Le salut que le Christ devait apporter - France Catholique
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Pâques. La foi des convertis
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Le salut que le Christ devait apporter

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La prière du matin, en ce jour de la fête de l’Immaculée Conception, dit ceci : «  Vous (Seigneur) lui avez permis de partager d’avance le salut que le Christ devait apporter par sa mort. »

Et dans le sermon du bréviaire de Saint Anselme, nous lisons ensuite : « Car Dieu a engendré le Fils, par qui tout a été fait, et Marie Lui a donné naissance, à Lui, le Sauveur du monde. »

Que disent ces deux brefs passages ? Nous voyons qu’il faut être intelligent pour être catholique. Il ne suffit pas «  d’aimer » ou d’être «  miséricordieux », si on ne reconnait pas ce que cela veut dire, ou ne veut pas dire. Les sentiments et les émotions, c’est bien, mais sans ordre, ils nous mènent à n’importe quoi. Nous ne sommes pas libres si nous sommes seulement stupides ou naïfs. Nous ne sommes pas libres si nous nous mentons à nous-mêmes à propos de ce qui est. Un des objectifs de la révélation est que nous vénérions Dieu comme il nous l’a indiqué. Et son chemin n’est pas n’importe quel chemin.

Dans une courte phrase, nous apprenons que la conception même de Marie était liée à ce qui arriverait en elle plus tard avec la conception et la naissance du Christ. Comment Marie, une mortelle, pouvait-elle partager l’œuvre du Christ qui devait suivre ? Elle a rendu possible le projet particulier de rédemption voulu par Dieu. Cela comprenait la mort du Fils de Marie. Son « Qu’il me soit fait selon ta parole » signifiait que le Fils de Dieu apparaîtrait comme le Fils de Marie, personne d’autre.

Son acceptation n’aurait pas été libre, si elle n’avait pas eu la possibilité de refuser l’annonce de Gabriel. Elle l’a acceptée. Elle a été libre d’accepter quelque chose qu’elle a dû souvent « garder dans son cœur ». Parmi ces « choses », Sa mort que Siméon lui avait annoncée au Temple n’était pas la moindre.

Saint Anselme nous dit que « Dieu a conçu le Fils ». Il n’est pas ici question de Marie. Nous sommes dans la vie trinitaire de Dieu. Comment le Fils est-il identifié au sein de la Divinité ? «  Lui par qui tout a été fait. » Ce « tout » inclut Marie. Ce Fils est la Parole. Tout ce qui existe reflète cette Parole. L’origine de l’intelligibilité de toutes les choses qui existent, se trouve finalement, non pas en elles, mais dans cette Parole, le Fils.

Dieu n’était pas « obligé » de créer le monde. S’il l’avait été, il n’aurait pas été un Dieu tout puissant. Le monde n’a pas besoin d’exister. Ce serait resté une possibilité, dans l’abondance de la Divinité. Anselme nous dit ensuite que Marie «  Lui » a donné naissance, c’est-à-dire au Fils de Dieu, Sa Parole, mais sous une nouvelle forme.

Il est maintenant le Fils de Marie. Le Christ a une nature humaine, mais il demeure Dieu dans sa personne. Ce n’est pas Marie qui fait que Dieu est Dieu. Elle laisse «  les choses se faire » en elle selon la volonté de Dieu. Dans Sa capacité d’être la Parole faite chair à travers Marie, Il est le « Sauveur du monde ». Ce monde même qui est créé dans la Parole.

Certains se demandent si le Christ se serait fait homme s’il n’y avait pas eu la Chute. Mais là, les choses semblent vraiment réalistes. Il est arrivé quelque chose qui a déterminé l’initiative de Dieu en ce qui concerne notre espèce. Les hommes avaient besoin d’être « sauvés ». Il était évident qu’ils ne pouvaient pas s’en sortir tous seuls, et pourtant, Dieu sait combien l’ont souvent essayé.
En cherchant un « meilleur » moyen que celui que Dieu leur proposait par l’intermédiaire de Marie, les hommes aboutissaient à la Croix. « Quel drôle de plan » disons-nous. Est-ce que Dieu n’aurait pas pu inventer un meilleur moyen ? Il l’aurait pu, mais ce n’aurait pas été précisément un plan qui aurait inclus chacun de nous, né en son temps de cette souche humaine dans laquelle Marie est née.

La prière nous dit que notre salut implique la mort du Christ. Anselme dit que Marie Lui donne naissance « comme Sauveur du monde ». Le verbe fait chair a un projet spécifique : Il est né à la « plénitude des temps ». Il y aurait du temps, après Sa mort, pour que tous les hommes connaissent le sens de cet évènement, à condition qu’ils veuillent bien écouter.

Mais le voudraient-ils ? S’ils ne le voulaient pas, était-ce la faute de Dieu qui avait choisi une solution aussi bizarre pour nous sauver ? Nombreux sont ceux qui voudraient le penser. C’est un moyen commode d’éviter ce qui est en jeu. En fait, si Dieu a choisi cette solution là, ce n’est pas par accident. Si les nations « choisissent » de ne pas recevoir de « leçons », est-ce dû au fait que Dieu se trompe sur l’intelligence de l’homme ? Je ne crois pas
La Conception immaculée de Marie était destinée à rendre possible pour le Verbe de se faire chair parmi les hommes. Dieu doit nous sauver, c’est certain, mais selon Son propre dessein. Ce dessein impliquait que quelqu’un, du côté des humains, dise : « Qu’il me soit fait selon ta parole ». Ce quelqu’un était Marie, mère du Verbe « par qui tout a été fait ».

Le 8 décembre 2015

Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/12/08/the-salvation-christ-would-bring/

Illustration : « Sainte Anne et la Conception de Marie » par Jean Bellegambe, c. 1,520 [Musée de la Chartreuse de Douai]