L’actualité immédiate m’a empêché, hier matin, de célébrer le 91e anniversaire de notre pape émérite, Benoît XVI ! Je tiens à réparer cette omission, car j’ai une admiration totale à l’égard de cette belle personnalité, à laquelle l’Église universelle doit tellement ! J’avoue que le jour où nous avons appris son renoncement, j’ai sérieusement accusé le coup. C’est comme si une longue histoire personnelle s’interrompait brusquement. Car mes premiers souvenirs de Joseph Ratzinger datent des débuts de Vatican II, donc de 1962, alors que jeune théologien, il accompagnait le cardinal Frings, archevêque de Cologne, comme conseiller personnel. Mais son rôle au concile dépasse de loin cette mission particulière, car il fut associé à la rédaction des textes fondamentaux de Vatican II. Son collègue Yves Congar lui a rendu témoignage à ce propos, en saluant ses interventions essentielles dans les commissions conciliaires sur des sujets qui réclamaient des mises au point doctrinales aiguës.
Le cardinal de Lubac, que j’ai eu le privilège de côtoyer durant les dernières années de sa vie, appuyait dans le même sens. Son ami, le docteur Ratzinger était un excellent théologien de profession qui regroupait autour de lui les meilleurs candidats au doctorat. De fait, le futur Benoît XVI ne songeait nullement à abandonner sa chaire universitaire pour accéder aux plus hautes fonctions hiérarchiques. Ce fut, sans doute, un lourd sacrifice pour lui d’obéir à la requête de Paul VI, lorsqu’il fut nommé archevêque de Munich. Plus tard, j’ai eu à Rome l’écho de l’insistance de Jean-Paul II pour le faire venir à la Congrégation pour la doctrine de la foi. Il fut aux côtés du pape polonais un conseiller et un collaborateur de premier ordre, ne serait-ce que pour préparer les principaux documents de son magistère.
À la mort de Jean-Paul II, le cardinal Ratzinger apparut comme le successeur naturel, et pourtant il devint Pape malgré lui. Il a même évoqué le couperet de la guillotine à propos du dernier scrutin du conclave de 2005. Son pontificat ne fut pas particulièrement facile. Il fut souvent en proie à des attaques injustes. Mais il porta la charge avec humilité et résolution. Son statut singulier de pape émérite lui offre une fin de vie plus paisible. Il nous plaît, avec gratitude, de lui souhaiter un très heureux anniversaire.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 17 avril 2018.
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