Celui qui posait ces questions semblait inquiet face au manque de foi que manifeste l’église actuelle dans le pouvoir de Jésus à accomplir des merveilles. S’il y a maintenant une quelconque déficience, à mon avis il s’agit plus souvent d’un manque de foi, non seulement dans les miracles, mais dans tous les mystères basés sur la foi. Si les tristes révélations, qui n’en finissent pas, au sujet de l’Eglise, nous disent quelque chose, c’est qu’il est loin d’être petit, même parmi les chrétiens, le nombre de ceux qui ne croient plus au Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob et de Jésus.
En même temps, mon cheminement en tant que catholique – je suis converti depuis 1983 – m’a montré une facette différente du visage de l’Eglise.
J’ai eu le grand plaisir de m’associer à un tas de gens, y compris de nombreux prêtres, qui reconnaissaient les dons du Saint Esprit et mettaient une grande foi – et parfois une attente excessive – dans les pouvoirs de guérison de Jésus.
Aussi ma réponse sera-t-elle plus passionnée et théologique.
Pour les nécessités de notre discussion, disons qu’un miracle est quelque chose qui se fait de façon surnaturelle, c’est-à-dire un effet causé par un pouvoir divin. Il peut être exercé par l’intermédiaire d’êtres non-divins, tels que des anges ou des humains, mais Dieu est Celui qui en est à l’origine.
Pour employer un terme technique, Il en est la « cause efficiente ». (Ceci implique que lorsqu’un esprit malin provoque des effets extraordinaires, comme c’est le propre de leur nature angélique, on ne devrait pas parler de miracles.)
Je divise ma réflexion en trois questions.
Est-ce que Dieu provoque des miracles à l’heure actuelle, comme ceux que l’on voit dans les Actes des Apôtres?
Oui, Il le fait. Une simple recherche sur Google fera apparaître de nombreux comptes rendus tout autour du monde, du nom de Jésus invoqué pour ressusciter des morts, multiplier miraculeusement la nourriture, et guérir des gens de toutes sortes de maladies. Et à moins qu’on ne rejette d’emblée la possibilité que ce soit des miracles, à l’évidence, dans beaucoup de ces cas – quoique bien sûr pas tous – c’est tout à fait crédible.
Nous avons aussi connaissance de nombreux récits de guérisons miraculeuses dans les biographies des saints. Nous savons que le processus ecclésial de béatification repose sur l’existence de deux miracles – rigoureusement vérifiés – comme preuve de l’intercession d’une personne depuis le ciel. Et nous savons que la plupart des miracles reconnus pour les canonisations comportent des guérisons miraculeuses
Devrions-nous espérer que Dieu guérisse miraculeusement tous ceux qui souffrent dans leur corps ou dans leur âme ?
Oui, mais nous ne devrions pas l’escompter. Pourquoi ? Pour deux raisons :
D’abord parce que Dieu ne nous a pas dit de l’escompter. Bien que l’Ecriture Sainte nous dise que Dieu a donné aux douze – et de ce fait à leurs successeurs – pouvoir et autorité pour guérir les malades (Luc IX, 1 ; Matt. X, 1), et bien que nous voyions de multiples exemples de signes et de merveilles accompagner la proclamation de Jésus Christ par les disciples (Actes IV ; Luc X 17-19) néanmoins, nulle part l’Ecriture ne dit, ni même ne suggère que Dieu exaucera toutes les demandes de signes miraculeux.
En fait, Jésus se réfère à la génération qui demande des signes comme à une génération « mauvaise et adultère » (Matt XVI 4), et dit à ceux qui commandent des miracles, mais ne font pas la volonté du Père, « Je ne vous connais point » (Matt VII 22-23).
L’Ecriture témoigne que les miracles de Jésus, et les miracles que réalisent les chrétiens en son nom, servent un but principal : Prouver l’identité du Christ pour catalyser la foi des gens. (Actes II 22, Actes III 1-4 ; Jn V 36 ; X 25). Jésus a proclamé qu’il était le Messie ( Matt. XVI 17) le Fils de Dieu (Matt. XXVI 63-64), et Il s’est même attribué le saint nom de Dieu. (Jn VIII 51-58). Si en effet, nous ne pouvons pas accepter ce qu’il proclame par ses paroles, proclamations qui sont extrêmement difficiles à prendre pour argent comptant, alors, nous pouvons croire en Lui en voyant ses œuvres extraordinaires. (Jn X 38).
Ainsi, selon le concile Vatican II :
Ce plan de révélation se réalise par des actes et des paroles qui ont une unité intérieure : Les actes accomplis par Dieu dans l’histoire du salut démontrent et confirment l’enseignement et les réalités que signifient les paroles, tandis que les paroles proclament les actes et clarifient le mystère qu’elles contiennent. (Dei Verbum 2).
Souvenez-vous du paralytique. Jésus, voyant la foi de ses amis dit à l’homme que ses péchés sont pardonnés. Les chefs des juifs murmurent entre eux que Jésus blasphème. Connaissant leurs pensées, Jésus les réprimande et affirme : qu’est ce qui est le plus facile à dire : tes péchés sont pardonnés, ou bien lève-toi et marche ? Puis Il se tourne vers le paralytique et lui ordonne de se lever et de rentrer chez lui. L’homme est guéri. (Matt. IX 2-8 ; cf. Jn. XI 42)
Le message est évident. Bien que le pardon des péchés soit le plus difficile des deux, Jésus peut faire les deux. Et Il fait l’un – Il guérit – pour illustrer que non seulement Il peut pardonner les péchés, mais que le pardon des péchés est central dans sa mission.
La deuxième raison est l’expérience. Ceux qui espèrent que Dieu va guérir les malades savent par expérience que la grande majorité des prières pour des guérisons miraculeuses restent sans réponse, du moins telles que demandées. Ceci ne devrait pas être pris, en tous cas pas toujours, comme un signe de leur manque de foi, mais plutôt comme l’expression de la volonté de Dieu. Comme le note le Catéchisme, Dieu guérit, oui, mais seulement certains, pas tous. (nos 1505, 1508)
Quel est le rôle des évêques dans le développement des guérisons ?
Il est central. De même que les apôtres ont reçu de Jésus l’ordre de guérir les malades, leurs successeurs continuent la charge apostolique. Les sacrements sont le moyen ordinaire par lequel l’Eglise accomplit ce commandement. La Lettre de Jacques dit :
L’un de vous est-il malade ? Qu’il appelle les anciens de l’Eglise et qu’ils prient sur lui, l’oignant d’huile au nom du Seigneur ; et une prière dans la foi sauvera l’homme malade, et le Seigneur le relèvera ; et s’il a commis des péchés, ils lui seront pardonnés. (Js V 14-15)
C’est une justification par la Bible du sacrement d’onction des malades. Ce sacrement, de même que le sacrement de pénitence est connu comme un « sacrement de guérison. » (Voir CCC, 1421)
Chaque fois que ces sacrements sont administrés, ils le sont par l’autorité des successeurs des apôtres.
Quant à savoir si ces successeurs croient au pouvoir de guérison de Jésus…..on reconnaîtra chaque arbre à ses propres fruits.
13 juin 2019
Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/06/13/will-all-the-sick-be-healed-by-god/