Il n’y a pas un, mais des populismes, expliquez-vous. Quels en sont les traits communs ?
Alexandre Devecchio : Le phénomène est profondément lié à la paupérisation des classes moyennes occidentales, au sentiment de déclassement économique, culturel et social qu’elles éprouvent et à la dépossession démocratique dont elles sont victimes. Les situations sont ensuite différentes en fonction des aires culturelles : difficile de considérer que le populisme trumpien est identique à la démocratie illibérale de Viktor Orban ou d’amalgamer les Gilets jaunes français et les « Brexiters » britanniques… Sans parler du Brésil, dont le régime est rapidement qualifié de populiste, mais où Jair Bolsonaro semble plutôt incarner un retour autoritaire à l’ordre libéral.
La « sécession des élites », théorisée par le sociologue américain Christopher Lasch (1932-1994), est-elle l’origine ultime de ces mouvements ?
La sécession des élites, qui s’apparente à une forme d’entre-soi économique et culturel, a créé un profond déséquilibre au détriment des classes moyennes qui formaient le socle de la société en termes de valeurs, du point de vue économique et en raison de leur poids démographique. Les populismes sont une révolte contre ce phénomène. Les classes moyennes veulent affirmer qu’elles existent toujours. Et les populismes sont les vecteurs par lesquels elles tentent de revenir dans le jeu politique.
Parallèlement à la révolte et à la manifestation, on assiste aussi à l’émergence d’une idéologie populiste plus structurée…
Viktor Orban, en Hongrie, est celui qui a mené le travail doctrinal le plus substantiel. On lui reproche souvent le concept de démocratie illibérale, sans chercher à comprendre ce qu’il recouvre. Même aux États-Unis, dans les cercles proches de la Maison-Blanche, des think tanks s’organisent pour donner une cohérence idéologique au trumpisme, beaucoup moins libéral et interventionniste que le néo-conservatisme traditionnel.
Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans le magazine.
— Alexandre Devecchio, Recomposition, Éditions du Cerf, 304 p., 19 €.
— Alexandre Devecchio, Recomposition, Éditions du Cerf, 304 p., 19 €.
Pour aller plus loin :
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