Les mamans à la messe... et d'autres héros - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Les mamans à la messe… et d’autres héros

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Comme d’autres hommes en activité, si je veux assister à une messe de semaine, j’ai le choix entre une messe tôt le matin dans ma paroisse et une messe de mi-journée près de mon travail. J’aime voir des collègues à la messe plus tardive, et l’exaltation du sacrifice qui consiste à laisser le travail de côté pour le moment afin de donner ce temps directement à Dieu. Mais à la messe du matin, j’ai la grande bénédiction d’être instruit dans la sagesse chrétienne par les mères qui y assistent avec de jeunes enfants.

Ma paroisse est la paroisse Saint-Jérôme à Hyattsville, reconnue comme une communauté solide de style « option bénédictine ». De nombreuses familles vivent à proximité de l’église. Chaque jour de semaine, il peut y avoir dix à quinze mères à la messe. La plupart ont un enfant avec elles, mais certaines deux ou trois – l’un dans une écharpe de portage, un autre dans une poussette et un troisième gambadant alentours. Si la famille fait l’école à la maison, parfois des enfants plus âgés se sont levés tôt et ont donné un coup de main.

Dans la majorité des paroisses, il y aura une paire de mamans de ce genre, pas toujours les mêmes, à chaque messe. Dans une ville nantie de plusieurs paroisses, où les gens improvisent pour assister à la messe la plus pratique, ces mamans avec enfants en viennent à se connaître réciproquement, formant une sorte de conspiration secrète de véritable dévotion catholique.

J’ai parlé d’être enseigné dans la sagesse chrétienne, tout d’abord, de façon paradoxale, par l’exemple des maris et pères, pourtant absents. Ces femmes sont principalement mères au foyer, bien que certaines aient un travail à côté. Le point remarquable est que le mari n’a pas insisté pour que son épouse travaille à plein temps, comme beaucoup le font. Il a désiré accepter les soins et occasionnellement les lourds sacrifices qui accompagnent la création d’une famille avec un seul salaire. Ce qui en fait un personnage d’une grande noblesse. Le père et la mère témoignent ensemble de la priorité accordée à leurs enfants sur la richesse et la sécurité.

Deuxièmement, je suis instruit par l’héroïsme de la maman. Il est important d’insister que c’est de l’héroïsme « qui surpasse l’appel du devoir ». Héroïque dans quelle mesure ? La messe du matin est un acte profondément discipliné, que la maman s’est arrangée pour organiser au début du jour à une période de la vie qui résiste à l’organisation. Sa présence à cette célébration a tout d’une tête de pont sur la plage d’Iwo Jima, sa consécration et sa communion ont tout d’un lever de drapeau.

Pour être présente, elle a dû lutter pour changer une couche, implorer ou cajoler deux autres enfants pour qu’ils s’habillent. En hiver, il y a les couches de vêtements à enfiler, potentiellement déprimant quand on sait devoir les enlever pour les remettre une heure plus tard. Il y a déjà là à l’ouvrage le principe de l’entropie du foyer, la tendance au désordre.

Son chemin est montant. L’église sera froide en hiver et chaude en été. Fort probablement, l’homélie sera terne : elle est reconnaissante si celle-ci ne l’attaque pas (« les femmes n’ont pas à procréer comme des lapines ») ni ne promeut une hérésie comme celle dont elle débattait avec une amie protestante dans un cercle de lecture la semaine dernière. Ne déprécions pas la petite mortification de souvent apparaître en public « mal ficelée ». (Dans ce sens, elle a cessé de se faire les ongles et les lèvres, comme dans la publicité pour l’avortement.)

Mais par dessus tout, il y a la mortification répétée impliquant le principal, la raison de sa présence, prier et adorer. Ses enfants sont difficiles ou lui réclament quelque chose. Ils ne tiennent pas tranquilles et courent partout. Elle doit les emmener au fond, encore et encore. Elle s’assied sur une chaise dans l’entrée, élabore un donnant-donnant avec son bambin et peut à peine entendre quelque chose dans le sanctuaire. C’est loin de l’idéal romantique d’une paisible communion avec Dieu. Quel est le but de tout ceci ? Il n’est même pas clair qu’elle s’améliore en quoi que ce soit, pense-t-elle.

Mais sa persévérance démontre des vérités importantes, dont elle devient au fil du temps un « martyr » ou témoin. D’autres peuvent avoir lu à ce sujet dans des livres, mais elle, elle l’a appris par expérience concrète. Les consolations dans la prière n’ont pas d’importance. Nous nous donnons à Dieu par la volonté, non par l’imagination. La grâce sera assurément communiquée par le caractère objectif du sacrement et la volonté personnelle du croyant de la recevoir.

En se rendant simplement à « la place de la grâce » le matin, elle se tient à côté de la Croix avec Marie et devient, comme elle, un « réceptacle spirituel, un réceptacle d’honneur ». Elle ne peut pas « ressentir » la grâce qu’elle obtient à la messe, et qui se déverse sur sa famille, sa parentèle, ses amis, ses intentions de prière, mais dans la foi elle sait qu’il en est ainsi.

Nous vivons dans une société ou les gens ont peur de louer qui que soit (dans la vie personnelle uniquement) de crainte de sembler critiquer les autres. Je sais cela. Alors soyons simples : il y a de nombreuses mamans qui voudraient assister aux messes de semaine mais qui ne peuvent pas s’organiser pour cela, ou qui ont commencé mais n’ont pas pu continuer. De même, il y a des couples où la maman aurait aimé rester à la maison et ne peut pas, ou en conscience devant Dieu croit qu’elle peut et doit travailler à plein temps. Je ne critique pas ces coreligionnaires le moins du monde, en aucune façon.

Je dis plutôt que pour les chrétiens, l’étrange « logique » d’une parabole semble en œuvre. Rappelez-vous les ouvriers qui ont été embauchés au dernier moment mais qui reçoivent le même salaire que ceux qui ont porté le poids d’une journée de travail. Oui, il y a des degrés de gloire, mais cette parabole semble s’appliquer pour plus que des différences de durée. Qui sait comment le Seigneur, dans sa générosité, va le rendre ?

Mais ces mamans à la messe sont des héroïnes de la foi, parmi d’autres héros qui ne sont pas à la messe, c’est certain.

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Michael Pakaluk est un spécialiste d’Aristote et un ordinaire de l’Académie Pontificale Saint Thomas d’Aquin. Il est professeur à l’école d’économie et de commerce Busch de l’Université Catholique d’Amérique. Il vit à Hyattsville (Maryland) avec son épouse, également professeur dans le même établissement, et leurs huit enfants.

Illustration : « Après la première communion » par Carl Frithjof Smith, 1892 [musée Revoltella, Trieste, Italie]
Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/09/18/moms-at-mass-and-other-heroes/