Les amazones face à l’amour et à la guerre - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Les amazones face à l’amour et à la guerre

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Il y a des catholiques (des hommes et des femmes, mais, à mon avis, surtout des hommes) qui prennent au pied de la lettre ce que dit saint Paul dans sa lettre aux Ephésiens (5,22) : « Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur ». Je crois que certains d’entre eux seront également prompts à citer le traitement réservé aux femmes par l’islam en vertu d’une très stricte application de la charia pour illustrer l’infériorité des musulmans par rapport aux chrétiens en ce qui concerne l’approche des relations entre les sexes.

Ce qui ne veut pas dire que la gent masculine adhère à présent en grand nombre (ou a jamais adhéré) à la formule d’Arthur E.Hertzler (1870-1946), le docteur du Kansas « adepte de la voiture à cheval » qui inventa la formule plutôt contestable : « La seule façon de rendre une femme heureuse est de la rendre enceinte et de la garder pieds nus ».

Pour la plupart d’entre nous il suffirait au XXIe siècle que les gens considèrent les femmes comme elles-mêmes souhaitent l’être: certaines d’entre elles comme des mères au foyer de familles nombreuses, d’autres comme des employées mères célibataires d’un seul enfant et d’autres encore comme des professionnelles préférant leur carrière au mariage. Ce n’est pas exactement un manifeste d’égalité sexuelle, mais cela fera l’affaire.

A notre époque (comme à toutes les époques précédentes), seule une femme peut concevoir un enfant et lui donner naissance, et cette différence est essentielle. Dieu seul sait ce que l’avenir nous réserve à cet égard, mais pour l’instant, l’homme et la femme ont dans la reproduction des rôles biologiques bien distincts.

Par le passé, quand nous avions l’habitude de parler du « sexe faible », ce n’était pas tant pour reconnaître une supériorité psychologique, morale, voire physique quelconque des hommes que pour constater la vulnérabilité potentielle de la femme. En fait, la plupart des hommes possèdent une plus grande force physique que la majorité des femmes, mais la véritable différence entre les sexes est très claire quand la femme est enceinte. C’est alors qu’elle a le plus besoin de la protection de son époux.

Tout ce qui précède est un prélude aux observations que m’inspire l’annonce faite en décembre 2015 par le Secrétaire à la Défense, Ashton Carton, concernant l’intégration totale des femmes dans les unités de combat d’élite des forces armées des Etats-Unis.

A l’heure actuelle, les femmes constituent un peu plus de 15% des forces armées ; ce pourcentage est plus élevé dans l’armée de l’air (19%) et la marine (18%), plus faible dans l’armée de terre (14%) et dans le corps des « marines » (8%). Les femmes représentent un pourcentage encore plus élevé dans le corps des officiers des services : près de 17% des lieutenants, enseignes de vaisseau et officiers supérieurs sont des femmes.

Il ne fait aucun doute qu’il y a des femmes capables de devenir membres des services spéciaux d’intervention dans la marine – des Navy SEAL [Sea Air Land] (pour citer le corps d’élite le plus exigeant). Ce qui n’implique pas que nous devrions nous attendre à ce qu’une femme devienne un SEAL dans un proche avenir, parce que le taux historique d’échec chez les hommes dans le programme d’entraînement à la démolition sous-marine (SEAL(BUD/S) est d’environ 80%.

Mais étant donné le niveau d’entraînement physique que de nombreuses femmes choisissent de nos jours (pensez aux meilleures concurrentes engagées dans l’Entraînement croisé (CrossFit) qui combine des exercices de force et d’endurance à un niveau de classe mondiale), il y a sûrement un petit nombre d’entre elles assez robustes pour affronter le programme BUD/S d’une durée de vingt-quatre semaines qui est si éprouvant pour le corps et l’esprit. Cela vaut aussi pour l’armée de terre et l’infanterie de marine.

Mais ces guerrières seraient-elles bien accueillies par leurs compagnons d’armes ? J’ai posé cette question à deux jeunes vétérans, un soldat et un « marine ». Ces deux hommes, d’anciens officiers de combat, ont été plus encourageants que je ne m’y attendais. Le soldat, plus jeune que le « marine », était plus optimiste.

Le « soldat » (c’est ainsi que je vais le désigner, l’autre interlocuteur étant le « marine ») m’a répondu que mes soucis quant à la tension sexuelle suscitée par la grande proximité inhérente au combat étaient exagérés. Le combat ne se prête pas au flirt. Et si une situation de ce genre surgissait, selon le soldat, sa gestion, voire sa suppression relèveraient du commandement.

Le « marine », qui a quelques années de plus, a acquiescé, mais seulement jusqu’à un certain point. Il ne mettait pas en doute l’aptitude des femmes au combat, mais était moins certain que même les meilleurs officiers seraient toujours en mesure de régler efficacement le problème supplémentaire que constitue le binôme hommes/femmes. Et il a signalé que la décision du Secrétaire Carter avait été prise, bien que l’étude réalisée par le corps des marines lui-même indiquât que les unités intégrant les deux sexes étaient moins efficaces que les unités purement masculines.

Mais le soldat et le marine étaient tous deux inflexibles sur un point : les critères d’aptitude au combat ne devaient en aucun cas être revus à la baisse pour s’adapter aux femmes. Le soldat m’a expliqué :

Je refuse de me demander si les femmes qui ont récemment gagné leurs insignes de Ranger [forces spéciales de l’armée de terre] ont bénéficié d’un traitement spécial. Si leurs instructeurs leur ont délivré leurs diplômes, elles ont été reçues, et c’est vraiment tout ce qui compte. Le fait qu’elles aient même décidé d’entrer à l’école des Rangers prouve leur supériorité par rapport à la majorité des hommes dans l’armée. En tout cas, l’Ecole des Rangers est avant tout un cours de commandement et, bien que physiquement très dure, elle exige surtout de l’endurance et de la ténacité mentales. Il serait stupide de soutenir que les femmes sont privées de ces qualités.

Mon marine était de nouveau d’accord pour l’essentiel, mais redoutait que cela n’entraîne une baisse du niveau et, en tout cas, qu’une hiérarchie fonctionnant à la testostérone dans les unités d’élite puisse ostraciser les soldates. Que Dieu protège la femme qui est le « maillon faible » de son unité. Et mon marine était surtout préoccupé par les raisons motivant cette intégration sexuelle qui n’ont rien à voir ni avec les aspirations ni avec l’efficacité :
L’objectif principal de la Maison Blanche à l’heure actuelle est de développer les idées progressistes. Le secteur militaire est depuis longtemps le lieu de la transformation sociale, parce que les [militaires] doivent suivre les règles (à la différence des employés du secteur privé). Mais l’armée a essentiellement pour but de rassembler nos meilleurs éléments pour protéger notre pays et en fin de compte tuer nos ennemis. Telle doit être sa seule et unique vocation.

Reste à voir si cette motivation socio-politique aidera les hommes et les femmes qui seront désormais ensemble sur les lignes de front. Et nous le verrons. Nous le verrons quand nos modernes amazones agoniseront sur de lointains champs de bataille.

Jeudi 5 mai 2016

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/05/16/amazons-in-love-and-war/


Tableau : Jeanne d’Arc par John Everett Millais, 1865

Brad Miner est un des rédacteurs principaux de The Catholic Thing, directeur de recherche du Faith&Reason Institute et membre du conseil d’administration d’Aid to the Church in Need USA. C’est aussi un ancien rédacteur littéraire de la National Review.