«Étrange. » Ainsi le cardinal Malcolm Ranjith, archevêque de la capitale du Sri Lanka, a-t-il qualifié la vague d’attentats qui a ensanglanté son diocèse et son pays, le dimanche de Pâques, faisant 253 morts et plus de 500 blessés dans trois églises et des hôtels de luxe, et revendiquée par l’État islamique. Étrange parce que depuis dix ans, aucun incident n’avait eu lieu contre la minorité chrétienne dans ce pays. Et pourtant, il s’agit bien de l’attaque la plus meurtrière contre des chrétiens depuis 1970, a souligné Le Monde, citant une équipe de l’université du Maryland, qui a recensé plus de 180 000 actes terroristes dans le monde. Le quotidien note aussi l’intensification de la violence à l’égard des églises à partir des années 2010, en lien avec le djihadisme international, notamment aux Philippines (2019), en Indonésie (2018), au Pakistan (2016), au Kenya (2015) ou au Nigeria (2012 et 2011), pour ne citer que les plus récentes. Souvent au moment des grandes fêtes chrétiennes, Noël et Pâques.
Sous-évaluation
Étrange aussi, a relevé en France Jean-Luc Mélenchon, que l’on ne peut soupçonner de partialité, qu’il y ait une « une sous-évaluation dans les médias français des agressions spécifiques dont font l’objet des chrétiens dans le monde ». Et le leader de La France insoumise d’enfoncer le clou : « On ne saurait se taire ou noyer le poisson dans les explications qui nieraient ce fait central : les chrétiens du Sri Lanka ont été assassinés parce qu’ils étaient chrétiens et pratiquants de cette foi. » On ne saurait mieux dire.
Ainsi, il ne suffit pas que le toit de Notre-Dame brûle pour que la France se réveille, retrouve ses racines et soulève, enfin, le couvercle – la chape de plomb – de sa fameuse « laïcité », qui est plutôt un laïcisme. C’est-à-dire une négation consciente de ce qui constitue le pays. Il faut encore qu’à l’autre bout du monde, des chrétiens meurent pour leur foi, parmi les quelque 240 millions de chrétiens persécutés chaque année – un chiffre en augmentation.
Accélération foudroyante
Puisque les chiffres parlent parfois mieux que les mots, notons encore que le nombre de martyrs reconnus par l’Église catholique a été de 262 entre 1800 et 1999, selon l’Index causarum. Chiffre qui monte à 146 entre 2000 et 2007 ! Une accélération foudroyante !
« Ils sont si nombreux ! », affirmait Jean- Paul II en l’an 2000, en demandant que leur mémoire ne soit pas perdue. Car ces martyrs sont notre héritage, poursuivait-il, « l’héritage de la Croix vécu à la lumière de Pâques ».
Cet héritage, il nous enrichit et nous soutient. Il exalte l’extraordinaire puissance de Dieu qui continue d’agir malgré la violence, et il doit être transmis de génération en génération, ajoutait encore le Souverain pontife, « afin d’être semence féconde d’un profond renouveau chrétien ! »
Pour aller plus loin :
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
- Sri Lanka (2)
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918