LE SECRET DU ROI BAUDOUIN - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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LE SECRET DU ROI BAUDOUIN

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La Belgique est actuellement à l’honneur. A l’occasion de la Fête nationale du 21 juillet, le Roi Albert II a abdiqué et son fils ainé est devenu le nouveau Roi Philippe. Cet évènement majeur ne doit pas faire oublier qu’il y a tout juste vingt ans, le 31 juillet 1993, mourrait subitement à Motril en Espagne le Roi Baudouin dont le long règne, de 1951 à 1993, aura non seulement éclairé la Belgique mais également illuminé le monde.

C’est pourtant un Roi triste qui prêtait serment le 17 juillet 1951 suite à l’abdication de son père le Roi Léopold III dans un climat de crise encore plus lourd qu’aujourd’hui. Pourtant, tout était déjà dit, dans son serment, de ce que sera son règne : « J’aurai le souci de soutenir les initiatives qui tendront au progrès social, au perfectionnement des recherches scientifiques, à l’accroissement de notre puissance économique et à l’épanouissement des valeurs intellectuelles et artistiques… Puisse Dieu m’aider à assurer le bonheur de la Patrie ». Il est vrai que les Trente Glorieuses ont également fait sentir leurs effets sur la Belgique qui a connu, sous le règne de Baudouin, un formidable développement économique et social. De même, il aura su contenir la lancinante et destructrice querelle linguistique entre Flamands et Wallons, permettant même à son pays de devenir officiellement, quelques jours avant sa mort, en 1993, un Etat fédéral.

Mais c’est bien sûr son engagement moral et éthique, fondé sur une foi catholique profonde et partagé avec son épouse la reine Fabiola, qui reste la marque du Roi Baudouin. Le 4 avril 1990, refusant de sanctionner la loi qui dépénalise l’avortement en Belgique, le Roi Baudouin, usant d’une possibilité offerte par la Constitution, se retire pour quelques heures de ses fonctions, afin de rester en cohérence avec lui-même. « J’ai simplement fait ce que je devais faire… Me connaissant, je n’aurais jamais cru que j’aurais pu avoir une telle audace. Je n’ai pu le faire que par la force de l’Esprit-Saint » déclarera-t-il plus tard (propos rapportés par le R.P. Daniel Ange dans la revue « Feu et Lumière »). Comme l’a écrit son biographe Stéphane de Lobkowicz (Baudouin, Editions J.-M. Collet, Braine-l’Alleud 1994), « on peut dire, sans trop craindre de se tromper, que même si la population était dans sa majorité favorable à la dépénalisation de l’avortement, elle a admiré le courage du Roi qui est sorti grandi de cette épreuve ».

On comprend mieux, dès lors, l’incrédulité puis la peine immense qui submergea le peuple belge et au-delà à l’annonce de la mort du souverain. La messe de ses funérailles, le 7 août 1993, fut à l’image de sa vie, celle de l’Espérance, signifiée aussi par la robe blanche revêtue contre toute attente par la Reine Fabiola. Dans son homélie, le Cardinal Danneels, faisant écho au Livre des Rois, lu auparavant par celui qui était encore la Prince Philippe, déclara : « Il y a des Rois qui sont plus que des Rois : des bergers de leur peuple. Ils ne font pas que régner, ils aiment jusqu’à donner leur propre vie. (…) Nous avons perdu un Roi, Dieu nous a donné à sa place un intercesseur et un protecteur », ajoutant un instant plus tard, de manière quelque peu mystérieuse, « Un jour viendra où toute la dimension du secret du Roi sera révélée au monde ».

Une révélation que seule une ouverture de la cause de béatification du Roi Baudouin permettrait enfin de connaître.

Fabrice de CHANCEUIL / © Acip 28/07/2013