Les langues régionales : une vraie question - France Catholique
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Les langues régionales : une vraie question

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Ils ont été plusieurs dizaines de milliers à manifester pour la reconnaissance des langues régionales, samedi 31 mars, que ce soit à Quimper, Toulouse, Bayonne, Lille ou Strasbourg, entre autres. Tous réclament une vraie reconnaissance de ces langues à part entière que la Constitution reconnaît depuis 2008 comme appartenant au « patrimoine de la France » dans son article 75-1. Tous réclament la ratification par la France de la Charte européenne des langues régionales, une ratification promise par François Bayrou, François Hollande et Eva Joly, mais refusée avec acharnement par Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Luc Mélenchon, ou Nicolas Sarkozy.

On peut ironiser sur ce qui semble à certains un combat d’arrière-garde et secondaire par rapport à d’autres enjeux. On peut aussi brandir l’étendard de la défense de la francophonie en oubliant que les arguments contre les langues régionales se retournent d’ores et déjà contre le français (« Ne nous donnez pas de leçons ! Nous savons comment la France a traité le breton, le basque ou l’alsacien. »). La question des langues régionales telle qu’elle est abordée en France ne contribue pas précisément à la crédibilité de notre pays.

L’avenir des langues régionales est une vraie question posée à nos institutions, et même tout simplement à la République. Il s’agit de savoir si, sur un territoire donné, une langue pratiquée depuis des siècles (voire des millénaires) peut demeurer une langue de plein exercice ou si l’on méprise les droits de ceux qui la parlent. Il ne s’agit pas ici de communautarisme. Une langue exclue de la vie publique, condamnée à la seule gestion du quotidien et privée d’enseignement est une langue condamnée à mort, une mort lente mais certaine. L’unité nationale est-elle en danger ? Il faut dire cela aux Suisses qui connaissent quatre langues nationales, à l’Espagne ou au Royaume Uni.

On peut – on doit – s’interroger sur les crispations quasi religieuses qui interviennent chaque fois qu’il s’agit des langues régionales. Tout se passe comme si, une fois parvenus au pouvoir, nos hommes politiques se trouvaient tétanisés par une obscure orthodoxie jacobine dont on cherche encore la légitimité démocratique.

La question des langues régionales déborde le domaine linguistique. Elle questionne notre République sur sa capacité à se réformer. La France a-t-elle le droit de décider la mort de ses cultures ?