En cette année que l’Église consacre au sacerdoce et au lendemain du dimanche pour les vocations, je me vois encore obligé de prendre la défense des prêtres, qui sont l’objet dans les médias d’attaques inadmissibles. Je citerai par exemple le dernier éditorial de l’Express signé Christophe Barbier, qui m’a soulevé le cœur de dégoût. L’actualité n’excuse pas tout, d’autant que la façon sélective dont sont présentés certains faits constitue une des plus étonnantes imposture de l’époque.
Je résume : on veut nous asséner que l’Église catholique serait une structure perverse, accueillante au pédophile qu’au surplus le pape protégerait. J’affirme qu’une telle rumeur, diffusée constamment, est une ignominie. S’il y a un scandale de la pédophilie aujourd’hui, il n’est pas seulement dans l’Église très loin de là. Les chiffres l’attestent, notamment aux États-Unis. Et si l’on veut éradiquer ce fléau, c’est surtout ailleurs qu’il faut agir, dans les milieux des ONG et de l’aide internationale où il a pris malheureusement des proportions effrayantes.
Mais pour en revenir au clergé catholique, il nous faut défendre son honneur parce qu’il est exemplaire en abnégation et en dévouement et parce que la façon dont un Christophe Barbier le stigmatise comme un « bas clergé » est insupportable. Qu’est-ce qui autorise, par ailleurs, un journal qui n’a aucune compétence dans le domaine théologique et aucun engagement ecclésial à régenter la vie de l’Église, en sommant celle-ci d’abolir le célibat sacerdotal ?
Il y a quelques semaines, c’était l’éditorial du Monde, qui, de façon péremptoire, affirmait que ce même célibat constituait un anachronisme en notre temps. Ce qui, entre parenthèse, est une affirmation bien sotte. Le célibat a toujours constitué une ascèse, que seul l’engagement total pour le Royaume justifiait. Il était aussi difficile à admettre aux origines du christianisme, qu’au Moyen-Âge, à la Renaissance ou sous les Lumières. Je ne vois vraiment pas en quoi, de ce point de vue, la nature humaine aurait changé. De plus, comment est-il possible de faire la leçon au Pape et à l’Église en écrivant comme Christophe Barbier que celle-ci doit en finir avec le célibat parce qu’« une religion fondée sur l’amour puisse en interdire à ses ministres la forme la plus élémentaire serait intenable » ? Voilà un genre d’affirmation dont Léon Bloy aurait dit qu’elles font « hennir les constellations» par leur sottise satisfaite et l’incroyable ignorance qu’elles manifestent.
Non, monsieur Barbier, le célibat sacerdotal n’est pas un déni de l’amour, c’en est la plus haute expression au contraire. Qui n’a pas compris cela à l’école de l’Évangile et de nos plus grands saints demeure étranger à ce que Chateaubriand appelait « le génie du christianisme ». Mais prenons garde, l’actuelle offensive contre l’Église et les prêtres relève d’un totalitarisme sournois, celui qu’Éric Naulleau relevait samedi soir sur France 2 à l’encontre d’une Caroline Fourest qui entend, elle aussi, exercer une police orwellienne de la pensée, avec cette extraordinaire prétention d’organiser une Église à laquelle on est étranger selon les canons de sa propre idéologie. Attention : c’est notre liberté la plus profonde, la liberté religieuse, la liberté de l’esprit, la liberté de conviction qui se trouve mise en péril !
Gérard LECLERC
Chronique sur Radio Notre-Dame du 26 avril