Plusieurs organisateurs locaux du mouvement multiforme des « Gilets jaunes » se sont concertés pour former une première « coordination nationale » afin de solliciter une rencontre avec le gouvernement Macron. Ils se présentent simplement comme une éventuelle « délégation de communicants » composée de huit citoyens dans un cadre apolitique. Des auto-entrepreneurs, un chauffeur-routier, un intérimaire, un chargé de communication de collectivité territoriale, ils sont jeunes, âgés de 20 à 33 ans. L’une d’entre eux a lancé une pétition qui a rassemblé un million de signatures contre la hausse des taxes sur les carburants. Ils se donnent pour mission d’engager une prise de contact avec les représentants de l’Etat, et de « faciliter la communication » entre manifestants et coordinateurs de manifestations à travers le pays.
Ces « communicants » se présentent prudemment comme n’étant « pas des leaders ni des décisionnaires, mais des messagers », porteurs des revendications issues d’un sondage accessible sur Facebook pendant plusieurs jours sous le nom du groupe « La France en colère ». Des revendications plébiscitées par 30.000 personnes, dans la perspective de propositions à soumettre à un referendum populaire. A défaut d’obtenir une rencontre avec le gouvernement, les organisateurs de cette initiative se déclarent prêts à poursuivre les actions sur le terrain.
Dans un registre différent, un autre « Gilet jaune » lance un mouvement appelé « Citron », nom choisi non seulement pour sa couleur, mais aussi pour exprimer une volonté de fécondité sociale : il appelle de ses vœux « une phase d’écoute réciproque » avec le pouvoir politique.
Ces tentatives de dialogue se démarquent nettement des tendances à la radicalisation qui ont pu gagner çà et là certains groupes locaux tentés par l’activisme, voire par la violence. La question principale pour le mouvement sans précédent des « Gilets jaunes » est donc sa façon d’entrer dans le jeu politique, en trouvant une forme originale pour le faire. Et donc en empruntant des chemins différents de ceux des partis politiques, désarçonnés depuis les dernières élections présidentielles, et de ceux des syndicats, aujourd’hui devenus très minoritaires dans une France en crise. Qui sait ? Dans notre pays en panne, les « Gilets jaunes » vont peut-être contribuer eux-mêmes à trouver des solutions pour relancer la grande machine du dialogue dans une société grippée et bloquée… Ce serait pour eux la meilleure façon d’entrer en politique.