L’enseignement catholique en Amérique a été complètement transformé par les bouleversements culturels de la fin des années 1960. En seulement quelques années, les facultés catholiques ont supprimé le programme d’études de base, qui, normalement, incluait de nombreux semestres de cours de philosophie et de théologie pour tous les étudiants, et l’ont remplacé par un programme d’études « de libre choix ». En même temps, les collèges et les lycées catholiques ont remplacé une instruction catéchétique solide de la foi par une approche informe « toutes les religions se valent, la foi est une question de sentiments », du catholicisme.
Les résultats ont été dévastateurs : pendant cinquante ans, l’Église en Amérique a été témoins d’une chute vertigineuse de l’assistance à la messe, des vocations, de la piété, et de la compréhension basique de la foi. Pire, il n’existe pas de signes que cette tendance à la baisse s’estompe, encore moins qu’elle reparte à la hausse de si tôt.
Maintenant, les bouleversements culturels de 2020 menacent de rendre l’enseignement catholique impossible à distinguer de l’enseignement public. Les changements que cherche la révolution Woke n’auraient pas affecté les écoles catholiques s’ils avaient eu lieu il y a cinquante ans. Par contre, celle-ci exige des modifications dans le cadre des programmes d’études existants qui remplaceraient tout ce qui reste de l’identité et de la pensée sociale catholique par des idéologies laïques et toxiques qui ne cherchent pas le royaume de Dieu mais le royaume des hommes et des femmes en guerre avec leur créateur.
Par la vertu du don de la foi et de 130 années d’enseignement social catholique, les écoles catholiques pourraient offrir à leurs étudiants toutes les ressources intellectuelles nécessaires pour combattre les problèmes sociétaux par une structure morale très développée. Se battre contre le péché de racisme, par exemple – le sujet de société le plus chaud actuellement – les catholiques ont quatre armes à utiliser : 1) Genèse I (nous sommes tous, quelque soit notre aspect, créés à l’image et à la ressemblance de Dieu) ; 2)Genèse II – 3 (nous venons tous de la même poussière et sommes destinés à y retourner) ; 3) la parabole du Bon Samaritain (rendre service à notre prochain veut dire rendre service à ceux des autres races) ; et 4) La comparaison de Saint Paul avec le corps du Christ : Bien que nous ayons différentes apparences et diverses vocations, nous sommes tous reliés entre nous comme si nous étions un seul corps, ce qui fait que « si un membre souffre, le corps entier souffre avec lui ; si un membre est à l’honneur, le corps entier se réjouit avec lui. » (I cor XII – 26)
En d’autres termes, l’Église offre une vision d’unité à travers les races et les cultures qui se termine en union éternelle avec Dieu, comme Notre Seigneur l’a dit dans sa prière : « La gloire que tu m’as donnée, je la leur ai donnée pour qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi pour qu’ils soient complètement un afin que le monde croie que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. » (Jean XVII 22 – 23)
Mais au lieu d’offrir cette magnifique vision catholique, et ensuite d’avoir de rudes conversations à propos du racisme et des discriminations dans ce contexte, nos collèges ont au contraire colporté à leurs élèves des dogmes laïcs qui divisent les peuples et les races. L’impulsion à le faire vient souvent de parents, d’anciens élèves ou de donateurs qui exigent que les institutions endoctrinent ainsi leurs étudiants sous peine d’humiliation publique ou de suppression de donations dramatiquement nécessaires.
Pour le dire simplement, les institutions catholiques sont priées de devenir Woke ou d’être ruinées. De peur, les écoles capitulent.
Pour prendre un seul exemple, prenez l’exercice largement pratiqué de la « marche des privilégiés » au cours de laquelle les étudiants se tiennent sur une ligne horizontale, et doivent s’avancer dans la mesure où ils ont des « privilèges ». En plus, il y a des débats parrainés par l’institution à propos de « l’identité », qui contrairement à Genèse I-3, élève l’ethnicité et l’apparence en facteur principal d’auto compréhension, plutôt que comme faisant partie d’une compréhension antérieure de soi comme enfants bienaimés de Dieu. De telles activités essayent de « résoudre » le racisme en générant intentionnellement l’hostilité entre les groupes raciaux.
Mis à part ces enjeux plus généraux de programmation, il existe des intrusions pédagogiques. Dans l’école paroissiale de mes enfants cet hiver, parmi les fournitures utilisées pour la célébration par les CM2 du mois de l’Histoire des Noirs (une liste trouvée sur Google, et n’émanant pas du professeur) il y avait le livre A pour Activiste qui comporte « R pour les Rouges Radicaux », « T pour Trans » et « Z pour Zapatistes ». Quand il y a eu des protestations, le professeur – qui n’était peut-être pas conscient de ce que Google avait assemblé – a très vite supprimé le livre de la liste.
Plus tard, en février, la maîtresse de CM2 de mon fils a fait lire et analyser à ses élèves « La rose qui poussait dans le béton » du rappeur Tupac Shakur. Quand on lui a posé des questions, cette maîtresse a défendu son choix sous prétexte que ce poème de huit vers était une admirable expression de la résilience.
Et ces deux exemples spécifiques ne sont pas aussi dangereux que l’appel incessant à travers le pays à transformer les leçons d’histoire en récits sur l’oppression, et les classes de littérature en expressions d’identités politiques.
Parmi les nombreux dangers, il y a ici un risque que les élèves adhèrent à cette vision du monde, sans jamais apprendre – comme ils le devraient – que leur foi a une façon de résoudre ces difficultés, plus convaincante et moins conflictuelle. A la place de quoi, ils apprennent que le monde laïc est le seul moyen de salut, et ils percevront le catholicisme comme inapte à résoudre les problèmes du monde.
Le remède à cette situation précaire pour les administrateurs d’un collège catholique, avec le soutien des parents et des professeurs, est d’affronter la foule des laïcs et de répondre par un message catholique clair : « Oui, nous sommes d’accord sur la nécessité de combattre le racisme et de promouvoir la justice. Mais nous le ferons à notre manière, selon les enseignements de Jésus Christ qui ont été confiés à l’Église catholique, laquelle sponsorise cette école. Le Christ est le chemin, la vérité, et la vie. Tout programme qui ne Le place pas au centre est destiné à échouer. Nous n’adopterons pas les programmes d’identité qui dressent les étudiants les uns contre les autres. Non. Nous nous servirons de la prière, des sacrements, de la Bible et du catéchisme pour faire de nos étudiants des saints. C’est le seul chemin pour établir une justice durable. »