Le reflux de la vérité - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Le reflux de la vérité

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Saint Jean-Paul II a mis en garde contre la tendance à réduire la « conscience » au niveau des sentiments passionnément détenus. La conscience, bien comprise, tire son guide d’un ensemble de vérités morales objectives. Détachées de cette compréhension, a-t-il prévenu, « les incontournables affirmations de la vérité disparaissent, et cèdent la place à un critère de sincérité, d’authenticité et qui consiste à « être en paix avec soi-même », à tel point que certains en sont venus à adopter une conception radicalement subjectiviste du jugement ».

Bien avant que Benoît XVI ne parlât de « dictature du relativisme », nous étions déjà conscients du « relativisme dogmatique ». Les étudiants qui disent allègrement qu’« il n’y a pas de vérité » n’ont pas le moindre doute sur la vérité de leur propre révélation. Mais l’incohérence n’a jamais posé d’obstacles au surgissement rapide de ces condamnations, et nous le constatons dans nos crises actuelles, qui prennent une forme encore plus dramatique. Les personnes qui insistent sur le fait que leur définition sexuelle, en tant qu’homme ou femme, dépend le plus décisivement de leurs propres sentiments envers elles-mêmes, se sont néanmoins tournées avec un mépris déchaîné contre ceux qui n’acceptent pas la vérité de leur affirmation.

Mme J.K. Rowling s’est fait aimer dans le monde en étant l’auteur des histoires de Harry Potter, mais elle s’est soudainement retrouvée la cible d’une cabale orchestrée parce qu’elle a osé exprimer des réserves sur le transgenre. Elle a commenté de façon archaïque un document qui fait référence aux « personnes qui ont leurs règles ». Elle a remarqué que nous avions un terme familier pour elles (in petto : des femmes). Elle a également écrit pour soutenir une femme, Maya Forstater, qui avait perdu son emploi à cause de ce qu’on a appelé des « tweets transphobes ».

Mais le tribunal saisi de son affaire a refusé de reconnaître qu’elle avait été licenciée à tort pour ce que Rowling a décrit comme « une croyance philosophique selon laquelle le sexe est déterminé par la biologie ». Tout d’abord, bien sûr, l’objection morale de Mme Forstater a été réduite à une maladie mentale, une « phobie ». Mais alors elle-même, ou le tribunal, a réduit sa prétention à une simple « croyance ». Le différend s’est détaché encore plus de cette vérité ancrée et objective qui aurait dû fournir le fondement du jugement.

Ryan Anderson, s’appuyant sur toute la gamme des textes de biologie, a condensé la vérité de la question de cette manière :

Le sexe, masculin ou féminin, est identifié par l’organisation de l’organisme pour les actes de reproduction sexuelle… La distinction conceptuelle fondamentale entre un homme et une femme est l’organisation de l’organisme pour la reproduction sexuée.

Ces différences anatomiques évidentes marquent le telos, la raison, pour laquelle il y a des hommes et des femmes : assurer la perpétuation et la croissance de notre espèce. La dure nouvelle, alors, pour certaines personnes, c’est que les hommes qui deviennent des femmes ne feront toujours pas partie de ces « personnes qui ont leurs règles ». La nouvelle est encore plus difficile à supporter car les juges conservateurs qui traitent de ces affaires semblent très réticents à aller au-delà des mécanismes de procédure et à faire appel à la vérité objective de l’affaire. Mais une jurisprudence qui ne peut pas s’appuyer là-dessus est condamnée à être une jurisprudence moralement incohérente.

Juliana Pilon nous rappelle dans The Utopian Conceit, que les régimes totalitaires reposaient sur des mensonges et qu’ils devaient chaque jour enjoindre leur population d’affirmer à nouveau ces mensonges. Et maintenant, même sans incitation de notre propre gouvernement, nous sommes incités par une foule croissante – et par certaines de nos principales sociétés – à rejoindre l’affirmation des mensonges de Black Lives Matter.

L’ancien gouverneur du Maryland, Martin O’Malley, a eu la témérité de répondre que « toutes les vies sont importantes », et il a rapidement été mis au pied du mur. Il a été contraint de s’excuser, ainsi que les athlètes professionnels qui ont exprimé leurs propres réserves.

« Les vies des Noirs comptent » (Black Lives Matter) est incontestablement un principe juste, mais ce qui est aussi incontestablement clair, c’est que le principe est très profondément méprisé par les gens qui ont réduit ce principe à un slogan. Comme nous le savons maintenant, le nombre de Noirs non armés tués par la police lors de fusillades – neuf en 2019 – n’est que le dixième du pourcentage des Afro-Américains victimes d’homicides en 2019, principalement par les mains de jeunes hommes noirs.

Et ces décès par les mains des Noirs sont éclipsées par le nombre d’avortements noirs qui dépassent parfois celui des naissances vivantes à New York et à Chicago. À New York, entre 2012 et 2016, les mères noires ont « interrompu » 136 426 grossesses et donné naissance à 118 127 bébés. Mais ce ne sont pas ces vies Noires qui comptent dans le calcul moral de Black Lives Matter.

Telle est l’incohérence, le mensonge, que certains de nos collèges et églises les plus prestigieux sont prêts à diffuser dans le monde comme le leur propre pendant qu’ils hissent la bannière de Black Lives Matters sur leurs bâtiments et sites Web. Amazon affirme maintenant BLM, et Starbucks est prêt à mettre le slogan sur les tee-shirts portés par ses employés. Ils sont prêts à estampiller maintenant ces phrases comme l’une de leurs nouvelles orthodoxies, leurs propres demi-vérités au pouvoir.

De toute ma propre vie, qui approche les quatre-vingts ans, je ne pense pas avoir jamais vu quelque chose de semblable dans notre pays. Il est tentant de dire que nous assistons à une « guerre contre la vérité », mais la métaphore est exagérée. Il serait plus exact de dire que, pour une terriblement grande partie de notre population, il y a eu un simple reflux de cette conviction ancienne que la vérité compte.

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[(À propos de l’auteur

Hadley Arkes est professeur émérite de jurisprudence Ney à Amherst College et fondateur / directeur du James Wilson Institute on Natural Rights et du American Founding. Son livre le plus récent est Constitutional Illusions & Anchoring Truths: The Touchstone of the Natural Law (« Illusions constitutionnelles et vérités d’ancrage: la pierre de touche de la loi naturelle »). Le volume II de ses conférences audio de The Modern Scholar, First Principles and Natural Law (« Le savant moderne, les premiers principes et le droit naturel ») est maintenant disponible en téléchargement.)]