À quelques jours du premier tour des élections présidentielles, c’est l’incertitude qui définit le mieux notre situation politique. Certes, il ne semble guère y avoir de doute sur l’identité des deux finalistes qui se confronteront au second tour, mais il est vraisemblable que la bataille qui opposera Nicolas Sarkozy et François Hollande modifiera les conditions psychologiques qui ont prévalu jusqu’ici dans les échanges entre toutes les familles politiques, du moins celles qui avaient un représentant dans la campagne. Une fois encore, le pays va se diviser profondément entre droite et gauche, conformément à ses habitudes profondes, et il s’agira moins de voter pour un homme, que l’on aime ou que l’on rejette, que de se déterminer en fonction de ses préférences intellectuelles et de ses convictions profondes. Il est possible que le climat se durcisse avec le face-à-face direct des deux leaders qui, jusqu’ici, ne s’étaient pas opposés directement l’un à l’autre. On saura peut-être un peu mieux ce sur quoi ils ont des divergences radicales, lorsqu’ils opposeront leurs choix économiques et leurs valeurs sociétales.
Sur le terrain économique, François Hollande s’est montré jusqu’ici prudent, ne voulant pas donner de gages à un Jean-Luc Mélenchon qui, pourtant, le pressait de radicaliser son programme. Sur le terrain sociétal, le candidat socialiste, s’est en revanche beaucoup plus avancé, ne craignant pas de faire du mariage homosexuel et de l’euthanasie des propositions phares, identifiant ainsi ses conceptions philosophiques et morales. Nicolas Sarkozy n’a pas voulu le suivre sur ce terrain, mais il a néanmoins consenti quelques concessions de fond qui ne seront pas sans conséquences (cf. son entretien au mensuel homosexuel Têtu de mars). Nous sommes donc en droit de craindre pour l’avenir quant à la solidité de l’institution du mariage dans notre pays, dont il faudrait garantir la pérennité, ne serait-ce qu’en inscrivant dans la Constitution ses règles fondamentales et non transgressives.
Il faut avoir conscience qu’au-delà de l’élection du président de la République, nous resterons engagés dans un combat extrêmement rude, à l’intérieur d’une culture incertaine et susceptible de déstabiliser profondément notre société.