Les catholiques au cœur du politique - France Catholique
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Les catholiques au cœur du politique

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Nous avons salué la venue de Pierre Manent à l’Assemblée des évêques de Lourdes, en raison de la pertinence de ce philosophe de la politique et de son indépendance d’esprit. À une heure de grande consultation nationale, où on s’interroge sur le poids des catholiques dans les affaires publiques, lui insiste sur la centralité de leur mission. Rien ne serait plus nuisible, en effet, qu’un repli communautaire qui jouerait dans le sens d’une dislocation du corps de la nation, alors qu’on déplore avec justesse les risques du communautarisme. Les catholiques ne forment pas un groupe parmi d’autres, avec l’intention de s’affirmer comme un lobby soucieux de son seul sort. Ils ont d’abord en vue le bien commun qui est plus encore que l’intérêt général, car il renvoie à des coordonnées qui dépassent l’ordre des utilités immédiates.

À nos confrères de Famille chrétienne, Pierre Manent a donné l’exemple de l’intervention du cardinal André Vingt-Trois au moment de l’assassinat du père Hamel. C’était bien sûr la communauté catholique qui était visée en priorité par l’attentat, mais il fallait échapper au piège d’une singularisation, alors que c’était l’unité du pays et la solidarité de tous les Français qu’il fallait affermir. Par ailleurs, à un moment où la question de l’islam se pose avec acuité, le philosophe redit sa conviction (déjà exprimée dans son ouvrage Situation de la France, Desclée de Brouwer), que l’Église catholique est en mesure d’éclairer l’opinion et même les pouvoirs publics sur une religion qu’elle connaît bien en vertu de son expertise théologique et du fait des contacts étroits qu’elle entretient au sommet et à la base avec nos compatriotes musulmans. Il va même encore plus loin en associant à l’islam le judaïsme et les droits de l’homme.

L’Église, en effet, est forte de sa propre expérience historique et de l’étape décisive qu’a constitué pour elle l’aggiornamento de Vatican II. En posant clairement la question de ses relations avec toutes les autres religions, par ordre de priorité, alors même qu’elle réexaminait sa situation dans le cadre du régime libéral, avec l’analyse des conditions d’une vraie liberté de conscience, l’Église catholique s’engageait dans une entreprise nouvelle, avec sa part problématique, qui anticipait sur la figure du monde actuel. Un monde qui s’exprime dans un tout autre langage, avec des incertitudes qui réclament la coopération de tous ceux qui n’ont pas craint de s’aventurer dans une ère inédite de l’histoire.