Le grand cierge de cire blanche est orné de l’écusson de la ville de Marseille. Ce 16 juin 2023, en la fête du Sacré-Cœur, le président de la chambre de commerce et d’industrie, Jean-Luc Chauvin, l’offre durant la messe au cardinal Jean-Marc Aveline, devant un parterre de personnalités – préfet, élus et attachés militaires – rassemblées en la basilique du Sacré-Cœur. Chaque année, ce geste perpétue le Vœu des échevins – les magistrats municipaux de l’Ancien Régime – qui, en 1722, répondirent à l’invitation de l’évêque de Marseille, Mgr Henri François-Xavier de Belsunce, qui les pressait de « faire eux-mêmes incessamment et sans cérémonie un vœu stable au divin Cœur de notre Sauveur ».
Deux ans plus tôt, une épidémie de peste, amenée par le vaisseau Le Grand Saint-Antoine en provenance du Levant, s’était répandue à travers la ville. 38 000 victimes sur 75 000 habitants ! L’évêque est bien seul pour faire face à la tragédie. Douze prêtres seulement restent au service de leurs ouailles, les autres sont morts ou ont quitté la ville.
Une visitandine méconnue
Une figure marseillaise, aujourd’hui tombée dans l’oubli, joue alors un rôle considérable : Anne-Madeleine Rémusat. Née en 1696, elle choisit dès son plus jeune âge de donner son cœur à Jésus et entre à 15 ans au couvent de la Visitation. Elle est très vite surnommée « l’apôtre du Sacré-Cœur » car elle suit le chemin de Marguerite-Marie Alacoque, visitandine comme elle, qui, à Paray-le-Monial, à partir de 1673, reçut du Christ l’invitation à instaurer un culte à son Divin Cœur. Anne-Madeleine Rémusat est fréquemment gratifiée de visions au cours desquelles le Christ lui révèle sa miséricorde. Elle est aussi connue alors pour un don qu’elle a reçu, qui lui permet de lire à livre ouvert dans les consciences : les Marseillais se pressent alors au parloir du couvent pour recueillir ses conseils. Elle va épauler Mgr de Belsunce, arrivé à Marseille en 1709, lorsqu’il découvre le triste état de son diocèse, partagé entre incroyants affairistes et jansénistes. Il ne reste en effet pas grand-chose du catholicisme dans la ville, tout enivrée de la réussite des armateurs et des marchands du port. Comment rechristianiser la cité ? Pour Anne-Madeleine Rémusat, la réponse ne peut être que spirituelle.
À seulement 17 ans, elle convainc Mgr de Belsunce de fonder, le 17 octobre 1713, l’archiconfrérie de l’adoration perpétuelle du Sacré-Cœur. Cinq ans plus tard, la cité phocéenne est gratifiée d’un miracle eucharistique. En l’église des Cordeliers, pendant l’office des Quarante Heures, des dizaines de paroissiens prosternés devant le Saint-Sacrement voient le visage du Christ apparaître dans l’hostie. Mgr de Belsunce racontera : « Son visage était si éblouissant de majesté, son regard à la fois si tendre et si sévère que personne ne pouvait en soutenir la vue. Les fidèles assemblés dans l’Église demeurèrent terrifiés. » Au même moment, au sein du couvent de la Visitation, le Christ déclare à Anne-Madeleine qu’un « grand fléau s’abattra sur Marseille si les gens ne se corrigent pas ».
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