Les commandements de la vigne - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Les commandements de la vigne

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Dans l’évangile de dimanche (6 mai), Notre Seigneur parle de choses qui résonnent profondément dans le cœur de l’homme : l’amour, la joie et l’amitié. Tous nous désirons ces choses, aussi nous nous délectons de Ses paroles : « Demeurez dans mon amour… Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite… Je vous ai appelés amis… »

Mais ensuite il parle également d’une chose moins attrayante : des commandements ; « si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour… Voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés… Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. »

Comment concilier tout cela ? D’un côté, le charme de l’amour, de la joie et de l’amitié. De l’autre, le fardeau des commandements. Ou exprimé autrement : pourquoi ne pouvons-nous obtenir l’amour, la joie et l’amitié qu’en obéissant à Ses commandements ?

Tout d’abord, parce qu’en raison de notre nature humaine déchue, nous ne comprenons pas l’amour, la joie et l’amitié. Notre intelligence obscurcie ne les voit pas clairement et accepte facilement des contrefaçons.Et notre volonté affaiblie et égoïste les déforme pour en faire ce que nos passions souhaitent. Nous avons besoin de l’enseignement du Christ pour éclairer nos esprits et nos cœur de façon à ce que nous puissions saisir la véritable signification de ces bénédictions. Ce n’est qu’en Lui, vrai Dieu et vrai homme, que nous voyons l’amour authentique, la joie vraie, l’amitié véritable. Sans Lui, nous n’avons que les versions naturelles blessées de ces choses primordiales, versions qui incitent facilement à se tromper et à faire souffrir.

Non seulement Il a aimé à la perfection en ce monde, mais Il est l’Amour Incarné. Donc, à moins que son amour parfait ne soit le modèle, notre amour risque de n’être que sentimentalité – au mieux idiote, au pire cruelle. Détaché de la Vérité, nos affections tendent vers la sensiblerie qui a causé tant de dommages dans nos familles et notre société. Et cela, selon les mots célèbres de Flannery O’Connor « conduit à la chambre à gaz ».

Il a vécu une vie authentiquement joyeuse, dans un abandon complet au Père et au milieu des pires souffrances. Sans cet exemple, nous rechercherions l’autosatisfaction, l’amusement ou les plaisirs physiques plutôt que la joie.

Enfin, Il s’est montré le parfait ami, aimant les siens dans le monde et les aimant jusqu’au bout (Jean 13:1). Sans Son exemple pour nous instruire, il y a de fortes chances que nous nous installions dans des relations superficielles travesties en amitiés. Cela peut déboucher sur la banalité des copains de beuverie ou la brutalité des mafias.

Mais ce ne sont pas seulement Ses mots et Son exemple qui nous apportent la réalité des dons les plus grands. De fait, l’enseignement de Notre Seigneur – et même son exemple salutaire – peuvent devenir ce qui semble être un fardeau extérieur frustrant sur nos épaules. Nous ne pouvons pas espérer imiter Son exemple ou vivre Ses commandements par nos seules forces. C’est seulement par le biais de l’union transformante avec Lui que nous avons la capacité d’atteindre et d’imiter Son amour, Sa joie et Son amitié. A moins qu’Il ne vienne à notre aide, ses commandements deviennent une torture.

Donc nous devons entendre les commandements de Notre Seigneur dans leur contexte, précisément à la lumière de Ses paroles précédentes sur la vigne et les sarments : « Demeurez en moi comme je demeure en vous… Je suis la vigne et vous êtes les sarments. » Il parle de l’union avec Lui avant de parler de l’obéissance envers Lui. L’union précède l’obéissance et la rend possible.

La sève de la vigne circule dans les sarments. Son amour, Sa joie et Son amitié sont toujours en nous parce que nous sommes greffés sur la Vigne. Ainsi Ses commandements ne nous viennent pas de l’extérieur mais de l’intérieur de nous-mêmes. Ils nous aident à devenir ce que nous sommes vraiment. Ils ne nous sont pas plus étrangers que la sève de la vigne n’est étrangère aux sarments. Obéir à Ses commandements signifie simplement rester sur la vigne et rester fidèles à ce qu’Il a fait de nous.

Notre Seigneur peut commander ce qu’il nous demande parce qu’Il nous a déjà donné la grâce pour répondre. Ainsi Saint Augustin pouvait prier : « da quod iubes et iube quod vis » (donne ce que Tu commandes et commande ce que Tu veux), pleinement confiant que Dieu avait, en effet, déjà donné la grâce pour vivre Ses commandements.

Le contexte plus large des paroles de Notre Seigneur est la Dernière Cène, quand Il a établi le sacrement de l’amour, de la joie et de l’amitié. Ainsi c’est principalement par la réception fréquente et fervente de la Sainte Communion que nous demeurons en Lui et Lui en nous. C’est par cette union avec Lui – en demeurant sur la vigne – que nous les sarments recevons la grâce d’aimer, de nous réjouir et d’être amis comme Il nous l’a commandé.

Le père Paul Scalia est vicaire épiscopal dans le diocèse d’Arlington (Virginie).

Illustration : « Christ, la vraie Vigne », icône byzantine orientale du 16e siècle [musée chrétien et byzantin d’Athènes]

Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/05/06/the-vines-commands/