LE TEMPS POURRI (*) - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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LE TEMPS POURRI (*)

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Oui, chère Madame qui m’écrivez votre inquiétude, vous avez raison de constater que quelque chose, dans le temps, ne va plus comme jadis. Il est bien vrai que le temps n’est plus ce qu’il était. Il est bien vrai aussi que seuls les paysans (et les savants) peuvent s’en rendre compte. Les derniers patrons de moulins à vent − il y a encore quelques Maîtres Cornille en France − se demandent pourquoi « le vent ne tient plus ». On pourrait douter d’impressions subjectives et personnelles qui, forcément, comparent la maturité ou la vieillesse d’un homme à son enfance, mais une machine comme le moulin à vent n’a pas d’impressions. Quand le meunier constate que la même mécanique qui pouvait tourner quinze heures d’affilée il y a un demi-siècle s’arrête maintenant, faute de souffle après une petite demi-journée, il est bien forcé de se poser des questions. 1

Voici donc, Madame, quelques faits qui confirment votre impression et que j’emprunte à des publications de géophysique (a) − la turbidité de l’atmosphère (c’est-à-dire son opacité due aux poussières en suspension) a augmenté de 57 % depuis 1900 à Washington. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce ne sont pas forcément les villes qui accusent l’accroissement le plus considérable de la turbidité en pourcentage, bien au contraire. Ce sont les lieux où l’atmosphère était jusqu’ici la mieux préservée : à la station de Davos, en Suisse, la turbidité s’est accrue de 80 % pendant le même temps. Dans l’île de Mauna Loa, aux Hawaii, c’est-à-dire en plein cœur du plus vaste océan du monde, l’accroissement atteint 30 % en dix ans seulement de mesures, entre 1957 et 1976.

Irrespirable dans dix ans

Les géophysiciens russes ont trouvé une méthode d’une parfaite rigueur pour mesurer les variations de la turbidité atmosphérique depuis plusieurs siècles, du moins dans les régions où existent des névés et des glaciers : ils examinent les quantités de poussières correspondant aux couches superposées des chutes de neige annuelles conservées dans les champs de neige éternelle. Au Caucase, ils ont pu ainsi mesurer les variations de la turbidité atmosphérique en remontant jusqu’à 1790. Ils ont constaté un accroissement d’abord lent, puis de plus en plus rapide de la crasse atmosphérique, dépassant maintenant le pourcentage fantastique de 2 000 %.

−  Entre 1958 et 1963, les mesures opérées dans le cadre de l’Année géophysique ont fait apparaître un accroissement de la masse du gaz carbonique atmosphérique atteignant cinq milliards de tonnes par an.

−  Le Japon nous est souvent donné en exemple de ce que peut faire un pays décidé à s’enrichir. Certes. Mais de quoi paye-t-il son « enrichissement » ? « A Tokyo, 75 000 cheminées d’usines, sans compter les cheminées d’immeubles, laissent tomber 34 tonnes de suie au kilomètre carré par mois (b). » Selon Michitaka Maino, directeur de l’Institut de recherches sur la pollution, si le Japon continue sur sa lancée actuelle, l’air de Tokyo sera irrespirable dans dix ans : « Tout le monde devra emporter chaque jour son masque à gaz comme les Anglais leur parapluie (b). »
Tout cela est très alarmant, mais montre que l’origine de nos ennuis climatiques n’est pas à chercher, comme on le croit souvent, dans les expériences spectaculaires du genre Apollo. Le trouble apporté dans l’atmosphère par le lancement d’une fusée Saturne est de très loin inférieur à celui que provoque un jour, ou même une heure de la vie d’une grande ville. La mise à feu d’une fusée n’est qu’une infime goutte d’eau dans la mer.
La cause essentielle de la pollution atmosphérique, elle-même cause probable des perturbations climatiques, c’est la métamorphose technologique, c’est-à-dire en premier lieu l’usine et l’auto. Les variations enregistrées depuis 1790 suivent de façon frappante l’essor de l’industrie. L’apparition de l’astronautique n’introduit rien de nouveau et ne se laisse pas remarquer. Si les saisons changent, c’est que l’industrie − y compris d’ailleurs l’agriculture dans les pays où elle est franchement industrialisée − modifie les conditions d’ensoleillement du sol, le spectre de la lumière visible et la quantité de chaleur restituée à l’espace par la Terre sous forme d’infrarouges.

Notre ignorance des processus déclenchés par l’intervention de l’homme sur l’équilibre du milieu terrestre n’est d’ailleurs pas moins alarmante. Si du moins nous savions exactement ce que nous faisons ! Mais dès que des faits il faut passer aux explications et aux prévisions, les experts se contredisent. Selon les uns, la température moyenne de la terre pourrait s’élever de 5 degrés d’ici à 1990 2. Cinq degrés, c’est énorme ! C’est la différence entre la moyenne de la Côte d’Azur et celle du sud de l’Angleterre, entre Bruxelles et Oslo, entre Palerme et Perpignan, entre Stockholm et la Laponie. Passer en vingt ans de Nice à Syracuse, c’est raide !

Que le citadin qui lit ces lignes ne se dise pas qu’après tout, un peu plus de chaleur ne serait pas de trop. Le citadin oublie trop volontiers que c’est la campagne qui le nourrit. Un réchauffement de cinq degrés exterminerait l’agriculture : plus de blé en Beauce, plus de vin en Bourgogne, plus de pâturages en Normandie. Alors, la famine, les grandes calamités ? Certains, comme le biologiste américain Paul Ehrlich, ne craignent pas de l’annoncer 3.

La fin des haricots

A cela, d’autres répondent que de telles prévisions n’ont rien de scientifique, que ce n’est pas prouvé. Ils disent que réchauffements et refroidissements climatiques alternent au long des siècles ; qu’en 1788-89 l’hiver dura 86 jours à Paris, le thermomètre baissa jusqu’à ‒31,8° ; la Seine gela jusqu’à son embouchure ; que la mer du Nord gela en 1323, que le port de Gênes fut pris par la glace en 1483 et Marseille en 1594, que même le Bosphore, même le Nil, gelèrent en 1011 ! Et qu’enfin les hommes ne regrettent le bon vieux temps que parce qu’ils s’obstinent à l’oublier.

Qui a raison ? Certains faits sont quand même assurés, par exemple l’opacité croissante de l’atmosphère. Les New Yorkais n’ont plus vu la Voie lactée depuis 40 ans, paraît-il. Il est vrai que les catastrophes redoutées ne sont pas prouvées. Mais il est vrai aussi que la seule preuve scientifique connue est l’accomplissement de la catastrophe. Je ne sais ce qu’en pense le lecteur, mais quant à moi j’exprime ma très haute considération aux optimistes bien décidés à ne pas s’inquiéter jusque là. 4

Aimé MICHEL

(a) La meilleure source de documents est le recueil publié par George W. Cox : Readings in Conservation Ecology (New York 1969). Le lecteur français dispose de plusieurs livres bien fournis de précisions :

−  C. Dreyfus et J.-P. Pigeat : les Maladies de l’environnement, Denoël, 1971 (surtout intéressant pour le citadin menacé) ;

−  Et bien entendu les ouvrages du Pr. Jean Dorst du Museum.
(b) Pigeat et Dreyfus.

(*) Chronique n° 54 parue dans France Catholique – N° 1293 – 24 septembre 1971.

Notes de Jean-Pierre Rospars

  1. Cette baisse du vent en France, et plus généralement dans tout l’hémisphère nord, vient d’être confirmée par une étude parue dans Nature Geoscience (3: 756-761) du 18 octobre 2010. Elle est due à Robert Vautard et ses collaborateurs du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE), qui regroupe des chercheurs du CEA de Saclay, du CNRS de Gif-sur-Yvette et de l’université Versailles-Saint Quentin, en collaboration avec le Centre européen de prévision météorologique à moyen terme de Reading en Grande-Bretagne.

    Ces chercheurs ont analysé les enregistrements du vent effectués depuis 1979 jusqu’à 10 m du sol dans plus de 800 stations en Amérique du Nord, Europe, Asie Centrale et orientale. Ils ont trouvé une baisse de l’ordre de 10% en moyenne. Ils ont montré que cette baisse pouvait s’expliquer par des changements dans la circulation générale de l’atmosphère et surtout par l’accroissement du couvert végétal dont la « rugosité » provoque un ralentissement du vent.

  2. Comme on le voit le débat sur l’augmentation de la température ne date pas d’aujourd’hui. En fait ces Cassandres de 1971 qui prévoyaient une augmentation de la température moyenne de la Terre de 5 °C en 20 ans se sont clairement trompés.

    Sur la célèbre courbe de Michael Mann et collaborateurs (Nature, 392: 779-787, 1998), popularisée par le 3e rapport du GIEC, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, (2001) et le film de Al Gore, Une vérité qui dérange (2006), l’augmentation moyenne de la température du globe sur un siècle, de 1900 à 2000, est estimée à 0,8 °C, alors 5 °C en 20 ans ! Pourtant les Cassandres d’aujourd’hui ne sont guère moins alarmistes. Les scientifiques du GIEC estiment que l’élévation de cette température moyenne au cours du XXIe siècle sera, selon les scénarios retenus, de 1,5 à 6 °C. Dans leur 4e rapport (2007) les experts du GIEC concluent à l’intention des décideurs : « Il est très probable (seuil de vraisemblance supérieur à 90%) que l’accroissement des gaz anthropogéniques ait causé la plus grande partie de l’accroissement observé dans les températures moyennes globales depuis le milieu du XXe siècle. » Ces conclusions ont été largement médiatisées. Il s’en est même suivi une polémique. Alors, que faut-il penser de ces propos ?

    1° La détermination de la température moyenne de la Terre n’est pas une mince affaire. L’amplitude journalière de certaines stations dépasse 50° alors que les variations qu’on désire estimer se mesurent en dixième de degré. Les choses se compliquent encore lorsqu’on désire connaître l’évolution de la température sur une longue période. Une multitude de paramètres sont à prendre en compte et à corriger d’où une incertitude inévitable qui est évidemment plus grande pour les périodes anciennes. Qui plus est la température n’est qu’un des éléments du climat, même s’il est très significatif.

    2° Ces difficultés de mesure expliquent les différences entre les courbes publiées.

    Par exemple, la courbe de Mann dite « en crosse de hockey » diffère sensiblement de la courbe d’Anders Moberg et collaborateurs (Nature, 433: 613-617, 2005). Les deux courbes confirment la réalité de l’accroissement récent d’environ 0,8 °C mais elles la font débuter à des dates différentes : 1900 pour Mann, 1800 pour Moberg, ce qui peut suggérer des interprétations différentes. En outre, le graphique de Moberg montre un accroissement de 0,5 °C entre 600 et 1000, suivi d’une baisse de 0,7 °C de 1100 à 1600, qui correspondent aux observations des historiens du climat comme Emmanuel Leroy Ladurie mais qui n’apparaissent pas sur le graphique de Mann. Malgré tout, la « crosse de hockey », c’est-à-dire la montée brutale de température de ces dernières années, est bien visible sur les deux graphiques et elle n’a pas d’équivalent passé.

    3° L’accroissement de température va-t-il se poursuivre inexorablement ?

    Une courbe publiée en 2009 par l’unité de recherche sur le climat dirigé par l’Anglais Phil Jones, un des membres éminents du GIEC, montre une stabilisation voire une baisse depuis 2000.

    Une autre courbe produite par Jean-Louis Le Mouël et collaborateurs de l’Institut de physique du globe (université Paris VII), fondés sur les mesures journalières de 44 stations météorologiques européennes depuis 1900, suggère également une tendance « plate » de 1900 à 1987 avec un saut en 1987 suivi d’un nouveau plateau depuis vingt ans. Mais la restriction géographique de ces données les rend moins convaincantes.

    4° L’accroissement de température provient-il principalement d’une émission accrue de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane et hémioxyde d’azote N2O) du fait des activités humaines ?

    Cette interprétation fait l’objet de débats. Par exemple, J.-L. Le Mouël et ses collègues ont mis en évidence une corrélation entre les variations périodiques de température et le nombre de taches solaires, corrélation qui s’inverse à partie de 1970. Ils plaident donc pour une prise en compte de l’activité solaire (voir le chapitre 3 de V. Courtillot, Nouveau voyage au centre de la Terre, Odile Jacob, Paris, 2009). D’autres chercheurs comme Edouard Bard, professeur au Collège de France, et Gilles Delaygue signalent des erreurs dans ce travail et en contestent le bien-fondé. La discussion est compliquée car comme l’écrivent deux experts du GIEC (et non pas seulement V. Courtillot) « à la différence du forçage par l’irradiation solaire, les concentrations de gaz à effet de serre peuvent représenter à la fois une réponse à la variabilité du climat et une cause de celle-ci » (Jones P.D. et Mann M.E., Rev. Geophysics, 42, RG2002, 2004).

    Ces débats sont loin d’être sereins. Au lieu de se cantonner au domaine académique la querelle est descendue sur la place publique.

    La date charnière est celle du 12 octobre 2007 quand Al Gore et le GIEC reçoivent le prix Nobel de la paix. Comme l’écrit Stéphane Foucart, journaliste scientifique au Monde : « Ce jour-là, les climatologues pensaient avoir définitivement gagné la bataille de l’opinion. Ils venaient, en réalité, de voir brûler tous leurs vaisseaux. (…) [E]n associant dans un même prix la science et sa spectacularisation à des fins militantes, le comité Nobel a (…) accrédité l’idée que la science et l’activisme écologique procédaient du même projet. Il a renforcé l’idée fausse que la climatologie est un ensemble de sciences militantes, tendues vers le même objectif que celui des ONG environnementalistes : asseoir un nouvel ordre écologique. » (Le populisme climatique. Claude Allègre et Cie, enquête sur les ennemis de la science, Denoël, Paris, 2010). Depuis lors la querelle entre « réchauffistes » et « climato-sceptiques » bat son plein dans les médias et la blogosphère. Stéphane Foucart et Jean Staune, s’efforçant de prendre du recul, l’analysent dans leurs livres parus en même temps en octobre 2010. Tous deux s’accordent pour dénoncer les mêmes climato-sceptiques outranciers (comme Claude Allègre) ou payés pour mentir (comme l’Américain Fred Singer) mais ils se séparent sur presque tout le reste. En particulier sur l’honnêteté de personnalités du GIEC comme Phil Jones ou Michael Mann et l’intérêt des travaux de Vincent Courtillot. Pour le premier, le « doute persistant » sur la réalité du changement climatique est « le résultat de l’une des plus vastes entreprises d’intoxication de l’opinion menées sur un sujet scientifique. (…) [Les effets de cette entreprise], patents aux États-Unis depuis longtemps, commencent à se faire sentir en Europe et en France depuis environ deux ans. » Il conclut : « Les climato-sceptiques ont encore quelques heures de gloire devant eux. La suspicion qu’ils ont répandue et qu’ils continueront de répandre fera son œuvre. À l’évidence, aucune mesure sérieuse ne sera prise pour contrer le réchauffement en cours. Bien sûr, le soupçon savamment entretenu dans les opinions n’aura pas été la seule cause de l’inaction, mais il aura joué un rôle crucial. Et lorsque, dans le futur, les sociétés réaliseront le péril qu’il y a eu, au début du XXIe siècle, à se détourner de la science, il sera trop tard pour demander des comptes aux “marchands de doute”. »

    Dans les chapitres 5 à 8 de son livre La science en otage. Comment certains industriels, écologistes, fondamentalistes et matérialistes nous manipulent (Presses de la Renaissance, Paris, 2010), Jean Staune analyse la querelle entre « réchauffistes » et « climato-sceptiques » selon un autre point de vue. Il montre qu’elle présente de nombreux traits communs avec d’autres telles celles sur l’énergie (le nucléaire), la santé (les OGM) ou l’évolution de la vie (sur ce dernier, voir la chronique n° 77, La science sauvage, parue ici il y a deux semaines). Il résume ainsi les enseignements de son enquête : « Nous avons démontré (…) que dans deux domaines aussi importants que la compréhension des mécanismes du vivant et celle du fonctionnement du climat, un certain nombre de dérives pouvaient se produire qui rendent caduc l’argument : “Mais tous les scientifiques du domaine pensant cela, comment pouvez-vous vous opposer à eux ?” Notre analyse a montré que cette situation est encore plus probable dans les domaines où il existe un “contrepoids” constitué d’opposants obtus ou fanatiques qui se dressent contre la synthèse en place et amènent les défenseurs de cette dernière à se rigidifier, voire à mimer parfois les comportements de ces opposants extrémistes qu’ils dénoncent et qu’ils méprisent. Nous avons également montré que, dans ces cas-là, les positions intermédiaires, sans que les faits permettent dès maintenant de trancher en leur faveur, paraissent les plus prometteuses et les plus intéressantes, sur le plan de la recherche scientifique. » (p. 254).

    6° Quelles conclusions faut-il en tirer ? Quelles mesures faut-il prendre (ou ne pas prendre) ? Questions délicates. On comprend l’importance des enjeux, alors raison de plus de ne pas se tromper d’adversaire et s’assurer du diagnostic pour investir dans les directions les mieux appropriées nos ressources limitées. Laissons la parole pour finir à deux sages, non pour clore le débat, encore moins rassurer à bon compte, mais simplement pour replacer ce débat dans un contexte plus large. Pour le physicien Freeman Dyson : « Il ne fait aucun doute que des régions du monde se réchauffent, mais le réchauffement n’est pas global. Je ne suis pas en train de dire que le réchauffement n’engendre pas des problèmes. Évidemment il le fait. Évidemment, nous devons essayer de mieux comprendre. Ce que je dis, c’est que les problèmes sont largement exagérés. Ils détournent l’argent et l’attention d’autres problèmes qui sont plus urgents et plus importants, tels que la pauvreté, les maladies infectieuses, l’éducation et la santé publiques, la préservation des êtres vivants sur terre et dans les océans, sans parler des problèmes faciles à résoudre comme la construction dans les temps de digues appropriées autour de la ville de La Nouvelle-Orléans. » (La vie dans l’Univers. Réflexions d’un physicien, Gallimard, Paris, 2009, trad. par Stéphane Schmitt, pp. 82-83). Pour le paléontologue Yves Coppens : « Le climat bouge, comme il a toujours bougé ; cela inquiète beaucoup l’humanité qui s’était installée dans ses frontières, ses paysages, ses côtes, son économie, son confort. Tous les astronomes, astrophysiciens, géologues, paléontologues, préhistoriens de la Terre savent depuis toujours que rien n’est stable (pas plus dans l’Univers que sur Terre, pas plus pour les faunes et les flores que pour l’humanité et ses cultures). Ils savent que la situation actuelle, dite interglaciaire, ne peut durer éternellement, pas plus que ne peut durer Homo sapiens avec son allure d’aujourd’hui. (…) Soyons donc vigilants. Protégeons notre environnement pour nous protéger nous-mêmes. De toute façon, le climat va changer et Homo sapiens aussi, mais n’en précipitons pas l’échéance avant de savoir dans quel sens il nous faut agir. Cela pourrait être à nos dépens. » (Le présent du passé. L’actualité de l’histoire de l’homme. Odile Jacob, Paris, 2009, pp. 227-228). L’étude du passé enseigne donc que l’humanité sera constamment affrontée à de nouveaux défis à relever, certains prévisibles, d’autres non. Ils seront vécus comme de simples évolutions ou des catastrophes dramatiques selon que la vitesse des inéluctables changements lui laissera ou non le temps de s’adapter…

  3. Sur Paul Ehrlich, professeur à l’université de Stanford, voir la chronique n° 27, L’ordinateur roi ?, parue ici le 12.07.2010.
  4. Comme on le voit la question de fond était déjà posée il y a bientôt quarante ans en des termes qui n’ont guère changé, en dépit de l’accumulation des données scientifiques obtenues depuis lors. Aimé Michel était très attentif à ces problèmes environnementaux et a attiré plusieurs fois l’attention de ses lecteurs à ce sujet, voir notamment la chronique n° 20, Le « Jugement dernier » : nous avons les moyens de notre extermination, parue ici le 4 janvier 2010 et la chronique n° 129, L’attentat contre la biosphère, reproduite dans le recueil La clarté au cœur du labyrinthe (Aldane, Cointrin, 2008).