Les enfants américains - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Les enfants américains

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Comme exercice de clarté sociale, considérons quelques-unes de nos idées dominantes sur les enfants en Amérique. D’abord, il y a l’idée que nous ne devrions en avoir qu’un petit nombre, s’il faut que nous en ayons : de petites familles, pas de grandes familles. Une grande partie de l’Amérique, surtout l’Amérique libérale, a été choquée, je m’imagine, quand à la mort du juge Antonin Scalia, au début de l’année 2016, nous avons entendu dire, la plupart d’entre nous pour la première fois, que sa femme et lui étaient les parents de neuf enfants. C’est trop selon les normes actuelles ; beaucoup trop. Et comme cela a dû être troublant pour les libéraux de penser qu’un homme qui était tellement éloigné de ce qu’on peut appeler les « idées courantes sur la reproduction » siégeait depuis des années à la plus haute cour du pays. S’il ne pouvait pas contrôler ses inclinations philoprogènes, il n’est pas étonnant qu’il ait eu des opinions judiciaires de droite. Si le jugement d’un homme est défectueux pour une chose, il est susceptible d’être défectueux pour beaucoup de choses. Deuxièmement, il y a l’idée généralement acceptée selon laquelle si l’on est malheureux dans son mariage, il faut le dissoudre. Même si cela doit faire beaucoup de mal aux enfants, ce qui (bien sûr) arrive habituellement. Et même si l’effet traumatique d’un divorce fait écho tout au long de la vie des enfants, ce qui arrive aussi souvent. Il y a quelques décennies, on disait souvent que les enfants étaient plus heureux lorsque leurs parents malheureux divorçaient. On n’entend pas souvent cette excuse de nos jours ; je suppose que maintenant tout le monde se rend compte que, avec des exceptions ici et là, les enfants sont plus malheureux quand leurs parents divorcent. (Il existe des recherches en sciences sociales à cet effet, si quelqu’un en a besoin.) Qui est le commandant de la marine qui a dit : « En avant, toute ! et m…. pour les torpilles » ? Eh bien si vous divorcez maintenant, vous ne vous racontez pas des contes de fées sur la façon dont ce sera merveilleux pour vos enfants. Vous dites seulement : « En avant, toute, et m… pour les enfants. » Le bonheur des enfants est important, mais le bonheur de leurs parents est plus important. Les enfants devraient être prêts à sacrifier une part de leur bonheur pour que Maman et Papa, exerçant ce que la Déclaration affirme est leur droit naturel, puissent s’engager dans leur propre poursuite du bonheur. chart3.jpg.gif Premier tableau : Augmentation de naissances hors mariage aux Etats-Unis entre 1929 et 2010. Pourcentage d’enfants nés hors mariage. Troisièmement, la société américaine ne s’oppose pas fortement à des taux très élevés de naissances hors mariage, un taux qui représente maintenant environ 40 pour cent pour les Américains dans leur ensemble et 70 pour cent pour les Américains noirs. Pour la plupart, cela signifie que ces enfants grandiront ou sans père du tout ou avec un père à temps partiel. Grâce au grand « progrès » social que nous avons fait au cours de ces dernières décennies, ce n’est pas comme dans les vieux jours, quand l’homme (ou le garçon) qui rendait une femme enceinte devait l’épouser. Non, maintenant c’est tout à fait accepté d’être une mère célibataire. Quant au père, non seulement il n’a aucun devoir social d’épouser la mère, mais il n’a pas même le devoir social d’habiter avec elle d’une façon permanente. Malgré le mouvement féministe, et en dépit de la grande insistance de notre société sur les droits des femmes, on a accordé aux hommes le droit tout à fait extraordinaire d’abandonner les femmes qu’ils ont rendues enceintes et les enfants nés de cette union. Et les enfants presque sans père issus de ces unions irréfléchies ? La probabilité est grandement augmentée qu’ils réussiront mal à l’école et dans le monde du travail, qu’ils deviendront toxicomanes, qu’ils iront en prison, et qu’eux-mêmes auront des enfants hors mariage. Quatrièmement, nous tolérons des écoles publiques effroyablement mauvaises pour beaucoup de nos enfants, spécialement pour les enfants noirs pauvres du ghetto. La plupart de ces enfants n’auront finalement que peu d’éducation scolaire, même si, grâce à la magie de la « promotion sociale » beaucoup d’entre eux recevront un diplôme de high school (école secondaire). b2465_chart8.jpg.gif Deuxième tableau : Le taux des naissances hors-mariage varie beaucoup selon la race. Pourcentage de naissances hors mariage : Toutes les races 40,6 ; blancs non-hispaniques 28,6 ; hispaniques 52,5 ; noirs non hispaniques 72,3. Sources : Centres pour le contrôle des maladies, centre national pour les statistiques de santé ; rapport national de statistiques vitales, « naissances ; data préliminaires pour 2008 », 6 avril 2010. Selon nos leaders dans l’éducation, ne pas leur donner ce diplôme, serait mauvais pour leur respect humain. Et ce serait mauvais aussi pour la réputation des hauts fonctionnaires scolaires qui mesurent leur succès en termes de combien peu d’enfants quittent leurs écoles. Ne vous inquiétez pas de savoir si les enfants apprennent quelque chose ; simplement, ne les laissez pas quitter l’école ; assurez-vous qu’ils obtiennent un diplôme, même si le plus souvent il ne représente rien. Il va sans dire, naturellement, que le manque d’une éducation scolaire adéquate diminue énormément leurs chances de succès dans la vie américaine. Mais ce n’est pas comme s’ils ne recevaient pas une éducation non-scolaire approfondie. Ils l’obtiennent dans la rue par d’autres enfants. Ils l’obtiennent souvent dans des bandes de délinquants ou criminels. Cinquièmement, La société américaine est en général indifférente au meurtre des enfants à naître. On les tuait à raison d’environ 1.5 millions par an. Le taux a diminué ces dernières décennies. Maintenant, c’est « seulement » environ un million par an. Ceux qui défendent le droit à l’avortement nient habituellement que ce qu’ils tuent dans un avortement est un être humain. S’ils ont raison en disant ceci, alors naturellement je me trompe lorsque j’inclus l’avortement dans ma liste des manières dont les enfants sont maltraités ou négligés aux Etats-Unis. Mais ils n’ont pas raison. Et leur affirmation que ce qu’ils tuent n’est pas humain est une affirmation de mauvaise-foi. A un certain niveau de leurs esprits malhonnêtes ils se rendent compte que l’avortement tue un bébé. Je suis tenté de dire que les Américains, en général, ne se soucient pas des enfants. Mais c’est évidemment faux, compte tenu de la grande quantité d’énergie et d’argent que nous dépensons pour nous assurer que nos enfants (la plupart d’entre eux, au moins) sont bien nourris, bien vêtus, bien logés et bien éduqués. Tout ce que je sais vraiment est que quelque chose d’horrible est aussi en cours. Vendredi 14 juillet 2017 David Carlin. David Carlin est professeur de sociologie et de philosophie au Collège communautaire du Rhode Island et l’auteur de The Decline and Fall of the Catholic Church in America. (Traduit par Charlotte)