Les élections en Ukraine - France Catholique
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Les élections en Ukraine

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Nul ne se risque aujourd’hui en Ukraine à pronostiquer les résultats du second tour des élections présidentielles qui se tiendront le dimanche 7 février dans tout le pays et auprès de la large diaspora ukrainienne dans le monde. Lors du premier tour, Victor Yanoukovytch (35,3% des suffrages), candidat du parti des régions, l’avait emporté sur Youlia Tymochenko (25%). Un tiers du pays avait refusé de se prononcer pour l’un ou l’autre candidat. Ceci montre que la bi-partition Est-Ouest du pays est plus relative et plus complexe qu’on le dit habituellement. Les cinq candidats de ce marais ont obtenu les scores suivants : S. Tihypko (13,05%), A. Iatseniuk (6,96%), V. Youshenko (5,45%), O. Simonenko (3,54%), V. Litvin (2,35%). Les Ukrainiens disposent également du droit de voter « contre tous », soit 2,2% des voix.

Le président en fonction, heurté par sa déroute, a précisément appelé à voter au second tour « contre tous », tout comme la célèbre femme de lettres dite post-moderne Oxana Zaboujko. Le cardinal Lubomyr Husar, chef de l’Eglise grecque catholique, a au contraire rejeté le vote protestataire et appelé les citoyens à se prononcer en faveur d’un candidat. De leur côté S. Tihypko et A. Iatseniuk ont évité de se prononcer et se sont dits prêts à négocier avec l’un ou l’autre des gagnants à l’issue du second tour. Le communiste O. Simonenko, et l’ancien chef du Parlement V. Litvin, se sont associés avec le parti des régions pour faire passer une loi à la Rada à deux jours du second tour modifiant les règles du jeu de l’élection présidentielle. La loi en vigueur rendait possible des blocages de scrutin locaux dans le cas où la commission électorale ne se présentait pas au bureau de vote. La nouvelle loi a été ratifiée par le président Youshenko, ce qui a été interprété comme un soutien discret de ce dernier à V. Yanoukovytch. L’OSCE a fait savoir qu’elle n’approuvait pas ces amendements de dernière minute à la législation électorale. Les observateurs européens ont soutenu la déclaration du premier ministre Youlia Tymochenko selon laquelle des amendements apportés à deux jours de l’élection entraîneront des falsifications considérables. 

Sur le plan de la répartition géographique, il se pourrait bien que le sort de l’élection se joue dans les deux régions suivantes : La région, à l’extrême sud-ouest, des Carpathes (1er tour Yanoukovytch, 29, 6% ; Tymochenko, 26,2% ; Iatseniouk, 10, 2%) est une terre à majorité russyne, dont l’histoire fut marquée par l’appartenance à la Hongrie et à la Slovaquie. Les russophones considérés comme des contrepoids à une assimilation trop rapide à l’Ukraine en tirent avantage aujourd’hui. A l’inverse, la région de Poltava, située à l’Est de Kiev, (1er tour : Yanoukovytch, 25, 3% ; Tymochenko, 32% ; Tihypko, 12,2%) est une zone ukrainophone dans laquelle les électeurs du marais pourraient bien voter en faveur de Youlia Tymochenko. Même si la ville de Kiev n’est pas représentative de toute l’Ukraine, elle permet de savoir vers quel candidat penche le cœur des élites intellectuelles et économiques de la nation. Youlia Tymochenko y a réalisé l’un de ses meilleurs scores avec 35,74% (atteignant même 42,29% dans la région de Kiev), tandis que V. Yanoukovytch n’y rassemble que 15,91% (15,45% pour la région), en dessous même du 3e prétendant S. Tihypko, à 18,95% (15,35% pour la région), très soutenu par les milieux économiques. L’engagement pro-européen et pro-démocratique de Youlia Tymochenko, discrètement mais néanmoins visiblement appuyé par N. Sarkozy et A. Merkel, devrait lui permettre de recevoir au second tour dans la diaspora ukrainienne dix points d’avance sur son adversaire. En revanche seulement 12% de la population de Crimée, à très grande majorité russophone, a voté pour « Youlia ». Yanoukovytch y a réalisé son meilleur score avec 61% des voix tandis que S. Tihypko y a recueilli pour sa part 11% des voix.

Le refus de V. Yanoukovytch de participer au débat télévisé avec Y. Tymochenko a sans aucun doute favorisé cette dernière. Le premier ministre en a profité pour rappeler que le candidat des régions (en réalité de l’oligarque R. Akhmétov), lorsqu’il fut premier ministre en 2007, a tout simplement privatisé à son profit personnel un domaine gigantesque, « plus grand que la principauté de Monaco ». Mais la proposition du candidat des régions de faire du russe une 2e langue d’Etat risque de l’emporter sur toute autre considération éthique auprès d’une population russophone ayant reçu peu de signes de considération de la part du président Youshenko depuis la révolution orange.