Les combats de José Bové - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Les combats de José Bové

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Je ne sais si je pourrai assister lundi prochain, au centre Bernanos, au débat qui doit avoir lieu entre Jean-Luc Marion et José Bové. La rencontre n’est pas banale entre le philosophe et le militant écologiste, qu’on imagine vivre sur leurs planètes particulières. Appelés à discuter sur Mai 68, on attend avec intérêt leurs regards croisés sur un événement qu’ils ont dû vivre très différemment. José Bové, bien connu pour ses débuts au Larzac et tout ce qui s’en est suivi, a abandonné ses études très tôt, et il n’a sûrement pas les mêmes intérêts intellectuels que son interlocuteur. Je note, toutefois, deux rencontres décisives dans sa jeunesse : celle de Lanza del Vasto et celle de Jacques Ellul. Deux sacrées personnalités, deux chrétiens qui se retrouvaient sur le terrain écologique, à partir, eux aussi, de formations très différentes.

Je ne puis me défendre du sentiment que ces deux penseurs n’ont pas seulement influencé le jeune José Bové sur le terrain de la défense de la nature et de la méfiance à l’égard d’une certaine domination de la technique. Ou plus exactement, cette méfiance à l’égard de l’instrumentalisation de notre humanité était fondée sur des convictions anthropologiques extrêmement solides, qui ont forcément marqué le jeune homme. Et je suis intimement persuadé que leur christianisme a dû aussi compter pour lui.

C’est pourquoi je ne suis pas étonné de l’engagement actuel de José Bové contre la gestation pour autrui. Il a récemment co-signé une tribune à ce sujet, et il s’en est expliqué, samedi, dans un entretien au Monde : « Cette pratique fait partie d’un marché mondialisé, qui constitue une nouvelle forme d’appropriation du corps féminin. C’est la suite logique de ma réflexion sur la manipulation du vivant, sur l’exploitation, l’esclavage, la domination des uns sur les autres. Est-ce parce qu’une technique est possible qu’il faut l’utiliser ? À un certain moment, il faut dire non. » Cette déclaration rejoint une autre intervention encore plus explicite de l’intéressé à la jeune revue Limite il y a quelques mois. Mais il parlait alors de la procréation médicalement assistée : « La PMA, disait-il, c’est la boîte de Pandore : eugénisme et homme augmenté. » Il s’est fait rudement cartonné à gauche pour cette prise de position courageuse. Mais cela n’est pas pour l’impressionner dans ce combat tout à fait essentiel. Merci, José Bové !

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 12 mars 2018.

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Photo : Jacques Ellul