Pendant la plus grande partie de notre histoire, l’électeur catholique américain a été un contributeur important dans les élections. Ceci a été confirmé à chaque élection présidentielle par des analystes qui discutent l’impact du vote catholique et débattent si les catholiques ordinaires – qui ont voté pour le candidat victorieux dans neuf des dix dernières élections – formeront, une fois encore un bloc de vote décisif.
Cependant, la plupart des sommités ne comprennent pas qu’il est essentiel de faire preuve d’une grande attention dans l’analyse des données du vote catholique. On peut fausser les enquêtes, par exemple, parce qu’elles comprennent les Catholiques de nom ou de « cafeteria » qui ne sont pas pratiquants. Alors que les catholiques de tout genre représentent 25 pour cent du vote national, le groupe le plus influent est celui des catholiques pratiquants – 9% des électeurs.
Leurs voix ont un impact plus grand parce qu’elles sont concentrées dans les Etats-clefs indécis (i.e., la Floride, l’Ohio, l’Indiana, le Wisconsin, la Pennsylvanie et le Michigan) qui déterminent les élections présidentielles. Dans, les circonscriptions disputées de ces Etats, les catholiques pratiquants peuvent fournir la marge de victoire d’un candidat qui souscrit à leurs points de vue sociaux.
Et malheur aux candidats qui considèrent ces électeurs catholiques comme acquis ou les contrarient. En 2008, par exemple, Les catholiques pratiquants, travailleurs manuels, de la « rust belt » de l’Amérique [NDT : région du midwest et du nord-est des Etats-Unis spécialisée dans la fabrication et le transport de produits industriels.], qui n’étaient pas satisfaits de McCain et ne pouvaient pas en conscience voter pour Obama, se sont abstenus. Cette année, Rick Santorum, catholique fervent, n’a pas obtenu de nombreux votes parmi ses coreligionnaires dans le champ de bataille des primaires dans les Etats (mardi, dans l’Illinois, Romney a obtenu 48 pour cent des votes Catholiques, Santorum, seulement 32 pour cent.)
La raison vient de ce que Santorum, en essayant d’obtenir les votes des chrétiens évangéliques a perdu le soutien des catholiques pratiquants qui étaient peut-être d’accord sur ses idées, mais qui étaient rebutés par sa rhétorique stridente.
Michigan – Les catholiques ont préféré Romney à Santorum (7 points d’avance).
Floride – Les catholiques ont préféré Romney à Santorum (46 points).
Ohio – Les catholiques ont préféré Romney à Santorum (13 points).
Les électeurs catholiques des primaires ont aussi préféré Romney à Santorum en Caroline du sud, en Arizona, en Géorgie, dans le New Hampshire, au Massachusetts, et tout récemment en Illinois.
Pendant les cinquante dernières années, la composition de la population catholique américaine a changé d’une manière significative et cela a eu un impact sur les habitudes de vote des catholiques. Dans les années 1960 et 1970, les Catholiques de la vieille génération étaient perplexes et choqués par les bouleversements sociaux au sein de leurs institutions religieuses et politiques. Vatican II, la pilule, Watergate, et le mouvement de libération des femmes dérangeaient sévèrement leur vie religieuse.
Le résultat de cette confusion, entre 1957 et 1973, est que, tandis que le nombre de catholiques blancs qui se reconnaissaient tels ne diminuait pas, la moyenne de fréquentation hebdomadaire à l’église est tombée de 74 % à 55 %. Pour les catholiques blancs au-dessous de trente ans, la baisse a été encore plus grande ; de 35 % à 73 %. Aujourd’hui, environ 60 % de tous les catholiques blancs élevés en Amérique ne pratiquent plus. La moitié ont quitté l’Eglise, l’autre moitié est catholique de nom ou de « cafeteria ».
Le fait est que tous les chrétiens américains sont devenus moins attentifs aux règles.
Chrétiens adultes qui vont à l’église toutes les semaines
1940 45%
1950 35%
1960 25%
1970 25%
1980 30%
1990 25%
2000 20%
Le nombre de chrétiens baptisés qui ont abandonné leur religion en arrivant à l’âge adulte a aussi augmenté à chaque génération successive.
Jeunes adultes sans religion
1950 7%
1960 12%
1970 14%
1980 17%
1990 21%
2000 26%
Il y a une bonne nouvelle : la majorité des chrétiens américains baptisés entre les âges de 18 et 29 ans maintenant s’oppose à l’avortement :
Approuvent l’avortement
18-29 ans
1970 63%
1980 55%
1990 51%
2000 48%
2010 43%
Un rayon d’espoir pour l’Eglise catholique aux Etats-Unis est le nombre grandissant des Latinos (de l’Amérique latine). Aujourd’hui, 35% des catholiques sont latinos. Tandis que les vieux diocèses de Boston, New York, Philadelphie, Chicago, Détroit et St-Louis ferment leurs églises et leurs écoles paroissiales, de nouvelles dans le sud et le sud-ouest s’élèvent à pas de géant pour servir les fidèles latinos. Par exemple, dans le diocèse d’Atlanta, une nouvelle paroisse ou une nouvelle école ouvre tous les quelques mois.
Pourcentage de catholiques latinos américains par âge
18-34 ans 58%
35-49 ans 34%
50-64 ans 16%
65 et plus 15%
Sept sur dix jeunes catholiques qui vont à l’église régulièrement sont latinos. Une vaste majorité de Latinos soutiennent que le catholicisme fait partie de « leur héritage » et de « leurs racines. »
catholiques : Latinos / Blancs
La religion est extrêmement Importante 72% / 56%
La religion est très importante 81% / 64%
La religion est importante pour l’identité 57% / 40%
Comment les hommes politiques doivent-ils interpréter ces changements parmi la population catholique ? Autant les partis que les sondages ont reconnu que les catholiques en tant que catholiques ne sont plus une force politique homogène et les considèrent comme plusieurs groupes séparés avec différentes idées politiques ardentes.
L’analyste politique John Morgan assure qu’il y a maintenant cinq groupes d’électeurs catholiques :
– Les travailleurs manuels éthniques et urbains que l’on trouve dans le nord-est et le midwest (les Etats du centre del’Amérique.] Ils sont typiquement démocrates, mais socialement conservateurs.
– Les Catholiques des banlieues. Pour la plupart, ils appartiennent à la troisième génération d’immigrés irlandais ou italiens. On les trouve à Long Island et en dehors de Chicago, Cleveland, Milwaukee et Saint Louis. Ils sont plus attachés au parti républicain.
– Les Allemands du Midwest et les Polonais catholiques qui sont très conservateurs mais non soudés au parti républicain. Ils servent d’électeurs indécis dans le Wisconsin, l’Iowa, le Minnesota, le Michigan, l’Ohio et le Missouri.
– Les Hispano-Américains qui sont fondamentalement démocrates. D’après Morgan, pour que les Républicains attirent les votes des Hispano-Américains, il faudrait faire appel à leur côté plus socialement conservateur.
– Les Catholiques de cafétéria qui, pour la plupart, ont quitté l’Église.
Malgré les changements géographiques et ethniques de l’Église en Amérique, attendez-vous à ce que les fidèles continuent à avoir un impact important aux élections.
Le dernier livre de George J. Marlin s’appelle Narcissist Nation : Reflections of a Blue-State Conservative (La nation narcissique : Réflexions d’un conservateur démocrate.)
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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/elections-and-the-changing-catholic-demographic.html
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Photo : Les catholiques américains préfèrent Romney à Santorum…
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.
- La paternité-maternité spirituelle en vie monastique est-elle menacée en Occident ?