Le véritable amour des "bipèdes sans poil" - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Le véritable amour des « bipèdes sans poil »

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Le livre de C.S. Lewis The Screwtape Letters 1aborde les voies par lesquels l’esprit diabolique contrecarre la grâce et la vérité venant de Dieu.

Robert Reilly, dans son nouveau livre Making Gay OK (Rendre l’homosexualité acceptable) remarque que souvent nous sommes satisfaits de nous mentir à nous-mêmes à propos de ce que nous croyons et professons. La première citation du livre est de Malcolm Muggeridge : « les gens ne croient pas les mensonges parce qu’ils le doivent mais parce qu’ils le veulent. » Ce passage résume parfaitement ce que l’esprit diabolique cherche à établir en nous : un empressement à mentir même à propos de vérités des plus évidentes, si elles ne sont pas en accord avec nos désirs.

Dans la lettre XIV, Screwtape explique à son apprenti le fonctionnement de l’esprit divin. Le sujet est l’humilité, une vertu primordiale. Etre humble, c’est reconnaître la vérité des choses telles qu’elles sont, même en ce qui nous concerne. Mais ce qui existe en chaque chose, c’est sa valeur intrinsèque. Le diable veut détourner notre humilité pour attirer l’attention sur nous-mêmes et non sur les choses extérieures que nous reconnaissons pour ce qu’elles sont. L’homme faussement humble proclame tacitement « oh, regardez-moi ! » alors qu’il raconte à tout le monde combien il est indigne.

Le diable professeur explique que l’Esprit divin (qu’il nomme l’Ennemi) veut trouver un homme réellement humble (guère différent de l’homme magnanime d’Aristote). Il est celui qui « peut concevoir la plus belle cathédrale du monde, savoir que c’est la plus belle, s’en réjouir, sans cependant en être plus (ou moins) heureux que si c’était un autre qui l’avait conçue. » Je dois reconnaître que ce diable est un professeur de christianisme vraiment calé.

« L’Ennemi (il veut dire Dieu) veut que chaque homme soit capable, à la longue de reconnaître toutes les créatures – y compris lui-même – comme de bonnes et excellentes choses. » Remarquez que deux notions s’imbriquent ici : 1) la bonté et l’excellence existent dans les choses réelles, et 2) nous pouvons et devons apprendre à reconnaître et proclamer cette bonté et cette excellence.

Maintenant, il y a un casse-tête qui contrarie beaucoup Screwtape. « L’Ennemi » veut rendre ces créatures humaines, que le clan diabolique désigne parfois sous le vocable de « vermine », plus charitables et reconnaissantes en détruisant leur amour de soi, qui leur barre le chemin. C’est pourquoi la tactique du diable est toujours d’accroître l’amour de soi, afin que nous ne voyons plus les choses pour ce qu’elles sont, mais juste comme quelque chose qui a attiré notre attention. C’est seulement lorsque l’un de ces « gredins d’humains » est capable d’aimer son prochain comme lui-même qu’il peut enfin comprendre ce que cela signifie que s’aimer soi-même. Car en définitive, chaque personne est une bonne chose mais créée par Dieu, pas par elle-même.

Il y a une thèorie, que Lewis mentionne antérieurement dans son livre, comme quoi la raison de la haine des anges déchus envers Dieu et envers l’humanité tout à la fois tient en une prémonition des anges concernant l’Incarnation. Cela impliquait que Dieu devienne homme. Certains anges, conduits par l’un d’entre eux particulièrement brillant, Lucifer, ont pensé que c’en était trop et se sont rebellés. Après avoir été chassés de leur position originelle, ils ont passé leur temps à essayer d’embrouiller et détourner les humains de leur destinée ultime qui est, comme celle des anges, de partager intimement la vie éternelle de la Sainte Trinité. Une telle réflexion est probablement la raison pour laquelle Saint Paul nous dit que notre combat principal n’est pas contre la chair et le sang mais contre « les principautés et les puissances ». (Ephésiens 6:11)

Partant, Screwtape comprend beaucoup de la stratégie de « l’Ennemi ». Il sait comment Il s’y prend pour guider l’humanité vers la vertu, la prière et la vérité. Mais il n’a toujours pas compris ce que « l’Ennemi » trouve à ces minables humains. Il se plaint à son neveu Wormwood : « car nous ne devons jamais oublier la caractéristique la plus répugnante et incompréhensible de notre Ennemi. Il aime véritablement les bipèdes sans poil qu’il a créés. » Lire cette description de notre espèce me fait toujours sourire – les bipèdes sans poil. Screwtape ne peut pas s’imaginer comment quiconque, a fortiori Dieu, peut tomber si bas.

Le problème du diable, comme Lewis le suggère, est aussi un manque d’humilité. Il est rétif à reconnaître ce qui est bon. En quoi que ce soit. Cette répugnance est en réalité de l’orgueil. il prétend que le seul bien est ce que lui déclare bien et désigne comme tel, non ce qui est ontologiquement bien.

Mais, étant donné que Dieu (l’Ennemi) aime véritablement le « bipède sans poil », Il lui laisse toujours la dignité de sa liberté. Il autorise l’homme à ne pas répondre à Son Amour pour lui. L’homme peut envisager le bien, y compris le bien qui est en lui. Ou il peut nier qu’il ait une origine exigeant une reconnaissance ou une réponse.

Pour finir, plus d’un « bipède sans poil » ne reconnaît même pas le bien qu’ils est lui-même. Sans nécessité, il se ment à lui-même sur ce qu’il est vraiment.


Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/on-really-loving-the-hairless-bipeds.html


James V. Shall S.J. a été professeur a Georgetown University durant 35 ans. C’est l’un des écrivains catholiques les plus prolifiques aux Etats-Unis.

illustration : « Le Bien et le Mal : le Diable tentant une jeune femme » oeuvre de Victor Orsel, 1832

  1. Le livre The Screwtape Letters met en scène un diable confirmé, Screwtape, qui écrit des lettres à son neveu, diable débutant dans ses fonctions, pour le former au métier. Quand il faut allusion à Dieu, il ne le nomme pas autrement que « l’Ennemi ». Les diables, c’est bien connu, ne peuvent même pas prononcer le mot Dieu. Ce roman épistolaire est néanmoins d’une grande profondeur spirituelle.