Crise sanitaire, fragmentation sociale, tensions internationales, enjeux environnementaux, hubris technologique… Les sujets fondamentaux ne manquent pas à l’approche de l’élection présidentielle. Et pourtant, il se trouve encore des voix pour affirmer que la grande réforme à mener serait de « créer les conditions pour l’assistance médicale active à la fin de vie ». C’est en effet ce qu’affirme Christiane Taubira dans un échange avec les lecteurs du Parisien (13/02). Celle à qui l’on doit l’introduction du mariage homosexuel dans le Code civil déplore dans cet entretien l’existence de « situations où il peut être insupportable de vivre sans que, médicalement, la fin soit proche ».
Les dérives de ce projet, qui vise en fait à établir un droit au suicide assisté, sautent aux yeux : il s’agirait ni plus ni moins que de permettre à des personnes atteintes de dépression, de handicap ou de maladies chroniques, de mettre fin à leurs jours avec le blanc-seing du droit. Une fois de plus, on n’est pas loin de Soleil Vert, la terrifiante dystopie de Harry Harrisson (1966), portée à l’écran sept ans plus tard par Richard Fleischer, dans laquelle la mise à mort cynique des vieillards, déprimés et improductifs, s’effectue au nom d’une certaine miséricorde.
Époque paradoxale que la nôtre, qui voit les Français légitimement scandalisés par le traitement infligé aux vieillards dans les Ehpad. Ainsi, Les Fossoyeurs, l’enquête du journaliste Victor Castanet sur le groupe Orpea, devrait prochainement atteindre le chiffre faramineux de 125 000 exemplaires vendus. Pourtant, nos concitoyens semblent s’accommoder d’un discours public plutôt ouvert, sinon favorable, à l’euthanasie et au suicide assisté, sondages biaisés à l’appui…
Il est ainsi tout à fait plausible qu’Emmanuel Macron, poussé par un entourage acquis à la cause, en fasse un thème de sa campagne, comme l’indiquait Gauthier Vaillant dans La Croix (03/12) après l’inauguration de la « maison commune ». Au-delà des frontières de l’Hexagone, ce projet sociétal infuse partout dans le monde, comme en Autriche, où il a été légalisé le 1er janvier, et en Suède, avec le suicide de l’écrivain Björn Natthiko Lindeblad, ultra-médiatisé par l’intéressé lui-même – comme Anne-Françoise Hivert en a fait le récit dans Le Monde (03/02). Ou encore en Belgique, où l’ex-présentateur mythique du journal télévisé, Jacques Bredael s’en est fait le très populaire avocat, « même si on est en relative bonne santé », comme il l’affirme dans l’interview qu’il a donnée au quotidien La Dernière Heure (sic ! le 12/02). L’homme, bien sûr, « croque la vie comme on mord une pomme », se croit obligé de préciser l’auteur de l’interview, pour donner une touche « sympa » à sa démarche.
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