Le risque, c’est d’avoir des bébés tout le temps.
Ingrid d’Ussel : Pour vivre cette régulation naturelle de la fécondité sereinement et de manière responsable, il faut se former et être suivis par un couple de formateurs – la plupart des couples qui abandonnent les méthodes naturelles se sont sentis seuls face à la difficulté. Dieu ne nous a pas créés féconds tout le temps car il sait que les époux ont besoin de s’unir aussi sans agrandir la famille à l’infini. Il a donné un cycle à la femme, au cours duquel elle est féconde quelques jours par mois. Le couple peut donc choisir de s’unir pour donner la vie ou différer ses unions en pratiquant la continence, s’il estime qu’il n’est pas raisonnable d’avoir un nouvel enfant. Mais, dans toutes ses unions, il demeure ouvert à la vie avec cette méthode car tout le cycle de la femme est orienté vers la vie.
L’abstinence est un trop grand sacrifice.
Bien sûr que la continence est parfois très difficile, il ne faut pas le nier. C’est un chemin exigeant, qui demande volonté et tempérance, pour tenir dans la durée et apprendre à contrôler et orienter les élans de nos corps. Dans le mariage, les époux ont à purifier leur amour quotidiennement. C’est de l’ordre du combat spirituel, et la prière et les sacrements sont les meilleures armes pour le vivre. Ce combat devient alors une échelle vers le Ciel. Cette manière de vivre notre sexualité nous éduque et nous apprend à dominer nos pulsions. Par ailleurs, il faut voir le temps de l’abstinence comme de l’amour qu’on reporte. Il nous apprend à dire notre amour autrement, par des gestes, des paroles, des attentions, l’organisation de l’agenda pour être disponibles lors des périodes où les unions seront possibles… Tout cela fait grandir l’amour, comme une école de la délicatesse. L’alternance des temps de continence avec ceux des retrouvailles est une puissante stimulation du désir et évite que nous perdions l’envie de nous unir.
Cette encyclique nie l’importance du plaisir.
Au contraire ! Mais on se trompe si on cherche le plaisir pour lui-même. La finalité de l’union conjugale dans l’amour véritable, donc dans le plan de Dieu, est l’union profonde des corps, des cœurs et des âmes : et c’est de ce don mutuel que va découler le plaisir, comme un cadeau. À partir du moment où on recherche d’abord le plaisir, ce n’est plus de don qu’il s’agit, mais bien d’utilisation de l’autre.
C’est pour une petite élite de catholiques.
Non, c’est un chemin pour tous ! Est-ce que nous voulons vraiment vivre pleinement notre vie de couple avec Dieu et selon son plan d’amour pour nous ? Si nous y adhérons pleinement, avec notre cœur et notre intelligence, nous parviendrons à en prendre les moyens ! Cela peut être de l’ordre d’une conversion pour nous… En effet, notre vie de couple, avec sa sexualité, fait intégralement partie de notre vie spirituelle et de notre chemin de sainteté : il faut arrêter de l’en extraire ! Les efforts que nous faisons pour vivre les méthodes naturelles participent de notre vie spirituelle. Nous sommes des êtres unifiés, nous ne pouvons pas dissocier notre cœur de notre corps.
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— Humanæ Vitæ questionnée par Proust, Ingrid d’Ussel, éd. Via Romana, 2018, 126 pages, 10 €.
— Humanæ Vitæ questionnée par Proust, Ingrid d’Ussel, éd. Via Romana, 2018, 126 pages, 10 €.
Pour aller plus loin :
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- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- Quand le virtuel se rebelle contre le réel, l’irrationnel détruit l’humanité
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- Jean-Paul Hyvernat