Nous sommes en train d’assister à une révolution scientifique, et la plus grande peut-être depuis Galilée. Cet événement exceptionnel mérite donc qu’on y soit attentif et qu’on y réfléchisse. Il consiste en ceci : qu’après vingt-cinq ans d’incertitudes et de polémiques, les savants conviennent qu’il existe un problème des soucoupes volantes et qu’il est honnête de l’admettre, même si l’on ne voit pas encore comment il doit être étudié.
Je n’essaierai pas de raconter dans cette brève chronique comment s’est fait ce changement. Le lecteur qui veut en avoir une idée pourra se reporter aux articles publiés dans le dernier numéro de Sciences et Avenir (a) par MM. Pierre Guérin, de l’Institut d’astrophysique, et Jacques Lévy, astronome titulaire de l’Observatoire de Paris.
Des phénomènes « hors-la-loi »
Ces deux articles sont une exemplaire leçon de méthode et de mœurs scientifiques : leurs auteurs, qui s’accordent sur l’essentiel, comme tous ceux qui ont étudié le problème, à savoir que ce problème existe et qu’aucune explication avancée jusqu’ici ne résiste à l’examen, divergent sur d’autres points ; ils ont décidé de le dire publiquement, mais en dépassionnant complètement le débat.
Désormais, disent-ils, le problème des objets volants non identifiés (OVNIs, ou, selon M. Lévy, pré-OVNIs) fera l’objet de discussions strictement scientifiques, à l’exclusion de toute polémique subjective et de tout effet d’éloquence ; on s’en tiendra aux faits bien prouvés ; et quiconque voudra ramener le débat au niveau polémique où il a stagné depuis un quart de siècle s’exclura par là même de la démarche à laquelle tout chercheur est tenu s’il veut être écouté.
Qu’il s’agisse d’une révolution, et d’une immense portée, cela découle de la nature même du problème : les OVNIs, tels qu’ils sont observés, semblent, en effet, ne pas obéir aux lois physiques que nous connaissons. Par exemple, d’un côté, ils ont toutes les apparences d’un objet matériel : leur masse posée au sol laisse des traces ; les balles des armes à feu rebondissent sur ce qui semble (à nos yeux) être une « coque » ; quand ils se posent dans un pré, l’herbe est écrasée ou brûlée ; s’il y a des arbres, les branches sont cassées ou desséchées ; leur déplacement peut produire des effets divers de proximité : courants d’air, variations de températures, effets électromagnétiques, etc.
Donc, examinés de ce point de vue, les OVNIs offrent une apparence qui nous semble absolument évidente, celle d’un engin d’une haute technicité.
Mais, d’un autre côté, ils peuvent se déplacer en silence à des vitesses (enregistrées au radar) très largement transsoniques ; ils changent parfois de forme ; ils peuvent être animés d’un mouvement giratoire tout en gardant une asymétrie inchangée par rapport au sens de leur mouvement ; et surtout, comble du fantasmagorique, ils peuvent apparaître et disparaître sur place, se dédoubler ou au contraire se compénétrer, courber les radiations lumineuses, produire sur les témoins, hommes ou animaux, des effets psychiques, hallucinatoires ou autres !
À quoi ressemble tout cela ? Non seulement cela ne ressemble à rien de connu – à part les fantômes ! mais c’est contraire à tout ce que nous croyons savoir des propriétés fondamentales des corps physiques.
Prenons, par exemple, les apparitions et disparitions sur place, qui comptent parmi les faits les mieux attestés (voir les photos du lac Chauvet présentées par M. Guérin dans son article de Science et Avenir). Il s’agit là de quelque chose qui ne se borne pas à défier une simple loi physique. C’est un défi à la physique elle-même, qui étudie les phénomènes spatiotemporels, et eux seuls. Un objet qui sort de l’espace-temps ne relève pas de la physique, et la « philosophie naturelle » sous-tendue par l’édifice tout entier de la science implique même qu’un tel objet n’a pas d’existence réelle, et qu’il est illusoire, qu’il ne saurait exister1.
Voilà entre autres raisons pourquoi, pendant vingt-cinq ans, on a essayé de toutes les façons de ramener les observations d’OVNIs à des origines différentes, en dissociant les détails manifestement physiques (masse, impénétrabilité, effets de proximité, etc.), des détails « impossibles », les premiers étant expliqués par des interprétations erronées d’objets ordinaires non reconnus par les témoins (avion, hélicoptère, ballon-sonde, bolide, etc.), les deuxièmes par des illusions d’optique (mirages, parhélies) et des aberrations psychologiques (hallucinations, psychoses, mythomanie, supercherie).
Malheureusement, il est impossible de dissocier les effets possibles et impossibles pour les expliquer séparément : les faits bien avérés refusent de se laisser ainsi traiter. Les photos de Mac Minnville, par exemple, dont l’authenticité est démontrée2, attestent qu’un objet solide de dix mètres de diamètre au moins, situé à plus d’un kilomètre de l’objectif, tournait sur lui-même en gardant l’orientation de son asymétrie, ce qui est physiquement impossible3.
C’est la première fois dans l’histoire que notre pensée se trouve confrontée avec quelque chose qui semble contredire ou dépasser ses propres structures. L’OVNI, c’est l’irrationnel matérialisé, observé tous les jours dans l’environnement de l’homme (car on en observe tous les jours). Avec quelle méthode peut-on étudier l’irrationnel ? Une approche rationnelle de l’irrationnel est-elle possible ? Et que sont au juste le rationnel et l’irrationnel ?
« Les apparences de la magie »
Ces questions n’ont pas de précédent en science : la science a toujours postulé l’intelligibilité de son objet. L’étrange est que l’inintelligibilité de phénomènes supposés, produits par une pensée non humaine, était rationnellement prévisible, et avait été effectivement prévue : « Une technologie plus avancée que la nôtre aurait toutes les apparences de la magie », écrivait déjà Arthur C. Clarke, il y a plus de vingt ans4.
Pierre Guérin avait, lui aussi, développé cette idée dans le passionnant dernier chapitre de son livre sur les mondes planétaires. Ceux qui lisent mes publications en langue anglaise savent que, de mon côté, j’essaie depuis longtemps de susciter une réflexion sur les phénomènes apparemment (ou peut-être réellement) irrationnels. Il est encourageant de voir que, même désagréables à notre paresse intellectuelle, même difficiles, mêmes déplaisantes à notre orgueil, les idées mûrissent (b).
Aimé MICHEL
(a) N° 307, septembre 1972.
(b) Pierre Guérin : Planètes et Satellites (Larousse, 1967 et éditions ultérieures).
Mes principaux articles sur cette question ont paru dans la Flying Saucer Review de Londres5 (21 Cecil Court, Charing Cross Road, London WC 2 N4HB).
Voir aussi : The Humanoids, ouvrage collectif sous la direction de Charles Bowen (Neville Spearman éditeur, Londres 1969), et les Atterrissages d’Extraterrestres, de Jacques Vallée (Denoël, Planète, Paris 1972).6
Notes de Jean-Pierre ROSPARS
(*) Chronique n° 110 parue dans F.C. N° 1345 – 22 septembre 1972. Reproduite dans La clarté au cœur du labyrinthe (http://www.aldane.com/), chap. 20 « OVNI », pp. 505-508.
- Une autre interprétation possible d’une apparente disparition « sur place » est celle d’une très forte accélération (qui pose également des problèmes, bien entendu). Les photos du lac Chauvet (Puy-de-Dôme) sont au nombre de quatre. Selon le témoin, l’ingénieur André Frégnale, elles furent prises le 18 juillet 1952. Pierre Guérin s’est livré à une étude géométrique du négatif original et a conclu à l’authenticité des clichés. Voir Guérin, P., A scientific analysis of four photographs of a flying disk near Lac Chauvet, J. Sci. Exploration, 8, 447-469, 1994 (http://www.scientificexploration.org/journal/jse_08_4_guerin.pdf), et l’appendice de Guérin, P., OVNI. Les mécanismes d’une désinformation, Albin Michel, Paris, 2000).
- L’analyse des photographies de McMinnville à laquelle se réfère Aimé Michel a été réalisée par William K. Hartmann, professeur assistant au Laboratoire Planétaire et Lunaire à l’Université d’Arizona. Elle se trouve dans un gros rapport de 965 pages intitulé Étude scientifique des objets volants non identifiés, et plus couramment rapport Condon. En effet, l’équipe qui le réalisa était dirigée par le Pr. Edward U. Condon, un physicien nucléaire respecté qui fut, entre autres, président de l’Association Américaine pour l’Avancement des Sciences et de la Société Américaine de Physique. En 1966, l’insatisfaction du Congrès et du public en général vis-à-vis de la manière dont l’Armée de l’Air (USAF) gérait la question des ovnis, conduisit celle-ci à rechercher une évaluation indépendante auprès des milieux académiques. Elle lança un appel d’offre d’un demi-million de dollars que toutes les universités rejetèrent, à l’exception de l’Université du Colorado à Boulder, qui fut donc retenue en octobre 1966. L’étude dura un peu plus de deux ans et son rapport final fut soumis à l’Académie Nationale des Sciences le 15 novembre 1968 puis publié peu après par Bantam Books à New York, en janvier 1969. La première des sept sections du rapport, signée E.U. Condon, déclarait sans ambages : « Notre conclusion est que rien n’est venu de l’étude des ovnis au cours des 21 dernières années qui aient ajouté quoi que ce soit aux connaissances scientifiques. Un examen soigneux du dossier tel qu’il nous est disponible nous conduit à conclure qu’une étude ultérieure approfondie des ovnis ne peut probablement pas être justifié par l’espoir que la science pourra progresser grâce à elle. » (p. 1). La science avait donné son verdict et c’est ce que tout le monde retint du fameux rapport tant à l’USAF (qui ferma dans la foulée le service qui collectait les rapports) que dans les milieux scientifiques et dans le public.
Peu nombreux furent ceux qui se hasardèrent au cœur de l’épais rapport. Pourtant, de bien curieuses observations se cachaient dans la section IV intitulées « Étude de cas ». Les enquêteurs y analysaient 59 cas dont l’un des plus remarquables était le n° 46 (pp. 396-407), celui des photographies de McMinnville. Ce cas est exemplaire car il illustre la réelle difficulté qu’il y a à progresser sur le sujet des ovnis et à obtenir des conclusions sûres. Mieux que d’autres il permet de comprendre pourquoi la controverse se poursuit sans espoir d’une solution proche dans un sens ou dans l’autre. Qu’on en juge…
Cette observation alléguée eut lieu le 11 mai 1950, dans une ferme de l’Oregon située à une quinzaine de km de McMinnville. Evelyn Trent était en train de nourrir ses lapins quand, dit-elle, elle vit un objet d’apparence métallique. Elle prévint son mari, Paul Trent, qui était dans la maison. Ils eurent le temps de chercher leur appareil photo et Paul put prendre deux photos de l’objet qui, selon leurs dires, était de couleur argent ou aluminium, silencieux, sans flamme ni fumée. Les témoins montrèrent les images à quelques amis mais sans chercher de publicité. En effet, ils pensaient avoir observé un prototype secret de l’armée et craignaient d’avoir des ennuis avec le gouvernement. L’affaire vient à la connaissance d’un journaliste local qui se rendit à la ferme et trouva les négatifs sous un petit bureau où les enfants avaient joué avec. Les photos furent publiées en première page du journal local le 8 juin 1950 avant de faire le tour du monde.
L’enquêteur W.K. Hartmann fait son enquête en 1967. Il ne découvre aucune motivation pouvant justifier la fabrication d’une telle histoire, d’autant que plusieurs résidents de McMinnville certifièrent la réputation et la véracité des témoins. En outre, il tient pour improbable un trucage complexe dans ce contexte rural. Il réussit à retrouver les négatifs (conservés par une agence de presse) et commence leur étude approfondie. L’analyse montre que l’objet n’avait pas tourné entre les deux prises de vue, ce qui écartait l’hypothèse d’un objet du genre frisbee lancé en l’air. La présence de fils suggérait la possibilité d’une maquette suspendue à ceux-ci mais l’analyse photométrique de l’objet montra que l’objet devait avoir une surface brillante non spéculaire et être situé à une distance considérable (de l’ordre de 900 à 1700 m). En effet, si les parties inférieures (à l’ombre) et supérieures de l’objet étaient faites du même matériau, il fallait cette distance pour que l’extinction et la diffusion de la lumière par l’atmosphère (mesurable grâce aux objets à distance connue visibles sur les photos) puissent expliquer la différence d’aspect des deux parties. Hartmann conclue ainsi son analyse : « C’est un des rares rapports d’ovni dans lequel tous les facteurs examinés, géométriques, psychologiques et physiques apparaissent cohérents avec l’affirmation qu’un objet volant extraordinaire, argenté, métallique, en forme de disque, de quelques dizaines de mètres de diamètre, et évidemment artificiel, vola en vue de deux témoins. On ne peut pas dire que les données disponibles excluent positivement une fabrication, bien qu’il y ait quelques facteurs physiques, tels que la précision de certaines mesures photométriques sur les négatifs originaux, qui militent contre une fabrication. »
En 1974, Philip Klass dans son livre UFOs explained (Random House, New York, 1974) présente les critiques de Bob Sheaffer, un expert en analyse photographique. Il attribue l’effet mesuré par Hartmann, non à l’atmosphère, mais à une diffusion de la lumière par des saletés présentes sur l’objectif et déduit de l’ombre projetée par l’avancée d’un toit que l’heure de la prise de vue n’était pas 19h45 mais 7h30. Hartmann, impressionné par ces résultats retire alors sa conclusion première.
En 1976, Bruce Maccabee, un physicien de la Marine américaine, publie les résultats de son analyse approfondie des négatifs originaux (Proceedings of the 1976 CUFOS Conference, Evanston, pp. 152-163). Ses mesures lui permettent d’exclure l’explication de Sheaffer par un objectif sale. Il ne retint pas non plus l’hypothèse d’une maquette réalisée dans une matière translucide, qui pouvait expliquer les mesures de Hartmann, car les bords de l’objet sont dentelés de façon irrégulière ce qui peut s’interpréter par une distorsion atmosphérique de l’image et « une indication que l’objet était situé à plusieurs centaines de mètres au moins ».
Malgré tout, en 1977, Claude Poher, ingénieur du Centre National d’Études Spatiales à Toulouse, reprend l’hypothèse de la maquette translucide suspendue par un fil aux fils en surplomb. Il montre par une étude géométrique se fondant sur les mesures angulaires de Maccabee que « la maquette présumée de la photo 2 était située exactement au même endroit que celle de la photo 1 ». La conclusion qui s’impose est que « les témoins ont photographié une maquette translucide pendue sous les fils » (voir l’Annexe 4 dans http://www-togeipan02.cnes.fr/index.php?id=204&no_cache=1&tx_damfrontend_pi1[showUid]=1565).
En 1981, Maccabee présente une seconde étude plus détaillée, la plus complète à ce jour avec des mises-à-jour jusqu’en 2000 (disponible sur http://brumac.8k.com/trent2c.html). Il y écarte, mesures à l’appui, les objections de Sheaffer et de Poher. Contre Sheaffer, il montre que le bord de l’ombre sous le toit ne peut pas s’expliquer par une illumination matinale directe du soleil mais qu’il est compatible avec l’éclairage par un nuage réfléchissant la lumière du soleil couchant. Contre Poher, il montre que les lignes de visées des deux photos ne se croisent pas sous les fils.
Cependant, l’auteur reste fort prudent : « ces résultats, écrit-il, même s’ils étaient parfaitement précis, ne prouverait pas que l’observation n’est pas mensongère. D’autre part, ces résultats, s’ils sont raisonnablement précis, ne prouvent pas que l’observation soit mensongère. » Autrement dit, aucune conclusion claire et nette fondée sur la seule analyse des négatifs n’a été obtenue en 50 ans d’analyses et de discussions. Cet échec est dû en grande partie à la négligence. En effet, il aura fallu attendre 17 ans pour qu’un scientifique visite les témoins et encore son enquête sur place resta-t-elle superficielle : il ne fit-il aucun plan détaillé des lieux (qui aurait été si utile aux analyses des négatifs, les bâtiments ayant ensuite disparu) et ne rechercha pas d’autres témoins (il y en aurait eu : au moins le père de Paul et peut-être une voisine). Que l’interprétation des photos dépende finalement de la confiance à accorder aux témoins est un signe patent d’échec. C’est ce qu’il s’agissait d’éviter car l’analyse scientifique vise précisément à faire abstraction de la confiance à apporter aux témoins. L’obligation d’y avoir recours explique l’absence de consensus sur la nature des observations, au moins des plus curieuses (par contre, il existe un large accord sur le fait que les observations sont, dans leur grande majorité, dues à des méprises).
On peut retenir contre les Trent qu’ils ont cru voir d’autres ovnis, mais c’est à peu près tout. Ils n’ont jamais cherché à tirer de l’argent de leurs photos et seule l’agence UPI, qui mit la main sur les négatifs, en tira un bénéfice financier. Aucun indice ni mobile en faveur d’une fabrication n’ont pu être apportés. Lors de leur dernière interview en 1995, les témoins ont simplement répété leur histoire en disant que c’était la vérité. Evelyn est décédée en 1997 et Paul en 1998.
- Cette rotation de l’objet n’est pas confirmée par l’analyse photographique.
- C’est la Troisième Loi de Clarke, la plus souvent citée. Elle se trouve dans l’édition 1973 de Profiles of the Future avec ce commentaire : « Puisque trois lois ont suffi à Newton, j’ai modestement décidé de m’en tenir là ». Mais dans l’édition de 1999, il en ajoute une quatrième : « A chaque expert correspond un expert égal et opposé ».
- Aimé Michel a écrit plusieurs articles pour la F.S.R. de 1961 à 1980. Ils traitent d’observations d’ovnis récentes (photographies de Namur, 7:1, 1966 ; cas de Valensole, 11:6, 1965 et 14:1, 1968 ; cas du Dr X, special n° 3, août 1969 et 17:6, 1971), de leur interprétation (On the true nature of the close proximity UFO sightings, 21:5, 1975), de leur passé (Palaeolithic UFO-shapes, 15:6, 1969 ; The UFOs and History, 18:3, 1972 ; Of Gods, genii, heroes and entities, 19:2, 1973 ; On two passages of the Iliad, 21:6, 1976 ; voir aussi la chronique n° 160, La science et le mystère, à propos de la jeunesse de saint Vincent de Paul, parue ici le 18.07.2011) et de leur signification épistémologique (Of men, cats and Magonia, 16:5, 1970 ; Project Dick, 18:1, 1972 ; The mouse in the maze, 20:3, 1974 ; The Grisonne paradox, 22:1, 1976, The ‘cat-flap’ effect, 25:5, 1980). Aimé Michel cesse d’écrire sur ce sujet à partir de 1980 environ. « Si je n’en parle plus, m’écrit-il le 20 juin 1986, c’est par désintérêt, ayant acquis la “conviction intime” que c’est inétudiable ». Il rejoignait ainsi après un long détour la thèse d’Edward U. Condon.
- The Humanoids a paru en traduction française (par A. Bruelle) sous le titre En quête des humanoïdes, J’ai Lu A315, 1974. Le sujet traité par Aimé Michel, dans le dernier chapitre intitulé Le problème du non contact, est devenu célèbre depuis sous le nom de Paradoxe de Fermi. Ce chapitre comporte 37 courts paragraphes numérotés dont voici le dernier « 37. En définitive, toute spéculation sur le phénomène OVNI ne peut avoir qu’un seul but utile : apprendre à nous débarrasser de toute idée, consciente ou inconsciente, et à ne regarder que les faits, et les faits seuls. Le reste n’est qu’inutile jeu d’enfant. »
Le livre de Jacques Vallée a paru finalement sous le titre Chroniques des apparitions extraterrestres. Du folklore aux soucoupes volantes (Denoël, 1972), traduction (souvent fautive) de Passport to Magonia. From folklore to flying saucers (Regnery, Chicago, 1968). L’idée du livre est que les ovnis sont la forme moderne prise par un phénomène beaucoup plus ancien. En effet, dans toutes les parties du monde, les traditions populaires font état au cours des âges de visiteurs venus d’Autres Mondes nommés ciel, enfer, pays des fées, Magonie, ou autres…
Sur ces sujets, voir aussi la chronique n° 80, Questions aux philosophes, parue ici le 16.11.2009, en particulier les notes c et d.