Qu’un livre intitulé Les fossoyeurs sous la plume d’un journaliste, Victor Castanet, mette en cause le système des Ehpad, ne fait qu’ajouter à un procès public que la crise du Covid avait largement amorcé. L’entreprise Orpea, qui gère 372 établissements en France et emploie 26 000 salariés, se trouve dans la tourmente, obligé de s’expliquer devant Brigitte Bourguignon, la ministre compétente. La pratique des maltraitances est-elle vraiment généralisée dans ce système ? Orpea devra entreprendre de faire la lumière sur une accusation aussi grave.
Depuis deux ans, la question était déjà posée avec les restrictions imposées aux visites de la part des familles aux pensionnaires. Priver ces derniers de relations affectives, c’est risquer de les plonger dans la dépression et même le désespoir. Il se trouve que le récent roman de Michel Houellebecq, anéantir, touchait directement ce sujet avec une famille qui décide de soustraire son aîné d’une structure dont les changements de direction et de gestion a bouleversé l’équilibre. Décision est prise d’un véritable kidnapping, qui ajoute bien sûr du sel à l’intrigue romanesque et met en valeur le drame d’une personne que l’on refuse d’abandonner.
La meilleure solution, c’est le retour à la maison dès lors que celle-ci dispose des meilleures conditions d’accueil et de soin, avec l’assurance d’un amour vigilant. Hélas, la solution houellebecquienne ne peut agréer qu’un milieu privilégié, la plupart des familles ne pouvant se permettre un tel luxe. Dès lors, il faut bien en revenir aux institutions spécialisées, celles que l’on a affublé de cet horrible terme d’EHPAD. Du scandale actuel la lumière va-telle jaillir ? Ce qui est sûr, c ‘est que l’affaire est désormais largement médiatisée et que dans une société qui vieillit, l’enjeu est considérable. Les candidats à la présidentielle seront contraints de l’intégrer à leur programme.