24 DÉCEMBRE
Surprise en ce samedi 19 décembre ! Benoît XVI a approuvé en même temps les procédures de béatification des papes Jean-Paul II et Pie XII. La première était attendue, programmée. La seconde est inattendue, et on s’interroge partout sur les raisons qui ont amené le pape actuel à précipiter les choses en ce qui concerne son prédécesseur de la Seconde Guerre mondiale, en dépit de l’énorme procès en suspicion déclenché depuis près de cinquante ans à son encontre. J’ai mon hypothèse là-dessus. Elle est assez simple. On ne peut pas attendre une décision, dès lors que les conclusions de la Congrégation pour la Cause des saints sont affirmatives, approuvées par la totalité des cardinaux concernés. Ou alors, il faut définitivement écarter la cause d’Eugenio Pacelli comme incompatible avec les vœux de l’opinion publique et l’interdit posé par les médias. On me répondra que le vrai problème concerne la communauté juive internationale et les relations établies entre l’Église catholique et le judaïsme.
Si c’est vraiment le cas, je suis d’avis que la suspension est la pire des solutions et que le dialogue judéo-chrétien ne gagnerait strictement rien à une piteuse soumission à un diktat extérieur. Ou bien il faudrait expliquer carrément qu’il y a des raisons graves qui s’opposent à une béatification et qui sont d’un autre ordre que celui de l’opportunité politique ou médiatique. J’attends donc fermement qu’on m’indique ces raisons graves ou « cette raison déterminante ». Je ne la vois pas, en ce que me concerne après l’examen d’une « affaire » qui dure depuis un demi-siècle.
Tout a commencé avec la pièce Le Vicaire en 1963. Son auteur, Rolf Hochhut met en scène le pape Pie XII avec la prétention de faire la lumière sur ses intentions et ses réactions à la tragédie de l’extermination des juifs. Le moins qu’on puisse dire et que Hochhut a une thèse en tête qu’il veut imposer au spectateur de la pièce et qui relève d’un procès totalitaire et d’un montage historique éhonté.
Qu’importe ! Depuis 1963, cette thèse est généralement reçue non seulement comme plausible mais parfaitement conforme à la réalité des événements. Ce qui en soi constitue déjà un objet de réflexion et de perplexité. Hochhut a été non seulement pris au sérieux, mais authentifié comme le plus impartial des interprètes de l’attitude de Pie XII pendant la guerre. Le plus souvent sans aucune distance critique. Certes, une surabondante littérature va naître de la controverse du Vicaire, mais fondée le plus souvent sur les mêmes présupposés, les mêmes fantasmes, et l’absence de tout examen sérieux de l’histoire.
C’est pour cela que le pape Paul VI, qui fut le collaborateur direct de Pie XII à la secrétairerie d’État, indigné par le procès lancé contre son prédécesseur, décida, sans plus attendre, de rompre la clause qui interdisait la publication des archives de la guerre avant le terme requis. Quatre jésuites historiens se mirent au travail, dont le dernier survivant, le père Pierre Blet est mort le 29 novembre dernier. J’ai eu l’occasion de m’entretenir longuement avec ce dernier, qui était vraiment le plus savant et le plus probe des historiens. Il réfutait toutes les allégations des gens qui prétendaient que le Vatican retenait des pièces essentielles gênantes pour Pie XII. Tout avait été rigoureusement publié (en ce qui concerne la secrétairerie d’État) dans les 12 volumes édités par le Saint-Siège entre 1965 et 1982.
Bien sûr, je comprends l’impatience des chercheurs qui voudraient accéder aux pièces matérielles des archives, mais aucune illusion ne leur est permise. Ils ne trouveront pas l’inédit qu’ils espèrent. Il est quelque peu étrange que beaucoup s’obstinent à cultiver le mythe d’archives cachées, dont la révélation entraînerait enfin la lumière sur un passé ignoré. C’est de la pure mythologie ! Mais tout est de nature passionnelle depuis l’origine de l’affaire. Tout se passe comme si le dossier lui-même, avec ses multiples pièces rassemblées était secondaire. Je suis sidéré par la légèreté de mes chers collègues, même lorsque l’un d’entre eux éditorialise sentencieusement dans un quotidien de référence. Ils ne connaissent manifestement quasiment rien aux faits et n’ont pas l’air de vouloir en savoir plus !
Un exemple, important au demeurant, puisqu’il s’agit de saisir ce qui s’est passé à Rome même, dès lors qu’il fut avéré que c’est toute la communauté juive de la ville qui était en danger. Un premier convoi – c’est vrai – a malheureusement quitté Rome pour la pire des destinations. On reproche à Pie XII de n’être pas intervenu pour arrêter ce convoi. Mais il ne put que protester après coup, ayant été mis devant le fait accompli même s’il fut prévenu très tôt. Ce qui est sûr, c’est que le pape intervint aussitôt après pour secourir l’ensemble de la communauté romaine. Plusieurs milliers de juifs vont être accueillis dans les maisons religieuses (notamment contemplatives dont la clôture sera levée), et sur le territoire même du Vatican, à Castel Gandolfo et jusqu’au palais pontifical, auprès du pape lui-même. On a compté quatre cent cinquante personnes présentes, y compris dans les couloirs du palais, parmi lesquelles le grand rabbin de Rome, Israël Zolli.
Après la guerre, Israël Zolli se fera baptiser sous le nom d’Eugenio-Maria Zolli. Eugenio, à cause d’Eugenio Pacelli, à propos duquel l’ancien grand rabbin devait écrire : « La rayonnante charité du pape penché sur toutes les misères engendrées par la guerre, sa bonté pour mes coreligionnaires traqués furent pour moi l’ouragan qui balaya mes scrupules à me faire catholique. » Mais sa décision est d’ordre strictement personnel et intime. Il ne s’est pas converti par reconnaissance envers Pie XII, mais parce que sa propre démarche l’avait amené à reconnaître le Christ comme l’héritier des Promesses et la figure du Serviteur Souffrant.
Selon sa fille, Zolli avait prophétisé le rôle de bouc émissaire qu’on ferait porter à Pie XII. Comment de tels témoignages peuvent-ils aujourd’hui être ignorés ? Il est vrai que le temps passe et que les données massives qui étaient celles de la mémoire romaine d’après-guerre ont pu s’estomper.
Le cardinal Paul Poupard, qui est aujourd’hui un des relais de cette mémoire, pour avoir bien connu des personnes qui ont vécu cette époque, se rappelle qu’à Rome, au moment de l’occupation nazie, beaucoup reprochaient à Pie XII d’en faire trop pour les juifs, au point de mettre en danger la communauté catholique.
Alors, pourquoi cette vindicte profonde à l’encontre du pape de la guerre ? Il doit y avoir des raisons psychanalytiques dans cette violence sans cesse réalimentée à l’égard de la seule grande personnalité de l’époque qui se soit opposée concrètement à la persécution et soit venue au secours du peuple juif. Le caractère inouï du malheur d’un peuple est insupportable et il paraît insuffisant d’en abandonner la seule responsabilité à Hitler et sa bande de criminels. Pie XII est un bouc émissaire proportionné à l’immensité du mal eu égard à la très haute charge qui reposait sur ses épaules. Hochhut le représente se lavant les mains du meurtre en train de s’accomplir, le marquant à jamais de l’ignominie de la plus écrasante des fautes. De ce jour, Pacelli est inscrit dans la conscience collective comme le coupable suprême marqué au fer rouge de la honte. Il est extrêmement difficile de contrer une telle image qui s’est enfoncée au plus intime des représentations. Les réfutations historiques paraissent tragiquement inadéquates pour effacer l’image archétypale.
Et pourtant, tout est faux dans ce qu’on avance en fait de réquisitoire. Je retranche, provisoirement, la question du « silence » qui est spécifique et mérite une attention particulière.
1) Faut-il s’attarder sur l’intransigeance de Pie XI, cet homme qui a gardé l’image même de l’inflexibilité, à l’égard du nazisme contrastant avec l’indulgence prétendue de son successeur ? Les deux hommes avaient des caractères très différents, ce qui pouvait déterminer des conduites différentes. Mais déduire de cela une différence de fond sur l’appréciation du nazisme ne tient pas la route, d’autant qu’il n’y a même pas d’opposition de conduite observable. Le pape et son secrétaire d’État ont toujours marché du même pas dans le traitement des affaires d’Allemagne et ils avaient la même aversion à l’égard du nazisme. Faut-il rappeler que Pacelli est le principal rédacteur de l’encyclique Mit brennender Sorge ?
2) On prétend, du côté des adversaires d’Eugenio Pacelli que son attachement à l’Allemagne et à sa culture expliqueraient sa solidarité avec un pays, dont il ne voulut jamais être l’adversaire. Affirmation spécieuse et même fausse en tous points. Pacelli n’a jamais eu la moindre indulgence pour Hitler, le parti nazi et sa politique. Et s’il était solidaire par définition des catholiques allemands et de leur épiscopat, il fut toujours du côté des plus résistants et des plus intraitables. Ses amis les plus chers parmi les évêques allemands étaient les plus durs comme Mgr von Preysing, l’archevêque de Berlin, Mgr von Galen, « le lion de Münster » dont le pape avait appris par cœur certaines des interventions, tant il y adhérait et tant il en admirait l’auteur.
Par ailleurs, la conscience que Pie XII avait de la malfaisance diabolique d’Hitler l’amena à encourager la résistance allemande, civile et militaire, qui avait le projet d’un coup d’État dans les premiers mois de 1940 et voulait négocier avec les Britanniques. Le pape se fit par deux fois l’intermédiaire entre cette résistance et le cabinet de guerre de Londres. C’est l’attaque de la Wehrmacht du 10 mai à l’Ouest qui mit fin au plan concerté (cf. Xavier de Monclos, Les chrétiens face au nazisme et au stalinisme, Plon 1983).
3) On reprend à nouveau l’accusation selon laquelle Pie XII, obsédé par le danger communiste, aurait minoré le danger nazi jusqu’à préférer la victoire d’Hitler à celle de Staline. S’il est vrai qu’il ne sous-estimait pas le péril stalinien – et il avait de bonnes raisons pour cela – le pape n’a jamais pensé que le nazisme était un moindre mal face au communisme. Aucune preuve sérieuse n’est jamais venue étayer pareil grief, et Pie XII s’est même opposé à ce que la condamnation du communisme dans l’encyclique Divini Redemptoris servît d’argument contre la légitimité de l’aide américaine à l’Union Soviétique. Monclos : « Le pape fit savoir au représentant du président Roosevelt, Myron Taylor, qu’il avait condamné le communisme et que la condamnation demeurait, mais qu’il n’avait eu et ne pouvait avoir pour le peuple russe que des sentiments paternels. »
Est-il opportun de revenir sur la « fameuse » encyclique contre l’antisémitisme, préparée sous Pie XI et non publiée par Pie XII ? Je me demande si ceux qui imputent au pape Pacelli la faute de ne pas avoir repris ce texte à son compte l’ont vraiment lu. J’en doute fermement. J’ai pris connaissance de « l’encyclique » ou plutôt du document de travail en cause, dès sa parution en livre (L’encyclique cachée de Pie XI, éd. La Découverte, 1994). Je fus édifié. En dépit de ses bonnes intentions, « L’unité du genre humain » reprenait bon nombre de motifs du vieil antijudaïsme chrétien et justifiait même des législations d’exception à l’encontre des juifs dans les pays occidentaux. Ce n’est pas du tout le ton et surtout le contenu de Nostra Aetate, la déclaration de Vatican II sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes, qui opérera un redressement théologique à propos du judaïsme. La mentalité du jésuite américain John La Farge que Pie XI avait chargé d’élaborer un projet de texte contre le racisme était très loin de cette doctrine. J’ajoute que la révélation éditoriale de ce projet s’accompagna de manœuvres et de bricolages propres à relayer l’offensive contre la mémoire de Pie XII.
Il y a quand même une énigme Hochhut. Pourquoi sa pièce Le Vicaire marque-t-elle un tournant historique qui va modifier de fond en comble l’image jusque-là très positive du pape Pie XII face au nazisme ? Il faudra qu’un véritable historien s’attaque quelque jour au sujet. Qui a inspiré cet auteur novice, qui lui a fourni sa documentation et indiqué les lignes de son réquisitoire ? Je n’ai aucune envie de fantasmer sur le rôle des services soviétiques, en dépit de la polémique engagée depuis plusieurs années et nourrie par la confession d’un ancien agent roumain, Yon Mihai Pacepa. Ce témoignage est vivement discuté par les spécialistes, malgré les éléments troublants qu’il comporte. Les historiens sérieux que j’ai pu consulter sont pourtant d’avis que le rôle des Soviétiques dans les campagnes de dénigrement de Pacelli est constant depuis la fin de la guerre et s’explique par l’opposition frontale du Vatican aux persécutions religieuses dans le monde communiste.
J’ignorais que Mgr Hudal, personnage trouble, soutien avéré au régime national socialiste, se serait vengé de sa mise à l’écart par Pie XII, en inspirant directement Le Vicaire. Décidément il y a un livre à écrire là-dessus !
4) Je me suis étonné plus d’une fois qu’on ne songe pas à rappeler le rôle héroïque de Mgr Angelo Rotta nonce à Budapest pendant la guerre. Pourtant les médias évoquent régulièrement, et à juste titre, l’extraordinaire figure de Raoul Wallenberg, cet homme d’affaire suédois disparu mystérieusement après qu’il eut été enlevé par les Soviétiques en janvier 1945. Je me souviens d’un téléfilm qui évoquait de façon remarquable son entreprise extraordinaire pour sauver les juifs hongrois. Le film ne manquait pas de lui associer Mgr Rotta qui ne cessa de travailler avec lui, main dans la main, pour le même but. Mais le nonce de Pie XII exerça aussi sa mission de façon autonome, distribuant des milliers de certificats de baptême. D’ailleurs il a été reconnu « juste parmi les nations » au mémorial de Yad Vashem. On raconte qu’il s’interposa lui-même en gare de Budapest pour empêcher le départ d’un train vers les camps d’extermination. Il réussit finalement à en extraire une centaine de personnes à qui il avait donné des passeports du Vatican.
Il y a aussi d’autres nonces de Pie XII qui jouèrent un rôle analogue dans d’autres pays : Mgr Giuseppe Burzio en Slovaquie, Mgr Andréa Cassulo en Roumanie, Mgr Angelo Roncalli en Turquie, l’abbé Marcone en Slovaquie. Les uns et les autres agirent conformément aux instructions du pape et de la secrétairerie d’État, intervenant auprès des gouvernements pour se faire les interprètes des protestations de l’Église.
Voilà au moins quelques éléments pour les faits. Revenons à la question du silence qui constitue en elle-même un objet distinct de critique. Je l’admets d’autant mieux qu’il s’agit d’un ordre particulier qui concerne la conscience personnelle d’un homme placé dans une situation exceptionnellement dramatique et qui ne répond que devant Dieu de sa détermination. Dans trois siècles et plus on sera toujours en droit de s’interroger sur le bien-fondé de la décision du pape de la Seconde Guerre mondiale. Il s’est expliqué ouvertement devant les cardinaux romains le 2 juin 1943 sur ses raisons de ne pas parler plus ouvertement de l’extermination qu’il avait pourtant dénoncée dans son message de Noël de 1942. Son obsession est de ne pas aggraver le sort des persécutés et d’entraîner d’autres persécutions du côté catholique. Je vois que les Amitiés judéo-chrétiennes font elles aussi grief au pape de son silence, en mettant en avant sa charge « d’éclairer le peuple chrétien par ses enseignements indépendamment des circonstances au nom des exigences de la Parole de Dieu dont il est le premier interprète dans la tradition catholique ».
J’avoue être à la fois sensible à l’argument et perplexe dans le cas précis. Comme s’il pouvait y avoir le moindre doute sur la réprobation morale de l’extermination ! Le dilemme qui fut celui de Pie XII se rapporte à un corps à corps avec l’exterminateur qui eût entraîné encore plus de victimes. Cela n’était pas vrai que des juifs. Pie XII se trouva placé devant un identique cas de conscience lorsque la Pologne fut envahie et partagée entre Hitler et Staline en 1939. L’expérience du Wartheland, un territoire de 46 000 kilomètres carrés fut terrible. Selon l’expression de Xavier de Monclos, « Hitler y lâcha sa meute » et cela aboutit à une effroyable persécution de l’Église catholique. Or dans ce cas précis, Pie XII « fut aussi prudent et réservé que dans celui du génocide juif ».
Pourtant, dans un premier temps, Radio-Vatican avait très vivement réagi. Mais face à la perspective de représailles, Pie XII renonça à la protestation publique : « Nous devrions fulminer des paroles de feu contre cela, et l’unique motif qui nous retient de le faire, c’est de savoir que le sort des pauvres malheureux serait rendu encore plus difficile si nous parlions. » Encore une fois, on peut être d’un avis différent. Mais il n’est pas possible d’ignorer les motifs qui empêchèrent le pape de fulminer ces paroles de feu. Reste qu’il faudra toujours faire une distinction entre un dossier qui appartient exclusivement aux historiens, et celui qui revient à « la Cause des saints » et qui n’obéit pas nécessairement aux mêmes critères.
26 DÉCEMBRE
Depuis longtemps déjà, il y a une querelle des archives du Vatican… J’ai déjà évoqué mes conversations téléphoniques avec le père Blet sur le sujet. Il me disait : « Nous avons tout publié, sauf les pièces qui n’avaient pas d’intérêt ou étaient redondantes par rapport à d’autres. Bien sûr, il est toujours possible que l’on retrouve, dans un grenier ou dans une cave, un carton perdu, mais cela n’ajoutera pas grand chose à ce que nous savons. »
Les 12 volumes publiés qui correspondent au travail des quatre jésuites nommés par Paul VI ne représentent pas la totalité des archives du Saint-Siège pendant la seconde guerre mondiale. Ce sont, exclusivement, celles de la secrétairerie d’État. Il s’agit donc des pièces les plus significatives de la « politique » menée par le pape et ses collaborateurs directs. Il y a encore les archives de tous les autres dicastères, qui ont sans doute leur intérêt mais ne possèdent pas le degré d’information précise et ciblée de l’organisation centrale de commandement du Saint-Siège.
Par ailleurs, la règle, au Vatican, est de publier les archives de l’ensemble d’un pontificat. Celles qui concernent le pontificat de Pie XII débordent la période de la guerre, jusqu’en 1958. On parle de 600 000 pièces. C’est même, je crois, le chiffre livré par le responsable des archives vaticanes, qui a ainsi indiqué l’ampleur de la tâche des personnes qui classent ces documents et qui ne sont pas très nombreuses. Le même responsable a d’ailleurs lancé une flèche dans la direction des historiens et des journalistes en regrettant que la publication des archives de Pie XI ait attiré si peu de chercheurs. D’un côté, on réclame à toute force les archives. Quand on les a, on les dédaigne.
Je me suis promené sur un certain nombre de sites internet intéressés par la controverse actuelle et j’y ai trouvé le pire et le meilleur. Le pire s’exprime le plus souvent de la façon la plus péremptoire, et d’autant plus qu’on ignore le dossier. Quand la discussion est plus sérieuse, elle laisse souvent perplexe. Je lis, par exemple, que le père Blet serait un des rares historiens à défendre Pie XII. Mais on omet de préciser que si notre regretté compatriote était très attaché à la mémoire du pape de la guerre, il avait de bonnes raisons pour cela, ayant eu le privilège de travailler des années entières sur les pièces du dossier. Ce que n’avaient pas fait ses adversaires !