Dans le message qu’il a envoyé au nom du pape François au rassemblement Diaconia de Lourdes, le cardinal Bertone déclare notamment : « Notre contribution, dans ce monde en crise, est d’apporter un amour créatif qui résiste au fatalisme ambiant parce qu’il est animé par l’espérance qui nous vient du Christ ressuscité. » On ne saurait résumer en si peu de mots ce qu’on pourrait appeler le service de la charité, qui est central dans la vie ecclésiale. Et c’est bien la raison essentielle pour laquelle il faut saluer cette belle initiative de Diaconia dans la cité mariale, où 12000 participants étaient réunis, dont 3000 personnes en situation de précarité.
Bien sûr, les chrétiens ne sont pas seuls sur ce terrain de l’entraide fraternelle. Mais ils ont un titre particulier à reconnaître dans la personne en grande faiblesse le frère ou la sœur auxquels il faut tendre la main. Tout se résume dans ce mot si précieux de charité que, pendant toute une période, on a été tenté de délaisser par crainte de manquer à une exigence supérieure de justice. J’ai souvent expliqué que c’était une profonde erreur, parce que, laissée à son exigence abstraite, la justice peut être inhumaine, tandis que la charité est la religion du visage, de la proximité qui nous lie avec celui qui a faim et dort dans la rue. Il me semble que tel était le message le plus fort d’un Frédéric Ozanam dont on fête, cette année, le deuxième centenaire. En fondant les conférences Saint-Vincent-de-Paul, il avait en vue ce service de proche en proche, cette rencontre en face-à-face qui permet la reconnaissance. J’ai retrouvé le même accent, hier, dans l’homélie du pape François, qui célébrait ses premières canonisations. Il a particulièrement insisté sur l’attention à la chair souffrante qu’il ne faut pas avoir peur de toucher avec tendresse. Oui, la charité c’est l’amour le plus concret, le plus immédiat, qui, de plus, nous met en situation de réciprocité, ce qu’a très bien signifié le message final de Diaconia : « Personne n’est trop pauvre pour n’avoir rien à partager. » Rien de plus vrai, rien de plus impératif. Diaconia a montré que l’Église était fidèle à elle-même lorsqu’elle pratiquait le service de la charité. La charité qui est le nom même de Dieu.