Les Chantiers du Cardinal sont un organisme bien connu des fidèles des diocèses de la région parisienne. Chaque année, ses responsables font appel à leur générosité, pour la construction de nouvelles églises nécessaires en raison de la croissance urbaine, et aussi pour l’entretien des églises plus anciennes et des locaux paroissiaux. On sait que toutes les églises construites depuis la loi de séparation de l’Église et de l’État de 1905 sont à la charge des diocèses, tandis que les églises construites avant appartiennent aux communes et les cathédrales aux départements. C’est une lourde charge pour une Église de France qui n’est pas riche, contrairement aux préjugés qui courent encore dans certains milieux anticléricaux. Nous ne sommes pas dans la situation de l’Église d’Allemagne, forte d’un impôt qui lui revient et lui permet une très honnête aisance. À quoi s’ajoute d’ailleurs un impressionnant appareil caritatif, financé lui aussi sur fonds publics.
Il va sans dire que les catholiques français ont un devoir immédiat à soutenir les Chantiers du Cardinal, grâce auxquels ils ont la possibilité de prier et d’exercer toutes les missions qui sont du ressort d’une paroisse, à commencer par la catéchèse. Leur générosité ne s’est d’ailleurs jamais démentie, et chacun est à même d’admirer quelques uns des plus beaux fleurons réalisés à l’aide des Chantiers. Je pense personnellement à la toute nouvelle cathédrale de Créteil, qui a donné un véritable élan au diocèse.
Mais cette année, les Chantiers du Cardinal ont choisi de s’adresser à un nouveau public, celui des non-pratiquants à même de comprendre l’intérêt de la présence des sanctuaires chrétiens au sein de leurs villes et de leurs villages. Peut-on concevoir chez nous, même pour un agnostique, une ville sans église ? Non, car ce serait une souffrance aussi bien pour celui qui croit au Ciel que pour celui qui n’y croit pas. On se souvient du fameux poème d’Aragon « La rose et le réséda ». Tous ceux qui comprennent qu’il faut donner du sens à la vie communautaire savent que le clocher de l’église qui domine les toits est indispensable. Celui qui ne croit pas au Ciel, ou a de la difficulté à croire, peut s’associer aux Chantiers du Cardinal par sens esthétique, un sens qui va au-delà du sentiment du beau.