L’adoration perpétuelle a démarré à Montmartre en 1885, dix ans après le début de la construction. Comment s’est effectué ce choix ?
Mgr Jean Laverton : Dès sa lettre d’adoption du Vœu national en 1872, Mgr Guibert, archevêque de Paris, évoque le souhait que le futur sanctuaire soit « fréquenté » par « un nombreux concours d’adorateurs ». Dès l’année 1875 et tout au long des années suivantes, l’idée d’une succession ininterrompue de priants à Montmartre s’impose peu à peu. À partir de 1876, l’adoration eucharistique est organisée régulièrement, chaque dimanche et chaque mercredi en 1880. Ainsi on trouve dans les archives de l’année 1881 qu’il y a eu 221 jours d’adoration diurne, et que 1 235 adorateurs ont prié pendant 120 nuits.
Cette adoration n’a pas lieu dans la basilique en construction, mais dans une chapelle provisoire installée près du chantier. Peu à peu, l’organisation de l’adoration eucharistique s’organise avec l’adoration de jour, l’adoration de nuit et l’adoration en union avec Montmartre. Parmi les très nombreux adorateurs l’on peut citer : François Veuillot, neveu de Louis Veuillot ou encore Paul Verlaine, ainsi que Max Jacob. À partir du 1er août 1885, l’adoration perpétuelle de jour comme de nuit est instaurée, elle n’a pas cessé depuis.
Quel en est le sens ?
L’adoration du corps sacré du Christ et le culte envers son Sacré-Cœur sont éminemment liés. C’est ce qu’a exprimé entre autres saint Jean-Paul II lorsqu’il est venu à la basilique lors de son premier voyage à Paris en 1980 : « Ce mystère de l’amour du Christ, nous ne sommes pas appelés à le méditer et à le contempler seulement ; nous sommes appelés à y prendre part. C’est le mystère de la sainte Eucharistie, centre de notre foi, centre du culte que nous rendons à l’amour miséricordieux du Christ manifesté dans son Sacré-Cœur, mystère qui est adoré ici nuit et jour, dans cette basilique, qui devient par-là même un de ces centres d’où l’amour et la grâce du Seigneur rayonnent mystérieusement mais réellement sur votre cité, sur votre pays et sur le monde racheté. […]
Dans la sainte Eucharistie – c’est aussi le sens de l’adoration perpétuelle – nous entrons dans ce mouvement de l’amour d’où découlent tout progrès intérieur et toute efficacité apostolique : « Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12,32). »
Ainsi, dans son allocution au soir du 1er juin 1980, après avoir longuement adoré le Saint-Sacrement, le Saint-Père liait les trois titres de la basilique : basilique du Sacré-Cœur, sanctuaire de l’adoration eucharistique et de la miséricorde divine. Disant que c’est le même mystère de l’amour de Dieu livré jusqu’au bout en Jésus Christ : le cœur transpercé au-delà même de la mort, l’eucharistie instituée par le Christ qui rend présent l’unique sacrifice de la Croix et la miséricorde divine qui en Jésus nous révèle le visage du Père.
Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans le magazine.
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