Une fois de plus, éloignons-nous de l’actualité politique et de ses passions tristes. C’est l’actualité culturelle qui pourrait nous en consoler. Pourtant, je n’ai pas encore vu La confession le film de Nicolas Boukhrief dont mes amis critiques de cinéma me disent tant de bien, mais j’ai très envie d’en parler, car le sujet m’inspire, à divers titres. Tout d’abord, j’admire beaucoup le talent de Béatrix Beck, la romancière de Léon Morin, prêtre qui a inspiré ce nouveau film. Je dis nouveau, car il y avait déjà eu en 1961 le film de Jean-Pierre Melville, qui reprenait le titre du roman qui avait obtenu le prix Goncourt à cette époque. J’avais été subjugué par le talent des deux principaux personnages, Jean-Paul Belmondo et Emmanuelle Riva, qui vient de nous quitter. De Belmondo qui jouait habituellement les mauvais garçons, je ne m’attendais vraiment pas à une telle incarnation du prêtre. Incroyable !
À son propos, François Mauriac avait écrit sur le moment : « Qu’un bon acteur puisse devenir n’importe quelle créature, entrer dans toutes les peaux, je le savais. Mais ici il fallait devenir ce saint qui ne sait pas qu’il est un saint et qu’il fût en même temps ce garçon aimé d’une jeune femme et qui sait qu’il est aimé. » On ne pouvait mieux dire, et je lis des appréciations semblables à propos de l’acteur qui a succédé à Belmondo, Romain Duris, dont Marie-Christine d’André écrit qu’il est « aérien, rayonnant, crédible en prêtre soucieux du salut des âmes ».
J’ai appris à cette occasion – à moins de l’avoir oublié entretemps – que Béatrix Beck avait, en fait, raconté un épisode de sa propre vie, et que le prêtre incarné par Belmondo et Duris avait vraiment existé. Le Point nous donne un témoignage familial très intéressant sur cet abbé Jules-Albert Peillet décédé en 1998 et dont la personnalité fut tout à fait digne de sa transposition romanesque et cinématographique. Voilà, en tout cas, un événement culturel qui nous réconforte. En 2017, un cinéaste et des acteurs sont encore capables de tenter l’aventure qui consiste à comprendre la vie spirituelle et le mystère du sacerdoce, à l’heure où l’une et l’autre sont si souvent maltraités.