Comment analyser la façon dont mes chers collègues des médias présentent la visite de Benoît XVI en Grande-Bretagne ? Je devrais être habitué, depuis qu’en tant qu’informateur religieux, je m’intéresse de près aux voyages pontificaux. Incroyable qu’on puisse ainsi tout oublier d’une décennie à l’autre, a fortiori à 20 ans de distance. Je pense aux visites de Jean-Paul II en France. Il n’en est resté que de merveilleux souvenirs, des instants de grâce que beaucoup revivent encore avec émotion. Aussi, a-t-on oublié que tous ces voyages avaient été précédés d’intenses polémiques contre le pape, et que presque à chaque fois on avait prédit des catastrophes. Et puis – miracle – à la fin du voyage, tout s’était trouve transformé. Les journaux, qui avaient été les plus vindicatifs, célébraient la performance de cet homme capable de détourner les pires orages.
C’est de la même façon, pessimiste, désenchantée, que la venue de Benoît XVI en Angleterre a été annoncée. Cet homme est indésirable. L’opinion britannique ne le supporte pas. D’ailleurs de singuliers comités d’accueil s’apprêtent à lui faire savoir comment le papisme est toujours exécré au pays d’Henri VIII et de la grande Elizabeth. Bien, on verra… Mais je suis frappé, en même temps, par le déficit d’informations sur les réalités religieuses propres au Royaume-Uni. Pourquoi l’anglicanisme, que l’on nous présente à l’avant-garde de la modernité et de toutes les émancipations est-il dans une situation aussi déplorable ?
Pourquoi les pratiquants anglicans sont-ils moins nombreux que les pratiquants catholiques alors que le catholicisme, même très vivant, demeure minoritaire ? Curieux, n’est-ce pas? Il y a ainsi des questions qu’il vaut mieux ne pas poser, parce qu’elles sont incorrectes. Et si le témoignage de Benoît XVI changeait une fois de plus la donne, et obligeait enfin à réfléchir sérieusement ?
Chronique lue le 17 septembre à Radio Notre-Dame