Les deux faces de la religion dans le Coran - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Les deux faces de la religion dans le Coran

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De nos jours, il est urgent pour les chrétiens de lire et de comprendre le Coran afin de mieux s’orienter dans une religion qui fait si souvent les grands titres. Mais c’est beaucoup demander parce que le Coran est un pot-pourri de chapitres anciens et plus récents, classés par ordre de grandeur décroissante, mélangeant ainsi les pensées de Mohamed en date de ses débuts à La Mecque et des maximes très différentes rédigées après sa fuite à Médine.

Dans l’ouvrage A Simple Koran, Bill Warner aide les lecteurs à surmonter cette confusion en reclassant les sourates du Coran dans leur ordre chronologique sur les vingt-trois années au cours desquelles Mohamed a propagé sa nouvelle religion. Cet agencement, composé presque entièrement des textes du Coran, accompagnés de quelques explications et sous-titres, donne une bonne introduction de la manière dont l’islam a évolué pendant la vie de Mohamed, ainsi que des éclaircissements sur la division fondamentale entre ceux que Aayan Hirsi Ali a appelés « les musulmans de la Mecque » et les « musulmans de Médine ».

Les premières sections du Coran, datant de la Mecque, découlent de la conversion de Mohamed au monothéisme après son renoncement aux multiples religions polythéistes qui prévalaient autour du sanctuaire de la Kaaba à La Mecque. Certaines sources affirment que les divinités adorées dans cette ville étaient au nombre de 360. Mohamed prêcha alors la soumission à un seul et unique Dieu, Allah.

Mais il y avait un petit dérapage : Mahomet semble avoir permis de vénérer trois déesses en même temps qu’Allah. Selon la biographie d’Ali Dachti, Twenty-Three Years, deux versets de la sourate II (19-22) étaient à l’origine libellés ainsi : « Avez-vous considéré Lat et al’ Uzza ? Et l’autre, Manat, la troisième, l’autre ? Ce sont les grues des hauteurs. Nous devons donc espérer leur intercession. »

Ce passage semble reconnaître le caractère divin des trois déesses, à l’égal d’Allah. Mais Allah a finalement réprimandé Mahomet à cause de ces « versets sataniques » qui ont été corrigés dans les versions ultérieures du Coran. Un strict monothéisme a été la seule religion par la suite. (Salman Rushdie a écrit un roman où figure ce passage et se trouve toujours sous le coup de la fatwa lancée contre lui par l’ayatollah Khomeiny).

Les sections les plus anciennes du Coran récrivent l’Ancien Testament, racontant comment Abraham, Lot, Moïse etc. étaient en réalité des musulmans qui ont rejeté l’islam et fini en enfer. De nombreuses histoires sur Moïse (n’ayant que peu à voir avec la version biblique) enjolivent le tout.

Ces révisions islamiques de l’Ancien Testament sont accompagnées de constantes menaces d’éternelles tortures en enfer pour les Kafirs (non-musulmans) qui ne veulent pas se convertir. C’est l’amorce d’un thème constant dans le Coran qui contient 290 vers sur l’enfer et plus de 300 références à la crainte d’Allah auquel une soumission (islam) totale, d’esclave à maître, est demandée. Par exemple : « Oui, les incrédules, parmi les gens du Livre et les polythéistes seront dans le Feu de la Géhenne. Ils y demeureront immortels : voilà le pire de l’humanité (sourate XCVIII, 6).

Par contre, ceux qui ont accepté le message de Mahomet auront une récompense céleste « sur des lits de repos », servis par « des éphèbes immortels » qui leur apporteront des fruits et des coupes de vin et la « chair des oiseaux » qu’ils désireront ainsi que les faveurs de virginales houris. [LVI, 17-21]

Les habitants de La Mecque, doutant des talents prophétiques de Mahomet, lui réclamèrent des Signes prouvant qu’il était un prophète authentique. Mahomet cita une litanie de phénomènes en guise de Signes (« la succession du jour et de la nuit », « l’eau qu’Allah fait descendre du ciel », « la foudre », « les variations des vents », « le feuillage vert et les moissons », « votre sommeil pendant le jour et la nuit », « votre quête des bienfaits d’Allah », « le navire qui vogue sur la mer comme des montagnes » etc. Exaspéré par ces demandes persistantes de Signes, Mahomet répond : « Les Signes sont uniquement auprès d’Allah. Je ne suis qu’un avertisseur explicite. Ou bien ne leur a-t-il pas suffi que nous fassions descendre sur toi le Livre qui leur est récité ? » (XXIX, 48). En d’autres termes, le Coran lui-même est un miracle suffisant pour le confirmer en tant que prophète.

Mahomet n’eut pas beaucoup de succès à La Mecque ; il n’y fit que 150 convertis. Mais il eut quelques disciples à Médine et c’est là-bas qu’il s’enfuit quand la situation devint trop dangereuse à La Mecque.

L’Hégire (émigration) de Mahomet et de ses disciples à Médine eut lieu en 622. Médine à l’époque était une bourgade à moitié juive et à moitié arabe. Les Juifs, la classe riche, étaient surtout des agriculteurs et des artisans. Ils avaient des alliés parmi les Arabes, mais une atmosphère d’animosité et d’envie prédominait. Certains Arabes croyaient qu’un prophète allait venir les conduire à la victoire sur les Juifs. Mahomet sembla très vite être celui qu’ils attendaient. Ils prêtèrent un serment de loyauté à Mahomet et offrirent de le protéger, les armes à la main, si nécessaire.

Mahomet se mua alors en seigneur de la guerre et commença à lancer des raids armés contre des caravanes de marchands se rendant à La Mecque. En neuf ans, il perpétra soixante-cinq raids (participant directement à vingt-sept d’entre eux), ainsi que divers assassinats et exécutions.

Les menaces de l’enfer frappant ceux qui rejetteraient Mahomet deviennent pittoresques : Allah va effacer « les visages, soit que nous les fassions retourner en arrière, soit que nous les maudissions » (IV, 47), «  des vêtements de feu seront taillés pour les incrédules, on versera sur leurs têtes de l’eau bouillante qui brûlera leurs entrailles et leur peau. Des fouets de fer sont préparés à leur intention » (XXII, 19).

Quant à Mahomet lui-même, Allah commence à lui accorder des privilèges spéciaux : sa part du butin (limitée à un cinquième du total) et des épouses et des esclaves féminines en plus grand nombre que celui fixé pour les autres (le harem de Mahomet comprenait à la fin neuf épouses et plusieurs esclaves-concubines).

Une nouvelle vague de violence explosa quand les Juifs de Médine et même de nombreux Arabes rejetèrent l’insistance de Mahomet à se prétendre un prophète envoyé par Allah. Le djihad islamique devint une arme essentielle pour la propagation de l’islam en Arabie et ailleurs. Un quart des sourates de Médine sont des exhortations au djihad et des promesses de récompenses non seulement pour la communauté musulmane mais aussi pour des guerriers en particulier.

Dans ses dernières années, Mahomet commença à ses comporter en roi/prophète. Chaque aspect de la vie fut régi par lui : les heures des prières, les interdits alimentaires, le port du voile, les successions, les testaments, les pénalités pour les crimes, la répartition des impôts etc, tous ces éléments sont spécifiés comme des mandats conférés par Allah.

En résumé, une lecture chronologique et biographique du Coran fait ressortir les énormes différences entre les premières parties et les dernières. Il n’est pas fait mention du djihad dans le Coran datant de La Mecque, pas plus que de l’antisémitisme, on n’y trouve que de pacifiques appels à la conversion. Mais à l’époque de Médine, nous assistons à la formation progressive d’une véritable armée, incitée à conquérir le monde pour le soumettre à l’islam.

Par conséquent, cette « religion de paix » repose effectivement sur quelques sourates du Coran, mais comme l’histoire de l’islam et les événements actuels le démontrent, le nombre de sourates du Coran justifiant la violence du djihad est peut-être plus important.

Tableau : Le jour du Jugement dernier par Mahomet Modabber, 1897 [Reza Abbasi Museum, Téhéran]

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/12/09/the-two-religions-of-the-koran/

Howward Kainz est professeur émérite de philosophie à Marquette University. Ses dernières publications comprennent : Natural Law : an Introduction and Reexamination (2004), Five Metaphysical Paradoxes (The 2006 Marquette Aquinas Lecture), The Philosophy of Human Nature (2008) et The Existence of God and the Faith-Instinct (2010).