Le secret d'amour et de souffrance de Léonie Martin - France Catholique
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Année sainte 2025 : la porte de l'espérance
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Le secret d’amour et de souffrance de Léonie Martin

En apparence, la vie de Léonie Martin semble d’une grande banalité. Mais sa vie spirituelle est d’une immense richesse. Rencontre avec Madeleine de Gourcuff, historienne, qui vient de publier une biographie de Léonie Martin.
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Léonie et trois de ses sœurs : Pauline, Céline et Marie.

Léonie et trois de ses sœurs : Pauline, Céline et Marie.

© Archives du Carmel de Lisieux / Monastère de la Visitation de Caen

« La pauvre enfant est couverte de défauts comme d’un manteau » , disait d’elle sa mère, Zélie. Quel a été le principal combat de la vie de Léonie ?

Madeleine de Gourcuff : C’est un combat invisible à nos yeux. Au-delà de ses fragilités physiques (notamment son eczéma chronique) et de sa mélancolie récurrente, son hypersensibilité l’a fait beaucoup souffrir. Elle lui fait vivre en permanence des « tsunamis » intérieurs. Ce bouillonnement est tellement violent qu’elle n’a pas les mots pour le verbaliser, ce qui est une torture pour elle. « Dans cet exil, on ne peut que balbutier, écrit-elle. C’est pour cela que je souffre autant… » Elle doit fournir des efforts surhumains et cachés aux yeux du monde pour absorber ses tempêtes intérieures.

Avec de telles difficultés, quel est le secret de sa vie spirituelle ?

C’est son désir d’aimer Dieu, qui est premier chez Léonie. C’est une grande amoureuse de Jésus. Elle est passionnée par lui, par sa gloire. Sa vie est un dialogue amoureux, malgré toutes ses difficultés. Un amour qui la porte à aimer entièrement la volonté de Dieu, même dans la déréliction. « C’est ce qu’il fait que j’aime », écrit-elle à la fin de sa vie, à la suite de Thérèse. Elle porte toutes ses souffrances le plus souvent en secret, par amour de Jésus. « Notre vertueuse Sœur […] a sans doute beaucoup donné au bon Dieu. Elle l’avoue simplement, ajoutant qu’il est bien doux d’avoir un secret d’amour et de souffrance pour son Jésus seul ! », écrit sa dernière Mère religieuse, en 1941. Ces secrets sont fidèlement gardés, car notre généreuse Sœur endure beaucoup sans se plaindre, cherchant plutôt à tromper notre compassion en chantant un gai refrain pour plaisanter sur sa démarche trop traînante. » Dans l’épreuve, Léonie continue d’aimer Dieu. C’est un amour très fort, très mûr.

Quelles ont été ses armes spirituelles ?

La plus grande, c’est sa profonde humilité. Elle se sait si imparfaite en comparaison de sa sœur Thérèse et pourtant, « noblesse oblige», elle comprend qu’elle ne peut l’imiter que par sa propre petitesse. Elle a souvent été humiliée, mais elle accepte humblement et par amour que les autres la voient tomber… « Les petits tombent souvent mais ils ne se font pas grand mal car ils sont trop petits pour cela. » Elle s’est donc heurtée toute sa vie de plein fouet à sa petitesse, en particulier dans ces différents échecs de vie religieuse. « Les grandes âmes, celles qui ont la trempe d’offrir de grandes choses au Seigneur, font envie à la petite poule mouillée que je suis. C’est très bon de rester dans mon petit néant et de me contenter d’être un petit centime jeté dans la bourse commune. »

Léonie vit aussi la charité de manière exceptionnelle. Elle qui souffre tant s’occupe beaucoup des autres sœurs malades. Par ailleurs, son hypersensibilité lui donne une grande délicatesse, qui la rend attentive à chacune et la pousse à consoler celles qui sont dans la peine. Elle est également toujours prête à rendre service, avec son cœur très large et généreux. Léonie se décentre en permanence d’elle-même. Elle est surnommée la « sœur compatissante » à la Visitation et sa famille l’appelait la « bonne Léonie ».

Retrouvez l’entretien complet dans le magazine.