Le second Synode sur l'Afrique - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Le second Synode sur l’Afrique

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L’Afrique apparaît aujourd’hui comme le plus déshérité de nos continents. L’expansion démographique qui se poursuit ne correspond pas à une croissance économique suffisante. Des guerres civiles endémiques ravagent périodiquement de vastes zones de son territoire. La pandémie du sida touche toutes les populations de façon cruelle. À vue humaine, les pronostics ne sont guère optimistes, tant il semble que les Africains sont des parents pauvres de la mondialisation. On peut se demander si de nouvelles offensives prédatrices ne menacent pas l’indépendance économique et politique des Africains. Et pourtant ! À certains égards, l’Afrique apparaît comme le plus jeune des continents et sa confiance en la vie pourrait bien lui permettre d’envisager un avenir moins défavorable, pourvu qu’il échappe aux « déchets toxiques spirituels » qui menacent sa santé morale.

C’est Benoît XVI qui emploie cette expression, en ouvrant le second Synode africain. Le Pape est persuadé que l’Afrique constitue pour le monde actuel un immense poumon spirituel. Cette autre image est singulièrement évocatrice et elle exprime toute la confiance du Pape envers le continent. Un continent qui est une chance pour le monde, dans la mesure où il est justement étranger au toxique nihilisme contemporain et qu’il a une confiance solidement enracinée dans la famille, la transmission de la vie. La culture de mort lui est foncièrement étrangère, et si elle s’insinue, c’est le fait d’agents extérieurs qui constituent autant de virus pour déstabiliser sa confiance tranquille. Si un second synode a été convoqué à Rome, c’est pour que l’Afrique soit profondément pénétrée de la grâce d’En Haut, celle qui lui permettra de devenir « une bénédiction pour l’Église universelle ».

Les difficultés ne sont pas seulement extra-ecclésiales. Les communautés chrétiennes sont parfois affectées par des travers qui leur sont spécifiques. Autant s’affirme le rayonnement du christianisme africain, autant il est menacé par l’offensive des sectes. Autant les vocations ne manquent pas, avec des séminaires pleins et un afflux de candidats dans les noviciats, autant le clergé local risque de s’installer en position dominante et, en certaines régions, de transgresser les promesses du célibat consacré. On signale aussi les dérives dans la gestion économique de certains organismes. Le Synode veillera à apporter des réponses concrètes à ces divers défis, comme il se montrera attentif au mot d’ordre général clairement énoncé par Benoît XVI. L’Église d’Afrique se doit d’être « prophétie et ferment de réconciliation entre différents groupes ethniques, linguistiques et aussi religieux, à l’intérieur de chaque nation et sur tout le continent ».

Le premier Synode pour l’Afrique avait eu lieu à Rome en 1994. On sait que l’épouvantable génocide rwandais s’est produit peu de temps après et qu’il a profondément meurtri les Africains et l’Église elle-même. Aussi cette dernière se doit-elle d’assumer sa mission de réconciliation et d’unité, celle qu’elle a souvent pratiquée avec bonheur pour rétablir la concorde dans des pays déchirés. C’est un engagement entier pour cette cause qui détermine ce second Synode africain.