La question centrale de toutes les institutions que l’histoire des hommes a vu naître, grandir et mourir sur notre terre, est la loi de succession. Comment, contre le temps qui détruit tout, assurer une pérennité, et comment, mieux encore, faire du temps non plus un adversaire impitoyable, mais un allié secourable ?
Athènes qui a tout inventé, dans ce domaine comme dans les autres, est morte de sa dernière invention : la démocratie. Rome dura plus longtemps. La République succède aux rois et l’Empire à la République. Mais le dernier empereur, Romulus Augustule, (« le petit Auguste »), par son seul nom, dit la dérision qu’était devenue l’ombre de son pouvoir.
Mystère de la pérennité
« L’auguste empire romain » (saint Augustin) aura quand même, tous régimes confondus, duré 1 200 ans, et mille ans après, son souvenir hante encore les Européens. Mais il est mort, et toutes les tentatives de reconstruction ont lamentablement échoué. En France pourtant, les Capétiens ont donné un exemple de longévité politique digne de Rome, mais depuis un siècle et demi, leur succession est écartée du pouvoir.
D’où vient que notre Église fondée en Jésus-Christ, la barque de Pierre toujours secouée sur l’océan des âges, soit toujours là, et malgré la dépression française et européenne, toujours apôtre de cet Évangile qu’elle doit porter jusqu’aux extrémités de la terre ? La constitution de l’Église est certainement le secret de cette longévité. Elle est le trésor qu’elle a toujours défendu contre les empiétements des concupiscences temporelles, qu’elles viennent des empires, des royaumes ou des républiques. Cette constitution, c’est la succession apostolique.
Des douze apôtres et de leur Prince, Pierre, institué par Notre Seigneur lui-même, la succession, de pape en pape et d’évêque en évêque, a traversé toutes les époques, tous les régimes, les temps de paix comme les temps de révolution. On y compte des saints, qui sont autant de pécheurs. Ainsi Pierre, le premier, renie son maître devant les soupçons d’une domestique, et peut-être la seule unanimité du collège épiscopal s’est-elle réalisée dans la fuite éperdue des apôtres au jardin des Oliviers. Et que dire de la suite ?
« Soient, à la course, […] gnostiques et manichéens du tout début ; montanistes novatiens du second siècle, accompagnés des quarto-décimans, débaptisants, millénaires, antitrinitaires. Puis donatistes et méléciens, précurseurs de l’arianisme. Lequel eut plusieurs phases ou retours. Pélage et Célestin. Nestorius et Eutychès. À la cadence de trois ou quatre hérésies par siècle », rappelait Jean Ousset. Toutes, ou presque, suscitées ou portées par des évêques.
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