« Le Triangle secret » : le mensonge en bande dessinée - France Catholique
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Pâques. La foi des convertis
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« Le Triangle secret » : le mensonge en bande dessinée

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Je viens de terminer la lecture d’une bande dessinée — bien dessinée —, mais que je vomis — les auteurs, nombreux, je les mets de côté — car, selon eux, aurait été « inventée » une tombe du Christ à partir de documents templiers ! Des « journalistes » veulent la « retrouver » : après de très nombreuses péripéties, l’un d’eux finit par découvrir que l’entrée de cette tombe se trouve sous le niveau d’un lac en Champagne. Il y pénètre par une voie restée secrète pendant des siècles : une fois entré, il voit le tombeau — construction sérieuse — au fond duquel est couché un squelette dont le visage est momifié : sur ce squelette un document signé Jésus, « authentifié » par les noms de la généalogie de ce fils de David, et suit un long témoignage dit de la main même de Jésus, texte qui ne nous est pas « révélé » mais que les auteurs baptisent d’unique évangile. (Les jeunes gens qui lisent de telles fadaises n’ont aucunement la capacité, sauf exceptions, de discerner le vrai du faux par une analyse sérieuse, fût-elle élémentaire car il n’est pas nécessaire d’être d’une lucidité hyper critique pour y parvenir.)

Bien entendu est imaginée une longue lignée de vigilants « gardiens du Sang » dont la mission est de « veiller » sur ce tombeau afin que nul ne soit en mesure de découvrir la forfaiture de l’Église depuis vingt siècles… Ces gardiens surviennent donc avant que ne soit secouru le journaliste pris au piège de ce tombeau secret où se tenait cachée la « parole perdue » ; ainsi aurait pu, enfin, être pulvérisée, disent les auteurs qui prennent si visiblement leur désir pour « la » réalité, deux millénaires de mensonges.

Ces visiteurs exterminent les trois amis du journaliste prisonnier du tombeau, qui sera à jamais inondé : ces crimes sous le regard de celui que l’on dit être le futur pape…

On me dit : c’est une fiction, qui pourrait prendre cela au sérieux ? Oui, bien entendu, une fiction… Mais est-elle innocente ? Le lecteur non avisé, comme pour le Da Vinci Code1., a-t-il les moyens de « relativiser », de prendre cela pour ce que c’est, une histoire sans fondement réel ? Non, ce lecteur-là va, en tout ou seulement en partie, croire à la « vérité » de ce qui est ainsi présenté. Il est très difficile de penser qu’à propos d’une telle institution, l’Église, on puisse oser présenter une fiction qui ne partirait pas de quelque chose de vrai. Plus que jamais aujourd’hui il n’y a pas de fumée sans feu…

Le public croit bien plus facilement ce qui est faux mais présenté sous le masque d’un secret gardé vingt siècle, ce qui est impossible, que ce qui est vrai depuis vingt siècles quoique difficile à croire parce que fou aux yeux du monde.

Mais qui ment ? Telle que se termine cette bédé dite Le Triangle secret 2 , le lecteur d’aujourd’hui, archi acculturé, ignorant quasi tout de l’histoire, s’imaginera que ce qui est conté dans ces pages est à la fois fascinant, sérieux, horrible en même temps que vraisemblable. Et que donc l’Église est une institution monstrueuse… comme cela est affirmé au grand jour par des Sectes à prétention scientifiques, des Cercles de réflexion, des Loges, des Partis politiques.

Admettons, quoiqu’il m’en coûte, qu’il soit conforme à la liberté d’expression de faire porter à l’Église un tel « chapeau » d’ignominie, de traficoter à ce point l’histoire, jusqu’à laisser entendre que tout personnage haut placé dans cette institution ne peut qu’être complice, est-ce conforme à la haute conception qu’il faut défendre de cette liberté, conception qui doit impliquer naturellement qu’elle ne peu en aucun cas servir le mensonge, la calomnie. Ne cessons jamais d’entendre Molière s’écrier : « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ». Une fiction basée sur la réalité d’une histoire ne peut s’arroger le droit de donner une telle image de ce qui existe.

Ainsi, l’on a écrit, il a près de cinquante ans, une pièce de théâtre sur Pie XII, et une proportion inouïe de nos contemporains juge ce saint Pape comme ayant été une sorte de compagnon de route des nazis ! Personne n’a demandé pardon pour ce mensonge que nos médias ont pourtant répandu avec le geste auguste d’un semeur de vérités conformes à la justice. Depuis, les documents se sont accumulés, les témoignages, rien n’y a fait, même si, en France, quelques journalistes, rares, ont osé tout de même défendre une réputation … qui l’avait été par un livre, dès la diffusion de ce Vicaire, par Gabrielle Tracy, alors chroniqueuse à la France Catholique

Il eut suffit, pour ôter son venin à ce Triangle secret, à rapprocher d’un symbole maçonnique, de convenir que les Templiers hérétiques, il y en eut, avaient rédigé un faux évangile remis entre les mains de l’on ne sait quel faussaire et l’on sauvait non seulement la réputation des auteurs mais aussi on lui retirait son pouvoir de nuisance.

Tout de même : comment respecter la liberté d’expression quand des arguments camouflés — car la bédé en question est un camouflage — sont parfaitement présentés comme vrais ? La haine du christianisme ne devrait pas permettre de tels détours : du moins quand on se respecte soi-même…

J’admets sans problème qu’on ne puisse croire en la résurrection du Christ, mais monter — avec talent d’ailleurs — une telle fiction sans le moindre support archéologique et historique confond l’esprit et fait penser que notre époque est bien devenue insensée.

  1. NDLR : Wikipedia nous dit : « Le thème du récit est similaire à celui du Da Vinci Code (bien que Le Triangle secret ait été publié antérieurement »). Ce qui en dit long sur le manque d’imagination des uns ou des autres…
  2. Ce sont les éditions Glénat qui ont sorti ce pavé de sept albums réunis. Les auteurs sont au nombre de neuf : André Juillard, Denis Falque, Christian Gine, Pierre Wachs, Gille Chaillet, Éric Stalner, Jean-Charles Kraehn, Patrick Jusseaume et Paul… Un détail éclairant : une femme se présente à une réunion qui devait rester secrète. Elle se rend compte qu’il s’agit de frères maçons… Ce qui aide à comprendre la « manipulation » par bédé interposée.