Les multiples usages du mythe du racisme blanc - France Catholique
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Les multiples usages du mythe du racisme blanc

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Une des grandes déficiences de la théorie socio-politique marxiste a toujours été de croire que les intérêts économiques prenaient le pas sur tous les autres intérêts. C’est vrai que les gens ont des intérêts économiques. Mais ils ont aussi d’autres intérêts – religieux, moraux culturels, nationaux, etc…Et il arrive que ces autres intérêts, dépassent les intérêts économiques. Par exemple, avant la Première Guerre mondiale, de nombreux marxistes étaient convaincus que dans l’éventualité d’une guerre entre nations capitalistes, les classes ouvrières d’Europe ne voudraient pas se battre les unes contre les autres. Mais ces marxistes se trompaient lourdement. Il s’est avéré que la loyauté patriotique – en d’autres termes, le sentiment de patriotisme – a été plus importante pour les travailleurs que la solidarité internationale basée sur la conscience de classe socio-économique.

Nous voyons dans les USA d’aujourd’hui un exemple de ce genre. Si l’on est marxiste, on penserait que les blancs, ouvriers et personnes des classes moyennes inférieures formeraient une alliance politique avec les noirs, ouvriers et personnes des classes moyennes inférieures, puisque les blancs et les noirs de ces classes sociales ont des intérêts économiques similaires. Mais une telle alliance n’existe pas. Les blancs de ces classes sociales, bien que traditionnellement démocrates, tendent de plus en plus à voter Républicain, et cela a été très largement le cas aux élections présidentielles de 2016. Les noirs de ces mêmes classes sociales, par contre, votent à 90 pour cent en moyenne (ou plus) pour les démocrates.

A quoi est-ce que cela tient ?

Il y a une croyance largement répandue parmi les afro-américains comme quoi les blancs ont tendance à être des racistes anti-noirs. Ce racisme, ils le reconnaissent, n’est pas aussi mauvais qu’il y a plusieurs dizaines d’années. Mais il est encore assez mauvais, bien que devenu plus subtil. Il empêche toujours l’égalité entre les races. On ne trouve d’ailleurs pas ce racisme chez tous les blancs ; plus particulièrement, il n’existe pas parmi les blancs libéraux, qui sont antiracistes à grands cris. Mais tant que les noirs croiront que le racisme est une chose courante parmi les blancs ordinaires, cette conviction rendra impossible la coopération politique entre les classes ouvrières et les classes moyennes inférieures blanches et noires. Pour les électeurs noirs, la race prend le pas sur l’économie sociale de classe.

Considérons comme erronée cette idée que le racisme blanc est largement répandu, que c’est un mythe. Par manque de place, je ne vais pas essayer de prouver que c’est un mythe, bien que je croie que c’en est un. J’en ferai seulement le postulat pour la discussion d’aujourd’hui. Mais si cette idée est fausse, d’où vient-elle ? Pourquoi prévaut-elle si largement ? Une des sources de cette idée et de sa popularité vient bien sûr des démagogues noirs – par exemple le « Révérend » Al Sharpton et les membres de Black Lives Matter (La vie des noirs est importante). C’est leur fonds de commerce. Ils répandent cette fausse idée parce que cela leur donne de la renommée, de l’influence et de l’argent.

Mais derrière des personnages qui jouent de la race, tels que Sharpton et les BLM, il y a une force beaucoup plus puissante – le libéralisme blanc. Ce sont les libéraux blancs, surtout ces blancs libéraux qui dominent les principaux médias nationaux, qui ont fait de Sharpton un chef de file des droits civiques. Ils l’ont fait valoir et ont dit aux noirs américains, « Regardez, voici votre principal porte-parole ».

Plus récemment, ils l’ont mis de côté, et nommé à sa place le mouvement BLM comme porte-parole officiel de l’Amérique noire. Voilà un remarquable développement. Sharpton, lui au moins, avait dû travailler pendant de nombreuses années pour gagner le soutien des libéraux blancs ; il avait mérité l’élévation qu’ils lui avaient donnée. Mais le BLM a été élevé en 24 heures. Un jour, ils se sont mis à exister ; le lendemain ils étaient les successeurs officiels de Martin Luther King Junior. Avec l’élévation soudaine de BLM, les mass medias des libéraux blancs disaient clairement : « nous pouvons faire et défaire les chefs noirs. »

Mais pourquoi les blancs libéraux désirent-ils promouvoir l’idée que tous les blancs (sauf eux bien sûr) sont des racistes anti-noirs ? Trois raisons.

1. Cela leur donne un grand sentiment de supériorité morale. Si le racisme blanc est le plus grand des péchés des américains, et si les blancs libéraux sont les seuls blancs américains qui ne sont pas racistes, alors ce doit être des gens très bien ; presque des saints (au sens séculier du terme).

2. Le mythe justifie les nombreux privilèges qu’ont les blancs libéraux des classes moyennes supérieures.

3. Le mythe bloque la possibilité d’une alliance politique plus ou moins conservatrice entre les ouvriers et les classes moyennes inférieures, des noirs et des blancs.. Une telle alliance pourrait servir à entraver l’avancée d’un certain nombre de causes favorites des libéraux, par exemple les droits à l’avortement, le mariage homosexuel, le transgenre, et le travail de sape et la marginalisation d’une forme de christianisme vieux jeu, aussi bien chez les catholiques que chez les protestants (de nos jours surtout des évangéliques).
Si l’attention nationale se concentre sur la race plutôt que sur la classe socio-économique, le public a moins de chances de remarquer que les libéraux blancs appartiennent à une classe sociale relativement restreinte et très privilégiée. Dans l’ensemble, ils sont très bien élevés et ont souvent fréquenté les mêmes universités destinées à l’élite ; ils ont de bons métiers et de bons revenus ; ils vivent dans de belles maisons dans de beaux quartiers (très sécurisés) ; leurs enfants vont dans des écoles privées ou de très bonnes écoles publiques (c’est-à-dire des écoles dans des quartiers à haut revenus, loin de toutes les écoles de ghettos) ; Ils ont de belles voitures ; ils font des voyages intéressants ; ils boivent de bons vins et du bon café, etc.

Ces gens, cela leur est égal si le public s’indigne contre les 1 % plus riches ; mais ils ne veulent pas que ce public s’indigne contre les cinq ou dix pour cent plus riches, car cette indignation serait dirigée contre eux. Aussi est-il important pour eux d’orienter plutôt la conversation vers le racisme blanc.

En somme, les blancs libéraux fortunés ne veulent pas nous laisser penser la société en termes de classe sociale, car une telle réflexion servirait les intérêts des classes plutôt inférieures de la société. Et ils ne veulent certainement pas encourager une identité politique ou une poursuite d’intérêts basées sur les vieilles catégories de famille, nation ou religion. A la place, ils veulent que nous pensions en termes de race car cela protégera les intérêts des classes moyennes supérieures libérales. Leurs intérêts.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/03/10/the-many-uses-of-the-myth-of-white-racism/