On réédite les Mémoires de Rayond Aron, ces jours-ci, dans la prestigieuse collection Bouquins, chez Robert Laffont. Il y a un mythe Raymond Aron qui répond symétriquement au mythe Jean-Paul Sartre, les deux hommes ayant d’ailleurs été très amis. La rupture de leur amitié fut très pénible à Aron, nous révèle sa fille Dominique Schnapper, dans un entretien au Figaro-Magazine. Le fait qu’ils puissent se retrouver l’un et l’autre à l’Élysée, sous Giscard d’Estaing, pour plaider conjointement la cause des boat-people vietnamiens en perdition dans la mer de Chine, fut d’autant plus un événement mythique.
Comme je rencontrais Raymond Aron quelque temps après, il m’expliqua que la photo des deux petits camarades enfin réunis avait fait le tour du monde entier. Il avait fallu que les yeux de Sartre se déssillent enfin face à la réalité totalitaire. Ceux d’Aron avaient toujours été largement ouverts. Il ne put voir la chute du mur de Berlin, qu’il attendait sans être vraiment sûr qu’elle pourrait se produire au plus vite. Je vais relire le plus tôt possible ses Mémoires pour toujours mieux intégrer les clés de la lucidité en politique !
G.L.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Quand le virtuel se rebelle contre le réel, l’irrationnel détruit l’humanité
- MISRAKI–SAMIVEL : LA MUSIQUE DES ÂMES ET CELLE DES CIMES
- Jeanne d'Arc