Dans la vie, nous voyons deux tendances. Le Seigneur Jésus les a décrits comme deux chemins : un chemin large et un chemin étroit. Saint Paul a approfondi cette notion en décrivant la bataille entre ceux qui ont un cœur de chair et ceux qui ont un cœur spirituel. Saint Augustin, le descendant spirituel de l’Apôtre des païens, a élaboré toute une théologie basée sur deux cités : la Cité de Dieu et la Cité des Hommes. Faisant écho à la sagesse du Seigneur, le Docteur de l’Eglise a vu que les deux villes étaient formées par deux formes d’amour différentes. Une cité cherchait à aimer Dieu, sa loi et notre prochain, tandis que l’autre était imprégnée de narcissisme.
Le Pape Saint Jean Paul II a traduit ces notions dans un langage plus contemporain. Dans sa monumentale encyclique Evangelium Vitae de 1995 (à plusieurs égards, une « suite » substantielle et amplificatrice de Humanae Vitae du Pape Paul VI), le pontife bien-aimé a inventé des termes désormais communs à une compréhension catholique profonde de notre temps : « la culture de vie » et « la culture de mort ». Par ces expressions, le pape montre une fois de plus qu’il y a deux chemins et deux formes d’amour dans la vie. Ces chemins et ces formes d’amour qu’ils désignent donnent naissance non seulement à des « cités », mais aussi à des cultures., qui se nourrissent de leurs propres formes d’amour.
La culture de vie nous appelle tous à un service plus élevé et plus sacrificiel envers Dieu et le prochain, en particulier pour les plus vulnérables et les plus nécessiteux d’entre nous. Fondée sur l’amour pour tous, la culture de vie croit, vit et travaille pour répandre le message que tous les hommes ont une dignité, que tous les hommes sont un don divin, et que tous les hommes – bien que marqués par le péché original et personnel – doivent être aimés, respectés et estimés. Cette affirmation est un irritant pour la culture de mort. Cette dernière déteste ce message, méprise ses messagers et cherche à dépouiller les plus vulnérables et les plus faibles d’entre nous de leur dignité et de leur respect – tout en prétendant faire le contraire.
Malgré ces signes de mauvaise conscience, la culture de mort ne s’inquiète donc que d’elle-même et de ses désirs. Elle cherche à détruire tout ce qui est gênant ou inconfortable. Les faibles ou les vulnérables sont des proies faciles pour une telle culture. En plus que d’alimenter son propre amour de Dieu et du prochain, une solide culture de vie doit donc aussi chercher à dévoiler et à combattre la culture de mort. Une telle bataille est inévitable, et ceux qui défendent une forte culture de vie en comprennent la nécessité. En tant que tel, elle s’efforce de démanteler les arguments, d’affaiblir la séduction et de désactiver l’influence et les structures d’une culture anti-vie.
Dans Evangelium Vitae, le Pape Saint Jean Paul II a identifié à juste titre une « conspiration contre la vie ». Cette conspiration ne concerne pas seulement les individus dans leurs relations personnelles, familiales ou collectives, mais va bien au-delà, au point d’endommager et de déformer, au niveau international, les relations entre les peuples et les Etats.
Les racines de la conspiration se trouvent dans la révolte de Lucifer contre Dieu. Le Malin répandit cette rébellion par les mensonges qu’il raconta à nos premiers parents et leur péché dans le jardin d’Eden. Cette culture de la mort a conduit au meurtre de leur fils Abel par son frère Caïn. Cet acte fratricide a conduit à des atteintes encore plus graves à la dignité humaine. Le décor était donc planté. Les options sont devenues claires et les gens, les villes et les cultures ont dû faire un choix de vie ou de mort. Et ceux qui choisissent la vie doivent être prêts à se battre pour sa défense.
La bataille pour la vie était historiquement une bataille sur un seul front. Les envoyés de la culture de mort ont attaqué les enfants à naître. Ils ont nié leur statut de personne. Ils les ont étiquetés comme indésirables. Ils ont entrepris une guerre des mots, « travesti » et redéfini l’autonomie, la dignité et le libre choix pour soutenir leurs efforts. En particulier, ils ont mené une guerre dans le ventre de leur mère contre les personnes ayant des besoins spécifiques, en particulier celles qui sont atteintes de trisomie 21.
Mais la culture de mort se nourrit d’elle-même. Elle ne se contente pas d’une bataille sur un seul front. Elle est devenue une guerre à deux fronts, et la fin de la vie est maintenant prise d’assaut. Les reportages sont remplis de personnes privées de soins de fin de vie, comme Vincent Lambert, décédé récemment en France après s’être vu refuser alimentation et hydratation. Et nous entendons parler d’Etats comme le Maine qui ajoutent de nouvelles lois pour faciliter l’aide médicale au suicide.
Il est maintenant temps – à mesure que les attaques contre la vie avancent et s’élargissent – que les gens qui défendent la vie soient plus créatifs, plus actifs et plus déterminés à conserver le contexte et la définition appropriés des mots, à témoigner par des soins désintéressés aux plus faibles et aux personnes vulnérables, à protester et à rechercher le changement des lois anti-vie et à partager avec leurs paroissiens, voisins et collègues de travail la beauté et la dignité objective de toute vie humaine.
4 août 2019
Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/08/04/the-two-paths/