Le sexe en tant que jeu - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Le sexe en tant que jeu

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Bon, maintenant que j’ai attiré votre attention avec ce titre, pouvons-nous parler idées ? Je considère que les idées sont toujours liées avec ce que nous faisons. Soit nos actes découlent de nos idées, soit nous choisissons des idées qui font que nos actes apparaissent raisonnables. Appelons les premiers « principes », et les seconds « idéologie ».

Voici une idée : le sexe est un jeu. Cette idée pourrait-elle être liée à la crise des abus sexuels ? Pour l’instant, laissons de côté ce que cette affirmation pourrait signifier. Demandons-nous simplement : « supposons que quelqu’un croie que le sexe est un jeu. Bon, nous jouons à des jeux, nous faisons tout le temps du sport avec des jeunes gens et des enfants. Donc, si le sexe est un jeu, pourquoi ne voudrions-nous pas « jouer au sexe » avec eux ? »

Si vous croyez que le sexe est un jeu – et comme jeu, c’est indéniablement un grand amusement -, alors vous pourriez vous considérer comme justifiés en supposant que d’autres vont apprécier « d’y jouer » tout autant que vous le faites. Vous pourriez même commencer le « jeu » pour voir s’ils entreront dans ce jeu, juste comme une manière de voir si quelqu’un va se mettre à faire du catch avec vous est comme de lui jeter la balle.

Vous rejetez l’idée que le sexe est un jeu. Mais revenons en arrière et demandons-nous : qu’est-ce qui pourrait faire du sexe autre chose qu’un jeu ? Platon opposait le sérieux à l’espiègle. Au lieu de ça, à quoi pourrait servir de placer le sexe dans la catégorie des choses sérieuses ?

La possibilité de procréation est certainement ce qui en est la cause. Un homme et une femme se retrouvent rien qu’une fois dans le mois et, considérant que nous les tenons pour responsables de leurs actes et excluant l’avortement, ils sont maintenant pris à l’hameçon pour vingt ans de fourniture de nourriture, d’habillement et d’éducation d’un autre être humain, le tout étant mieux accompli par les deux ensemble.

Cette tâche d’éducation devient le test principal de leur succès en tant qu’êtres humains et par là-même, leur bonheur authentique. D’un point de vue religieux, nous disons qu’ils devront rendre compte devant le trône de Dieu du bien-être de cet enfant. Si ces choses-là ne sont pas sérieuses, alors rien n’est sérieux.

*

Mais supposons que ce couple utilise la contraception. Devenir enceinte reste une possibilité avec presque toutes les formes de contraceptions. Ou supposez qu’ils soient stériles. « Mais c’est alors le moment de dire qu’ils s’engagent dans un acte reproductif », c’est-à-dire un acte destiné à se reproduire, en supposant que chacun soit en bonne santé.

Leur acte est vraiment « sérieux » parce qu’il est reproductif. L’intention du Créateur sur les relations sexuelles règne. Une autre manière d’aborder la question est que, si le caractère reproductif ne donne pas sa signification à ce qu’ils ont fait, alors un couple stérile est condamné à ne rien faire de plus que « jouer » lors de ses relations sexuelles. De manière équivalente, l’enseignement de l’Église sur la contraception est la garantie de la signification nuptiale du sexe pour un couple stérile.

Mais alors, qu’en est-il des actes entre personnes de même sexe, dont il est certain qu’ils ne sont pas reproductifs. Qu’est-ce qui les rend « sérieux » et pas des « jeux ».

On a omis de dire que le sexe est également rendu sérieux par le lien émotionnel qu’il peut évoquer. Un tel lien est probablement rattachable, in fine, au caractère procréatif des relations sexuelles. Dans tous les cas, les femmes semblent être plus affectées par ce lien que les hommes. Les hommes sont connus pour être capables de voir la relation sexuelle comme n’ayant aucun objet au-delà d’elle-même – comme le jeu. Ainsi, les actes sexuels entre hommes sont-ils les meilleurs candidats aux relations sexuelles vues comme un jeu.

Clairement, le seul moyen de mettre du sérieux dans de tels actes est de les relier à la procréation, ce qui est fait par les termes employés comme « objectivement désordonnés ». Dire cela est affirmer : là aussi, l’intention du Créateur règne, quelle que soit la profondeur avec laquelle elle est ressentie, la proximité d’identification avec une personne, ou à quel point l’attraction homosexuelle peut sembler inévitable.

Les organes sexuels sont procréatifs et ne doivent être utilisés que pour des actes procréatifs au sein du mariage, seule institution raisonnable pour élever les enfants. A contrario, dire que les actes homosexuels sont « ordonnés différemment » revient à briser la relation avec la procréation et transformer les relations sexuelles en jeu. Ou, si l’on est libre par convention de classifier les actes sexuels de la manière que nous souhaitons, on est libre de voir le sexe comme un jeu, si on le souhaite.

Je ne suis pas en train de tracer ici seulement les liens logiques, comme un simple exercice de la pensée, en les attribuant de manière infidèle à d’autres. Je développe les idées du théologien jésuite John J. McNeill, dont l’ouvrage de 1976, The Church and the Homosexual (l’Église et les homosexuels), est un « document fondateur » dans le mouvement qui est lancé par les goûts du Père James Martin. La déclaration la plus complète de McNeil de son point de vue se trouve dans un livre de 2008 : Sex as God Intended: A Reflection on Human Sexuality as Play (Le sexe selon l’intention de Dieu : une réflexion sur la sexualité humaine vue comme un jeu).

Dans ce livre, McNeill attaque « la traditionnelle éthique sexuelle liée au travail, fondée sur la procréation », qui « détruit la valeur du sexe en tant que jeu et réduit les partenaires à des acteurs seulement intéressés par la recherche d’un produit futur d’une action actuelle ». La communauté homosexuelle a une compréhension supérieure des relations sexuelles, dit-il, en ce qu’elle a redécouvert l’idéal, provenant du Cantique des Cantiques, du sexe en tant que jeu. Il s’avère que la seule limitation éthique du sexe en tant que jeu consiste à éviter l’égocentrisme. Si l’acceptation compatissante de l’autre est présente, alors le sexe en tant que jeu est libre de fleurir comme une recherche de Dieu.

« La recherche de la satisfaction sexuelle est donc une manifestation d’une recherche d’union avec Dieu. Et parvenir à cette intimité a pour résultat un plaisir intense, à la fois physique et spirituel. En fait, le Cantique des Cantiques proclame que dans l’orgasme, il peut y avoir une expérience de Dieu Lui-même. Ce flash est un flash de feu, c’est la respiration de Yahvé Lui-même. 

Supposez que le prêtre de votre quartier aime beaucoup ce livre…
Être chaste consiste à réserver la relation sexuelle au don total de soi à l’autre dans le mariage. C’est aussi difficile que toute vertu et pourtant, avec la grâce de Dieu, beaucoup de couples, des personnes seules et des célibataires le vivent. Certes, cela semble « rigoriste » en comparaison avec le « sexe en tant que jeu » qui est sans limites. Mais nous voulons des personnes – et des prêtres – qui considèrent correctement le sexe comme une chose sérieuse.

*Image: Le Combat de l’Amour et de la Chasteté par Gherado di Giovanni del Fora, v. 1490 [National Gallery, London]

Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/08/21/sex-as-play/

Michael Pakaluk, fin connaisseur d’Aristote et Ordinaire de l’Académie pontificale de St Thomas d’Aquin, est professeur à l’École Busch d’Économie et des Affaires à l’Université Catholique d’Amérique. Il réside à Hyattsville, Maryland, avec son épouse Catherine, également professeur à l’École Busch, et leurs huit enfants.