fait mourir Magaret. Mais il lui en fallait un. Un an n’était pas passé que le terrible cauchemar commençait. Le shunt cessa de fonctionner et la tête de Francis commença à enfler. Avant que l’intervention chirurgicale ne commence, l’enflure disparut. Par précaution, les médecins laissèrent le shunt en place, au cas où il faudrait le remplacer ultérieurement. Cinq ans plus tard, cela n’a toujours pas été nécessaire.
Comment se fait-il que la photo de Margaret trône sur le bureau de Clarence Thomas et qu’elle émeuve tant d’autres personnes ? Certainement parce qu’elle portait une terrible croix avec une joie contagieuse. Mais aussi parce qu’elle se montrait véritablement intéressée par chaque personne qu’elle rencontrait, le puissant comme l’inconnu.
Il y a chez Leo une photo de Margaret parlant avec Virginia, l’épouse de Thomas, photo prise lors d’un événement à Washington. Le genre d’événement où personne ne croise les yeux de personne, chacun étant à l’affût d’une personne plus importante.
Ce que vous remarquez sur la photo, c’est que l’attention de Margaret est entièrement captée par madame Thomas. Pour Margaret, rien d’autre n’existait dans la pièce et c’est ainsi qu’elle vivait sa vie. Cette petite fille totalement impuissante détenait la plus grande puissance au monde : l’amour. Peut-être bien que le plus grand don de Margaret était de voir le Christ dans chaque personne rencontrée. Vous devez croire qu’elle voit tous ces visages en ce moment dans le visage du Christ.
Margaret Leo de McLean, priez pour nous.
Austin Ruse est le président de C-FAM Institut de la famille chrétienne et des droits humains, un institut de recherche qui se consacre exclusivement aux politique sociales internationales. Les opinions exprimées ici n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas obligatoirement les positions du C-FAM.
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photo : Margaret Leo
Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/the-littlest-suffering-souls-part-2-margaret-leo-of-mclean.html
Lire aussi :
http://www.france-catholique.fr/Les-petites-ames-souffrantes-3e.html
http://www.france-catholique.fr/Petites-ames-douloureuses-Audrey.html
Pour aller plus loin :
- Ce que nous enseignent les petites âmes souffrantes
- Affaire Ulrich KOCH contre Allemagne : la Cour franchit une nouvelle étape dans la création d’un droit individuel au suicide assisté.
- Des âmes souffrantes
- NÉANDERTAL OU LA FIN D’UN ROBUSTE GAILLARD
- LA « TECHNÉTRONIQUE » OU LES MACHINES À EXPLORER LE TEMPS