Le jour même de Pâques, le Saint-Siège et les autorités de Beyrouth annonçaient la visite de Benoît XVI au Liban du 14 au 16 septembre prochain. À cette occasion, le Saint-Père remettra aux catholiques du Moyen-Orient l’exhortation apostolique post-synodale rédigée à la suite du synode des évêques qui avait réuni à Rome les responsables de toutes les Églises de la région, en présence des représentants des patriarcats orthodoxes. Il y a donc une continuité résolue dans l’action du Pape, si l’on se souvient que c’est lors de sa visite à Chypre en juin 2010 qu’il avait remis l’instrument de travail préalable à ce synode qui devait se tenir en octobre de la même année. Déjà se manifestait l’inquiétude pour l’instabilité de la région et l’insécurité des chrétiens dans les pays où beaucoup sont obligés de fuir les persécutions.
Certes, le Liban jouit d’une situation particulière, liée à la cohabitation ancienne des communautés chrétiennes et musulmanes, en dépit de la terrible guerre civile qui a endeuillé le pays pendant quinze ans (1975-1990).
L’influence de Damas, qui s’est traduite sous diverses formes, continue d’autant plus à peser que l’incertitude sur le sort de la Syrie est aujourd’hui totale. Benoît XVI s’en est inquiété dans son discours de Pâques, depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre : « En Syrie particulièrement, que cesse l’effusion de sang et que soit entrepris sans délai le chemin du respect, du dialogue et de la réconciliation, comme le souhaite la communauté internationale. Que les nombreux réfugiés, provenant de ce pays et ayant besoin d’aide humanitaire trouvent l’accueil et la solidarité qui puissent soulager leurs pénibles souffrances. »
Le Pape connaît parfaitement, pour en être informé par les chrétiens syriens, les données d’un conflit d’autant plus éprouvant qu’on saisit mal quelle solution de compromis pourrait émerger de l’actuelle guerre civile. La difficulté de ménager une trêve au milieu de combats cruels s’accompagne de l’impossibilité pratique d’imaginer aujourd’hui une alternative au régime branlant du président Assad. À Rome, on ne peut faire que d’ardentes prières pour que la Syrie sorte de sa tragédie.