Près des deux tiers des enfants craignent de devenir pauvres un jour. Pire, peut-être, 5% ont déjà l’impression d’être pauvres, d’après un sondage réalisé courant juin par l’institut Ipsos pour le Secours populaire auprès de 500 enfants de 8 à 14 ans, et publié hier par l’Agence France Presse. Cette crainte augmente avec l’âge, sachant que si elle est éprouvée par 52 % des 8-10 ans, elle monte à 63% chez les 11-14 ans. Fait important, ce sont 13% des enfants de familles monoparentales qui ont l’impression d’être pauvres. En outre, c’est une nette majorité (66%) de l’ensemble des enfants qui pense qu’il leur sera « difficile » de trouver un emploi plus tard. Enfin, les enfants sont très majoritaires (88%) à estimer qu’il y a « beaucoup » de pauvreté dans le monde.
Quant à la perception de la pauvreté par les Français, 87% des personnes interrogées dans un « baromètre » annuel d’Ipsos sur ce thème estiment les risques que leurs enfants connaissent une situation de pauvreté plus grands que pour leur propre génération.
Déjà en 2013, un Observatoire des inégalités constatait que le nombre des pauvres en France n’a cessé d’augmenter depuis 2004 pour atteindre près de 9 millions de personnes, parmi lesquelles 2 millions de travailleurs pauvres, ceci étant notamment dû au temps partiel. Les jeunes sont les premiers touchés, plus d’une personne pauvre sur deux ayant moins de 30 ans.
Contrairement à une idée reçue, la pauvreté n’est pas qu’une question d’argent : comme le soulignait un délégué de l’association ATD-Quart-Monde, « la pauvreté est d’abord l’accumulation de plusieurs précarités », notamment celle des liens familiaux, fragilisés par la multiplication des séparations de couples. La difficulté à se loger et la difficulté d’accès aux soins médicaux constituent deux autres écueils vite redoutables pour les plus vulnérables.
Denis LENSEL