De la brève visite de Benoît XVI à Malte, on retiendra bien sûr l’accueil chaleureux de la population de ce petit pays demeuré fidèle à son christianisme, au-delà des vicissitudes du passé, dans le souvenir toujours vivant du fameux passage de Saint Paul dans l’île, à la suite d’un naufrage qui aurait pu être fatal à l’apôtre. Certains ont remarqué que le Saint-Père était arrivé assez fatigué et le visage marqué, mais que l’accueil de Malte l’avait réconforté et rasséréné. C’est bien possible. Le peuple chrétien – nous en avons nous-même souvent eu le témoignage humble et émouvant – garde tout son attachement au successeur de Pierre, alors que les agressions, toujours plus malveillantes, se multiplient contre lui, à l’encontre de toute déontologie journalistique.
Quelques esprits forts se gaussent d’un Vatican « dépassé » par la communication. Si le sujet n’était si grave, on pourrait répliquer en se moquant de la déconfiture des présumés champions de la com., défaits avec les armes qui leur avaient permis des triomphes éphémères. Mais c’est un travers vieux comme le monde. Nos champions si habiles à faire la leçon à l’Église et à la fusiller des formules les plus assassines, devraient pourtant savoir qu’aucune institution ne sort indemne d’une pareille épreuve où ce sont les sentiments les plus délicats qui sont en cause. On peut toujours contrer les mensonges en rétablissant la réalité des faits, même si selon la formule, il en restera toujours quelque chose. Mais comment révéler l’intimité de ses convictions, la sincérité de sa compassion, le ferme propos de la volonté de réparation lorsque l’enfance s’est trouvée violée par des représentants du ministère sacré ?
La vraie réponse nous a été donnée à Malte par quelques-unes des victimes qui, elles, savent de quoi elles parlent. Dimanche après-midi, Benoît XVI a rencontré, durant une vingtaine de minutes dans la chapelle de la nonciature de Malte, quelques personnes qui avaient autrefois subi des agressions sexuelles de la part de prêtres. « Le Pape a prié et pleuré avec nous, a expliqué l’une d’entre elles. J’ai été impressionné par l’humilité du Pape. Il a pris sur lui-même l’embarras causé par d’autres. J’ai dit que je voulais des excuses, car j’étais fâché. Ma colère est retombée maintenant et je suis satisfait de ma rencontre avec le Pape. Je vais continuer ma bataille, non pas contre l’Église mais contre la pédophilie. » Une telle rencontre ne pouvait avoir lieu que loin des caméras. Elle est la seule réponse à un drame indicible La communication saura-t-elle y faire écho avec la pudeur sans laquelle elle perdrait son authenticité ?
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