Pour rester fidèle au Christ, l’Église doit continuellement faire un effort de conversion et de redressement. Œuvre sainte et divine gérée par des hommes, elle n’est pas pour autant exempte de défauts et de fautes commises par ses membres. Lorsqu’éclate la crise protestante, au sein de la hiérarchie comme dans le peuple de Dieu, nombreux sont ceux qui, ne se contentant pas – à la différence de Luther –, de dénoncer les maux de l’Église et rompre avec elle, ont voulu les soigner.
Dès le XVe siècle, en plein scandale du grand schisme d’Occident, qui a vu jusqu’à trois papes se disputer la tiare, des saints ont réagi. Les initiatives se multiplient dans la première moitié du XVIe siècle : création, en 1528, des Capucins, branche réformée des Franciscains, des Théatins par Gaétan de Thiène, des Barnabites par Antoine-Marie Zaccaria, des Ursulines par Angèle Merici, de la Compagnie de Jésus par Ignace de Loyola. Tous partagent l’intuition exprimée au concile de Latran V, en 1512 : « Ce sont les hommes qu’il faut changer par la religion, non la religion par les hommes. »
Convoqué pour résoudre ces troubles, Latran V n’a pourtant abouti à rien, faute de volonté forte de la papauté. Et la situation n’a cessé de s’aggraver. Aux scandales de mœurs d’un Alexandre VI Borgia – d’une orthodoxie au demeurant irréprochable –, au népotisme éhonté de la Curie romaine et des pontifes, s’ajoute, en 1520, la rupture luthérienne qui entraîne une partie de l’Allemagne, de la Suisse, de l’Europe centrale et le monde scandinave dans le schisme et l’hérésie. En 1527, c’est la prise et le sac de Rome par les troupes protestantes mutines du pourtant catholique Charles-Quint ; la victoire des Turcs en Hongrie et leur mainmise sur la Méditerranée ; et, en 1533, la séparation de l’Église d’Angleterre sous l’impulsion du roi Henri VIII.
Le concile de Trente
Peu après son élection, en 1534, Paul III Farnèse, héritier de ces désastres et d’une Rome au bord de l’effondrement, soupire : « En ces jours-là, tout était plein de haines et de dissensions. Partout, s’opposaient les uns aux autres les Princes à qui Dieu confia le gouvernement. L’unité du nom chrétien était disloquée par les schismes et les hérésies. Les Turcs, par mer et par terre, progressaient partout. […] La colère de Dieu s’abattait sur nous tous, pécheurs. »
Devant ce désastre, il envisage le recours au concile mais, dans le discrédit où se trouve la papauté, redoute qu’une convocation des Pères conciliaires ne les incite à s’emparer du pouvoir au détriment du Souverain pontife. Avant tout, il convient d’imposer à la Curie et à la papauté une réforme interne qui passe par la création de cardinaux pieux et probes. Paul III attend 1537 et les résultats de ses efforts pour annoncer la convocation du concile, mais se heurte à tant d’obstacles que son ouverture attendra le 13 décembre 1545, à Trente, au Tyrol autrichien. Mener l’œuvre à bien prendra dix-huit ans, non sans interruptions multiples et risque d’échec.
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